Une greffe de cartilage dans le genou est une opération majeure. Peu commune chez les athlètes professionnels, elle peut être carrément effrayante. Carey Price, notamment, a préféré de ne pas y recourir pour l’instant. Le capitaine de l’Avalanche du Colorado, Gabriel Landeskog, a toutefois décidé de plonger. Sa rééducation lui coûtera la prochaine saison entière. Mais c’est, à ses yeux, le seul chemin possible vers un possible retour au jeu.

Le communiqué envoyé par l’Avalanche du Colorado était aussi succinct qu’explosif : Gabriel Landeskog ratera toute la saison 2023-2024 en raison d’une opération à un genou. Le Suédois ayant déjà fait l’impasse sur la campagne 2022-2023, il aura donc passé quelque 28 mois sans jouer s’il renoue avec l’action, comme il l’espère, en octobre 2024.

Au terme de son dernier match, le 26 juin 2022, il a soulevé la Coupe Stanley. Or, depuis ce jour, l’euphorie de la victoire a fait place à l’attente constante et à la déception. Celle, notamment, de ne pas obtenir les résultats escomptés à la suite d’une arthroscopie subie en octobre dernier. C’était déjà sa troisième opération depuis la blessure absurde dont il a été victime pendant les séries éliminatoires de 2020 – une coupure infligée par le patin de son coéquipier Cale Makar.

Au cours des dernières semaines, Landeskog, 30 ans, est arrivé à une conclusion inévitable : son genou ne guérira pas naturellement. Il s’est donc résolu à recevoir une greffe de cartilage prélevé à même un de ses os en santé.

« Je n’avais pas autant étudié depuis l’école secondaire ! », a-t-il candidement lancé, mardi après-midi, aux membres des médias par le truchement d’une visioconférence.

Il a en effet passé l’essentiel de la dernière année à lire sur le sujet. À consulter des experts, à accumuler des avis médicaux. L’intervention choisie est, dit-il, « la meilleure solution pour jouer de nouveau au hockey à ce niveau ».

PHOTO PHELAN M. EBENHACK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Gabriel Landeskog a soulevé la coupe Stanley au terme de son dernier match, le 26 juin 2022.

Intervention risquée

Si Landeskog se dit « emballé » de franchir une « première étape » vers un retour à la santé, l’opération qu’il subira ce mercredi à Chicago n’est pas anodine. Il évalue à 85 % ses chances de rétablissement complet. Ce n’est pas une intervention commune chez les athlètes d’élite, « encore moins chez les hockeyeurs », a-t-il avoué.

La science semble moins optimiste que lui, a priori. Une étude de 2016 citée par The Athletic chiffrait à 72 % les chances de succès à long terme d’une telle greffe. Et encore, ces probabilités chuteraient chez les personnes ayant déjà subi une intervention chirurgicale, ce qui est le cas de Landeskog. Une autre étude, publiée en 2021 par l’Université du Missouri, estime que près de 70 % des athlètes ayant subi une opération du genre retrouvent leur forme complète dans une fenêtre de 16 à 24 mois.

En octobre dernier, le gardien de but Carey Price avait expliqué que cette opération était probablement sa seule chance de rejouer au hockey, mais qu’il la trouvait trop « intrusive » pour l’instant.

Landeskog, lui, a choisi de rouler les dés, notamment après avoir discuté avec le basketteur Lonzo Ball, des Bulls de Chicago, qui a emprunté cette voie en mars dernier.

Jamais, assure-t-il, il n’a considéré la possibilité de prendre sa retraite. « Est-ce que ce sera une longue route ? Évidemment. Mais les motivations sont nombreuses. La dernière fois que j’étais sur la glace, on gagnait la Coupe Stanley. C’est une motivation suffisante pour revenir. Je veux vivre cette expérience de nouveau. »

Les prochaines étapes, il les abordera « une à la fois », soulagé, en quelque sorte de ne plus chercher de « solutions » à un problème qui hante son quotidien depuis bientôt trois ans. Il croit fermement avoir pris les « bonnes décisions » jusqu’ici, notamment celle de ne pas forcer à tout prix un retour au jeu au cours de la dernière campagne. Sa rééducation suivra la même philosophie.

« Ce ne sera pas parfait, mais j’ai confiance dans le joueur que je suis, en l’athlète que je suis, a-t-il conclu. Je sais que je pourrai de nouveau avoir un impact sur la glace. »

« Avenues »

Le directeur général de l’Avalanche, Chris MacFarland, a rendu hommage à Landeskog, « un joueur très spécial » qui sera « dur à remplacer ».

La confirmation de son absence à long terme, toutefois, ouvre des « avenues » qui n’étaient « pas possibles la saison dernière ». Une manière polie de dire qu’on n’aura plus, sur le plan financier à tout le moins, à vivre dans l’incertitude. Et qu’on pourra dépenser pour s’améliorer.

La situation n’est en effet pas simple à Denver. En incluant Landeskog et Valeri Nichushkin, dont le DG a refusé de confirmer la présence au prochain camp d’entraînement vu la nébuleuse affaire dans laquelle il est plongé, l’Avalanche n’a que 13 joueurs de la LNH sous contrat en vue de la saison prochaine. Or, leurs salaires totalisent déjà un peu plus de 70 millions, ce qui laisse une somme de quelque 13 millions pour compléter la formation. Placer le nom de Landeskog sur la liste des blessés à long terme permettra une certaine flexibilité, mais ce n’est pas gagné pour autant.

Circonspect quant à ses plans en vue de la saison morte, MacFarland a rappelé qu’il continuait de miser sur « un bon groupe », « un groupe résilient », dont les « positions clés » sont pourvues par des joueurs « durs à trouver ». Par exemple Nathan MacKinnon, Cale Makar, Mikko Rantanen, Devon Toews, etc.

D’ici au repêchage et à l’ouverture du marché des joueurs autonomes, « tout sera sur la table » pour essayer d’améliorer son club.

Néanmoins, il n’en démord pas : en 2023-2024, « on s’attend à être compétitifs ».