La mêlée de presse d’Ann-Sophie Bettez tirait à sa fin, la joueuse allait ensuite pouvoir rentrer au vestiaire pour se préparer pour son premier match de Living Sisu, une ligue estivale de hockey à trois contre trois. C’est là qu’un journaliste lui a demandé, tout simplement, ce qu’elle savait sur ce qui l’attendait en 2024.

Sa moue mi-amusée, mi-confuse disait tout ce qu’il fallait comprendre. Heureusement pour les collègues de la radio et pour les lecteurs de La Presse, Bettez a mis des mots sur sa pensée.

« C’est une bonne question. Ce que je sais, c’est qu’on sera en 2024 ! lance-t-elle en riant. Je ne le sais pas, on n’a vraiment aucune information, je n’essaie pas de vous cacher des choses. Mais j’espère que ce sera une ligue qui va se développer pour le meilleur du hockey féminin. »

Près de deux semaines après que la création d’une nouvelle ligue féminine unifiée a été annoncée, on connaît toujours très peu de détails. Ce qui semble toutefois de plus en plus clair, c’est qu’il restera très peu de choses de la Premier Hockey Federation (PHF) et des sept équipes qui la formaient.

La Force de Montréal faisait partie de ces sept équipes. Or, selon nos informations, pratiquement tous les membres du personnel de l’équipe ont vu leurs contrats annulés ces derniers jours.

En fait, The Hockey News a rapporté dimanche qu’il en était ainsi pour toutes les équipes de la PHF, et ce, même si la nouvelle entité avait promis « des rôles relativement similaires » aux membres du personnel dans la nouvelle ligue.

Ces informations n’excluent pas que la nouvelle ligue, qui prévoit lancer ses activités en janvier 2024, ait pignon sur rue à Montréal. Même que selon Karell Émard, qui jouait au sein de l’Association des joueuses de hockey professionnel (PWHPA), il serait très « surprenant » que la métropole ne fasse pas partie des six marchés où la ligue souhaite amorcer ses activités.

« La convention collective prévoit certains critères pour les six villes, pour qu’elles aient un aréna, une organisation opérationnelle, tout ça dans un marché qui soutient le hockey féminin. À Montréal, on a eu les meilleurs fans des Canadiennes, et ces fans ont été excellents pour la Force. Montréal devrait ressortir dans les marchés qui vont répondre aux critères. »

On ignore cependant qui dirigera cette équipe potentielle. Kevin Raphaël était président de la Force et a évidemment l’expérience d’avoir créé une organisation. Il ne s’est toujours pas prononcé publiquement sur le dossier.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Kevin Raphaël

Bettez expliquait d’ailleurs en quoi elle était attristée de voir l’aventure de la Force prendre fin après seulement un an. « L’an passé, Kevin a eu un ou deux mois pour mettre une équipe sur pied. On a eu un horaire aussi structuré en très peu de temps. La Force était une des équipes les mieux dirigées de la PHF. C’est ce côté-là que je trouve plate, tous les efforts que Kevin a mis pour la Force. »

Reste à voir si Raphaël aura l’oreille de la nouvelle entité, si Montréal doit bel et bien faire partie des six marchés visés.

Un camp ? Un repêchage ?

Sarah Lefort, une autre ancienne de la Force, l’a dit de la façon la plus claire : « On est toutes dans le même bateau. » Autrement, qu’elles soient de la PHF ou de la PWHPA, les joueuses nagent dans le noir. « On a hâte d’avoir les informations », a-t-elle ajouté.

Bettez a quant à elle expliqué que les capitaines des sept défuntes équipes de la PHF avaient créé un comité « pour être en contact avec la commissaire et les ex-propriétaires des équipes. On s’attend à une communication de la ligue pour les détails ».

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Ann-Sophie Bettez

Ce que les joueuses veulent savoir ? « Les marchés ciblés, combien d’équipes il y aura, la date du début du camp, énumère-t-elle. Y aura-t-il un camp de sélection ou un repêchage ? Ça serait un bon début. »

La façon dont la transition se fait pourrait laisser croire que les joueuses de la PHF partent de plus loin que celles de la PWHPA, mais Lefort n’est pas d’accord. « Je sais ce que j’ai à faire, je dois me préparer, et elles vont juste sélectionner les meilleures », martèle-t-elle.

« De ce qu’on s’est fait dire, tout le monde va avoir une chance, peu importe qui tu es. Ensuite, la réalité va faire en sorte que les meilleures joueuses vont jouer », ajoute Bettez.

« On est sur un pied d’égalité », dit également Karell Émard, qui jouait pour l’équipe Harvey’s dans la PWHPA. « Mais on s’attend à ce qu’il y ait six équipes et une fois que ce sera fait, il y a un camp, il n’y aura aucun avantage pour les filles de PHF ou de la PWHPA. »

En attendant, les joueuses gardent la forme au complexe Hockey Etcetera, où Zachary Fucale organise de nouveau la ligue Living Sisu.

« À trois contre trois, le cardio travaille pas mal ! rappelle Bettez. Avec la nouvelle ligue, on devra changer le moment où on sera au sommet de notre forme. Avant, on visait septembre ou octobre et là, ce sera plus tard. »

Au sein de cette ligue estivale se retrouvent des joueuses qui représentaient jusqu’à tout récemment deux ligues différentes et qui devront maintenant se battre pour quelque 130 postes dans la future entité.

« Ça amène une légèreté, ça nous ramène sur la glace en tant qu’amies, estime Sarah Lefort. On va compétitionner. On aime ça, se pousser. De rire, de s’amuser, de jouer au hockey, ça va aider. »