Et si on pouvait prédire la réussite à l’école primaire des enfants en leur faisant passer quelques tests simples quand ils sont petits ? Une étude de l’Université Laval montre qu’une bonne connaissance des chiffres et des lettres au préscolaire est un bon prédicteur de la réussite jusqu’en 6année.

En faisant passer une série de tests qui évaluent les habiletés cognitives, de même que les connaissances du langage et des nombres, on peut « très bien prédire » dès la petite enfance les performances scolaires au primaire, montre l’étude.

« Ce n’est pas rien : on prédit 50 % des différences individuelles à l’entrée en milieu scolaire », dit en entrevue Michel Boivin, professeur de la faculté des sciences sociales de l’Université Laval, qui insiste sur la « force de la prédiction ».

À la fin du préscolaire, « la connaissance des lettres et celle des chiffres sont de bons prédicteurs » des résultats scolaires de la fin du primaire. En somme, il y a un « point de départ plus avantageux » pour les enfants qui arrivent à l’école avec ces connaissances, explique M. Boivin.

« Ça fait à nouveau la démonstration de l’importance [du préscolaire] pour certains acquis », explique le spécialiste du développement de l’enfant.

Plus de 2600 enfants étudiés

Les chercheurs de l’Université Laval ont étudié deux cohortes de plus de 2600 enfants au total qui participent à deux études longitudinales entreprises au milieu des années 1990.

Ils ont eu accès aux évaluations des enseignants, mais aussi aux examens du Ministère à la fin de la 6année. « Ça nous donne une mesure plus objective, qui est assez convergente avec les évaluations du prof. C’est impressionnant », observe M. Boivin.

D’autres études ont montré que « la fréquentation des milieux de garde de qualité – les CPE – fait en sorte que les enfants qui viennent de milieux moins favorisés ont des gains tels qu’ils abordent l’école avec les mêmes niveaux d’acquis que les autres enfants », note Michel Boivin.

Les maternelles 4 ans sont-elles aussi une solution pour renforcer les connaissances des jeunes du préscolaire ?

« Le problème des maternelles 4 ans, c’est qu’elles sont limitées en nombre et, d’une certaine façon, peuvent dédoubler les milieux de garde. On a comme deux systèmes qui sont en concurrence », dit M. Boivin.

« Ma réponse de chercheur, c’est qu’il faut évaluer la plus-value des milieux de garde et des maternelles 4 ans », conclut le professeur de l’Université Laval.

L’étude interuniversitaire a été réalisée dans le cadre de la thèse de doctorat de Philippe Carpentier, dirigée par le professeur Michel Boivin, de la faculté des sciences sociales de l’Université Laval. Les conclusions de cette étude ont été publiées dans la revue scientifique PLOS One.