(Pointe-Claire) « Bienvenue à la maison ! » Mike Matheson est reçu comme un roi à l’école Marguerite-Bourgeoys en ce jeudi après-midi bien collant.

Des visites d’écoles, les athlètes en font beaucoup dans leur carrière. Matheson lui-même en avait fait une en avril dernier dans le même secteur. Mais celle de jeudi était particulière, parce que Matheson revenait là où il a fait son primaire, à « 15 minutes à pied » d’où il a grandi. Donc oui, c’est bel et bien la maison.

Sa réaction a été la même que celle de quiconque remet les pieds dans ce gymnase qui paraissait si grand à l’époque où on y jouait au hockey cosom. « C’est beaucoup plus petit que ce que je me rappelais ! Les couleurs sont différentes, mais le reste est pas mal pareil », a-t-il lancé, amusé.

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Le défenseur du Canadien a été accueilli dans son ancienne école par sa professure d’éducation physique, Anik Cossette.

L’école est bleu-blanc-rouge pour ce retour de l’enfant prodige. Des affiches partout, les enseignants vêtus de chandails du CH avec leur nom de famille dans le dos. Les enfants qui possèdent un gaminet du Canadien l’ont également enfilé pour l’occasion. Plusieurs 22 Caufield, 31 Price, un 6 Weber et même un 67 Pacioretty. Ne dit-on pas que le logo à l’avant importe plus que le nom à l’arrière ?

Il se trouve que ce logo, Matheson se voit le porter depuis longtemps, même s’il est débarqué à Montréal en milieu de carrière. À son arrivée à l’école, il est accueilli par Anik Cossette, professeure d’éducation physique, qui a eu Matheson comme élève de la maternelle à la 6année. La conversation porte rapidement sur un travail qu’il avait fait en 6année. L’idée : les élèves devaient se projeter en 2024, à l’occasion d’une soirée de retrouvailles, pour leurs 30 ans, devine-t-on.

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Mike Matheson s’adressait aux élèves au nom de la fondation Champions pour la vie.

Il fallait qu’on écrive ce qu’on allait faire en 2024. J’avais écrit que j’espérais être un joueur du Canadien. Donc c’est bizarre d’être ici. On est en 2023, mais proche de 2024 et je suis un joueur du Canadien !

Mike Matheson

On comprend mieux la réaction de Mme Cossette quand Matheson a mis le pied dans le hall d’entrée. « C’est quoi les chances ? Tu joues avec le Canadien de Montréal ! »

Bon athlète

Matheson s’est déplacé ici dans le cadre d’un évènement de la fondation Champions pour la vie, dont il est ambassadeur. La fondation a pour mission d’aider les enfants « à acquérir les compétences nécessaires pour être plus actifs ». Un message qu’il peut véhiculer en pleine connaissance de cause.

  • Des retrouvailles pour la prof d’éducation physique Anik Cossette et Mike Matheson (voir image suivante)

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    Des retrouvailles pour la prof d’éducation physique Anik Cossette et Mike Matheson (voir image suivante)

  • Mike Matheson, athlète de l’année en 2006, en compagnie d’Anik Cossette

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    Mike Matheson, athlète de l’année en 2006, en compagnie d’Anik Cossette

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« Il était timide, calme, pas dérangeant, se souvient Mme Cossette. Dans un gymnase, un gars comme lui, tu adores ça. Tu dis : “On se lève, on court.” Il se lève et il court ! Il en mangeait, du sport. Que de bons souvenirs ! »

En 6année, à une époque où Mme Cossette organisait des galas sportifs de fin d’année, il avait été élu athlète de l’année. Pour l’année 2006-2007, six ans avant qu’il devienne le choix de 1er tour des Panthers de la Floride, le gymnase de l’école avait été rebaptisé en son nom. Une plaque à l’entrée du gymnase documente d’ailleurs cet honneur.

J’ai toujours été un bon athlète. De nos jours, ça semble tellement important de jouer au hockey toute l’année. Moi, je faisais de la natation, je jouais au golf, au football, au soccer. J’ai tout fait et je pense que ça m’a beaucoup aidé.

Mike Matheson

C’était d’ailleurs au cœur de son allocution de quelque 20 minutes, à laquelle ont assisté tous les élèves de l’école, de la 1re à la 6année. Ça, et l’importance des efforts. Pendant la séance de questions-réponses, un élève lui a demandé comment il s’y était pris pour atteindre la LNH. « J’ai toujours eu beaucoup de détermination et j’ai toujours travaillé fort », a-t-il répondu.

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Pour des raisons évidentes, l’uniforme recommandé jeudi à l’école Marguerite-Bourgeoys était tricolore.

Le français

En plus de répondre aux questions des élèves, Matheson a participé à une activité en groupe plus restreint, avec les deux classes de maternelle. Il leur lisait une histoire dont le texte était projeté sur un écran. Un texte entièrement en français, qui ne semblait lui donner aucun mal.

On le souligne, car après son primaire, Matheson a étudié en anglais au secondaire, s’est exilé à Boston College pour l’université, y a rencontré sa conjointe, une Américaine de Buffalo, avant de jouer à Portland, en Floride et à Pittsburgh de 2015 à 2022. Il passe aussi ses étés à Buffalo. Comprendre ici que bien des Anglo-Québécois dans sa situation auraient pu perdre leur français.

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Il y aura maintenant un Matheson de plus écrit sur ce chandail.

L’enjeu a été soulevé pendant son allocution devant les élèves. « Notre famille est anglophone. Quand je suis arrivé ici à l’école, je ne parlais pas beaucoup français, c’était stressant, difficile de me faire des amis. Mais je l’ai appris et je trouvais ça important de le garder », a-t-il raconté.

Mon téléphone cellulaire est [configuré] en français pour m’aider. Tu te promènes dans le monde, tu rencontres des Européens qui parlent cinq, six langues, et c’est pratique comme connaissance.

Mike Matheson

Anik Cossette se souvient de tout ça, elle qui a aussi enseigné au grand frère et à la grande sœur du défenseur du CH. « La famille Matheson est extraordinaire. Les parents ont choisi l’école française pour leurs enfants. Mike le parle encore et je suis très, très fière. C’était trois enfants qui avaient de la classe, qui respectaient les enseignants.

« Dans une carrière d’enseignant, des familles nous marquent et les Matheson m’ont marquée. Michael a réussi, je suis très heureuse pour lui. Il aurait réussi dans n’importe quoi parce qu’il savait travailler, les Matheson savent travailler. Je suis heureuse de son succès. Je le regarde jouer comme une maman, j’ai peur qu’il se blesse ! Je le regarde avec bonheur. Ça m’a redonné le goût de regarder le Canadien et j’espère qu’ils vont le garder longtemps. Et ça, je veux que vous l’écriviez en gros ! »