Il est difficile de penser à un joueur dont on parle moins, depuis le début du présent camp d’entraînement, que Jake Evans.

La possible, voire probable, utilisation d’Alex Newhook au centre du troisième trio confine presque hors de tout doute Evans au centre de la quatrième unité. Au grand jeu des « chaises », incontestable mot-bourdonnement de ce camp, il est l’un de ceux dont le sort est le plus clairement établi.

Sur le plan offensif, sa dernière saison n’a pas eu grand-chose de satisfaisant. Ses 19 points, dont seulement 2 buts, ont marqué une régression par rapport aux deux années précédentes. Victime d’une blessure au genou qui lui a coûté neuf semaines d’activités, il n’a joué que 54 matchs.

Qu’à cela ne tienne, il a disputé sa large part de « minutes difficiles », pour reprendre les mots de Brendan Gallagher. Même s’il a raté le tiers des matchs, Evans a été l’attaquant le plus sollicité de l’équipe en désavantage numérique – 151 minutes et demie au total. Un peu plus de la moitié (51,1 %) des mises en jeu où il était en poste, toutes situations confondues, ont eu lieu en zone défensive. Il en a remporté la très honorable proportion de 52,7 %, surpassé seulement par Christian Dvorak à ce chapitre.

En fait, à eux deux, Evans et Dvorak ont été d’office pour 44,2 % des mises en jeu en territoire défensif de l’équipe. En l’absence de Dvorak, qui ne jouera pas avant le mois de novembre, et sachant qu’Alex Newhook est tout sauf un spécialiste en la matière (38,6 % de succès en carrière dans la LNH), tout porte à croire qu’Evans trouvera encore son utilité chez le Canadien. D’autant que l’équipe souhaite réduire la tâche de Nick Suzuki en désavantage numérique.

Jeudi, après l’entraînement, Gallagher a énuméré ce que, selon lui, Evans apporte à son équipe : « Il dispute beaucoup de minutes difficiles, il n’a pas peur d’utiliser son corps, il peut affronter les meilleurs joueurs adverses, il prend les mises au jeu importantes, il écoule les punitions… C’est un gars à qui tu peux faire confiance dans les situations difficiles. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Nick Suzuki, Brendan Gallagher et Jake Evans à l’entraînement

Le fait que les deux se retrouvaient sur le même trio à l’entraînement mettait peut-être Gallagher dans de bonnes dispositions à son égard. Il a néanmoins été un spectateur avisé de l’évolution de son collègue aujourd’hui âgé de 27 ans. Le vétéran est, avec Nick Suzuki et Joel Armia, l’un des trois seuls joueurs qui ont assisté aux débuts d’Evans dans l’uniforme du Canadien, en 2019-2020, et qui sont toujours avec l’organisation.

Ceux qui sont arrivés depuis font toutefois un constat similaire à celui de Gallagher.

« C’est un gars qui nous amène de la profondeur, a dit l’entraîneur-chef Martin St-Louis. Je sais qu’il est capable d’en donner plus offensivement, il serait le premier à le dire. On veut qu’il continue à progresser comme joueur. Il joue des minutes importantes du côté défensif de la game. »

Il nous a été impossible de vérifier si Evans était le premier à le dire, car il n’était pas disponible pour des entrevues, jeudi.

Fiabilité

Le mot qui décrit sans doute le mieux Evans est « fiabilité ». « Peu importe où il joue, il est constant. Il ne prend jamais une soirée de repos », a souligné Josh Anderson. Cela, on le sait, ne se traduit pas forcément sur la feuille de pointage. Mais certains indicateurs donnent raison à Anderson.

Au total, 22 trios différents ont disputé au moins 40 minutes à cinq contre cinq chez le Canadien la saison dernière, selon le site MoneyPuck. Parmi ces combinaisons, les trois qui sont pilotées par Jake Evans se sont retrouvées parmi les huit premières sur le plan de la proportion des buts attendus. Ainsi, le trio d’Evans, Anderson et Juraj Slafkovsky a contrôlé 71,4 % des buts attendus lorsqu’ils étaient réunis, un sommet. Le duo Evans-Slafkovsky a aussi bien paru sur ce plan avec Michael Pezzetta.

Évidemment que les vrais buts sont plus significatifs. Or, au sein d’une des pires équipes défensives du circuit, ce n’est pas inintéressant pour autant.

« Jake fait bien toutes les petites choses, a témoigné Pezzetta. Quand je joue avec lui, je sais qu’il me soutiendra partout sur la glace. Chaque équipe a besoin d’un gars comme lui. »

Bien que la ligue soit de plus en plus axée sur l’attaque, les quatrièmes trios ne sont pas là pour jouer les figurants, a rappelé l’ailier.

« Quand on regarde les équipes qui ont atteint la finale, oui, leurs top 6 ou top 9 étaient incroyables, mais ils avaient aussi des quatrièmes trios capables de contribuer offensivement sans présenter de risque en défense, a poursuivi Pezzetta. C’est exactement ce que je recherche. On veut être difficiles à affronter. Si notre quatrième trio oblige l’autre équipe à passer 45 secondes dans sa zone, puis que Nick Suzuki et Cole Caufield sautent sur la glace contre une unité fatiguée, c’est une présence gagnante pour nous. »

En cette année de la croissance chez le Tricolore, les « présences gagnantes » vaudront leur pesant d’or. Alors même s’il passe sous le radar en septembre, un joueur comme Jake Evans reviendra bien assez vite au centre de l’action.

St-Louis s’est excusé à Davidson

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Jared Davidson

Jared Davidson a été le joueur le moins utilisé par Martin St-Louis, mercredi soir, dans la victoire contre les Sénateurs d’Ottawa. Ce n’est toutefois pas de gaieté de cœur que l’entraîneur a si peu utilisé l’attaquant de 21 ans, qui rejoindra le Rocket de Laval cette saison. Avant même qu’il ait pu fouler la glace, deux punitions avaient été imposées. Davidson ne s’est toutefois pas laissé abattre : dès sa première présence, son travail a mené au but de Brandon Gignac. « Je me suis excusé un peu, a raconté St-Louis, jeudi. Il y a tellement eu d’unités spéciales, ce n’était pas facile pour le jeune. » Davidson a toutefois continué d’impressionner ses patrons, lui qui connaît un camp du tonnerre. « Je dis toujours aux joueurs qu’il faut aller sur les buts [comme au baseball]. Et à chacune de ses présences, il s’est rendu au premier but. Par rapport à l’an dernier, il a connu une maudite belle progression. »