Quand il a joué son dernier match de saison avec le Rocket de Laval, le 8 avril, Kevin Poulin a fait venir toute sa famille à Syracuse, « juste au cas » où cela aurait été son ultime départ en carrière.

Après la saison, le cerbère a prévenu son agent qu’il n’accepterait aucune offre d’une équipe autre que le Rocket pour la saison prochaine. À 33 ans, avec deux jeunes enfants de 7 et 9 ans et un troisième en route, il n’était pas question de quitter le Québec. « C’était Laval ou la retraite », dit-il.

« Ils étaient intéressés à me resigner à la fin de la saison, mais ça dépendait. J’avais laissé ça ouvert avec eux. […] J’ai attendu un petit peu, mais quand Laval a fait ses annonces de signatures de gardiens de but, c’est sûr que ç’a changé les plans. Ils ont pris une tournure un peu plus jeune. Ça m’a fait prendre ma décision. »

Poulin a donc annoncé mercredi soir, sur ses réseaux sociaux, qu’il accrochait ses jambières. Au moment de prendre l’appel de La Presse, une demi-heure avait passé depuis la publication. Mais au bout du fil, le portier était serein.

« Il y a beaucoup d’émotions, dit-il. Quand j’écrivais [la publication], j’étais triste, mais joyeux. Ça me faisait penser à plein de beaux souvenirs. C’est toujours dur de mettre une fin à quelque chose, mais je suis fier de ce que j’ai fait. J’ai de nouveaux défis qui m’attendent. »

Poulin était prêt mentalement à mettre un terme à sa carrière. Pour tout dire, même une offre du Rocket aurait nécessité une réflexion, puisque le cerbère traînait des blessures subies ces dernières saisons.

« J’ai quand même eu une carrière avec beaucoup de blessures, note-t-il. Je pense que c’était assez sur le plan physique. »

Des rêves réalisés

Poulin a vécu plus d’expériences que bien des joueurs de hockey professionnels n’en vivront jamais. Sélectionné au 5tour par les Islanders de New York en 2008, il a partagé son temps entre la Ligue américaine et la Ligue nationale entre 2010 et 2015. Au fil des années, il a disputé 50 matchs dans le circuit Bettman.

« Je me souviens de mon premier match avec les Islanders, ma première victoire », laisse-t-il d’ailleurs entendre avec nostalgie.

En septembre 2015, le Québécois a été réclamé au ballottage par le Lightning de Tampa Bay, qui l’a relégué au Crunch de Syracuse avant de l’échanger aux Flames de Calgary. Ceux-ci l’ont par la suite affecté à leur club-école, à Stockton, où il a joué 29 matchs. Tous ces déplacements, en seulement quelques mois, l’ont poussé à poursuivre sa carrière en Europe, où sa famille et lui espéraient bénéficier d’un peu plus de stabilité.

Entre 2015 et 2021, Poulin a découvert l’Europe. Il a joué au Kazakhstan, en Croatie, en Suisse, en Allemagne et en Suède. Il a aussi fait partie de l’équipe nationale qui a remporté la Coupe Spengler en 2017, puis le bronze aux Jeux olympiques en 2018.

De beaux moments, Poulin en a donc vécu à la tonne.

C’est sûr que j’aurais aimé ça avoir une plus longue carrière dans la Ligue nationale, mais en même temps, ça m’a permis de voyager, d’aller à la Coupe Spengler, aux Olympiques. Si j’étais resté, je n’aurais jamais vécu ces expériences-là.

Kevin Poulin

En s’entendant avec le Rocket, en juillet 2021, le cerbère avait peu d’attentes. Il ne savait « pas vraiment » ce que c’était, jouer à Laval au niveau professionnel. S’il a commencé la saison avec les Lions de Trois-Rivières, il a été rappelé par le Rocket en novembre, puis en janvier. Son brio devant le filet l’a ensuite mené à disputer 28 matchs pour le club-école du Tricolore, maintenant une fiche de 18-8-3. L’année dernière, il a pris part à 30 rencontres.

« Pour finir ma carrière… Je referais ça à 100 %, laisse-t-il tomber. On avait une bonne gang de gars l’année passée et il y a deux ans. Je suis tellement content d’avoir eu la chance de vivre ça avant ma retraite. »

Et maintenant ?

Poulin a des projets. Il est notamment impliqué au sein de l’entreprise de bijoux permanents Runway23, lancée par sa conjointe. Il compte également rester dans le monde du hockey à temps partiel.

« Pas en tant que coach, mais je vais voir ce que je pourrais amener, dit-il. […] Juste avoir encore un pied dans la porte pour trouver une façon d’aider les jeunes joueurs. »

Et puis, disons qu’il devrait fréquenter les arénas encore plusieurs années…

« J’ai un petit gardien de but et un autre qui aimerait ça le devenir. Je lui ai dit de continuer une autre année comme joueur avant de faire le saut. Je vais être encore à temps plein dans les arénas ! »