Les images circulent abondamment sur votre réseau social préféré. Des partisans des Maple Leafs, dans les rues de Toronto, qui crient « We want Florida », « On veut la Floride ». Ça se passait samedi dernier, après la victoire des Leafs dans le 6match contre Tampa, la veille du 7match entre les Bruins et les Panthers.

Ces partisans ont eu ce qu’ils voulaient, mais cinq jours plus tard, leur équipe pourrait difficilement être dans une pire situation. Menés par le brio de Sergei Bobrovsky, les Panthers ont défait les Leafs 3-2, jeudi à Toronto, pour prendre une avance de 2-0 dans la série.

Pour survivre, les Torontois devront maintenant battre les Panthers au moins une fois à Sunrise et, surtout, espérer qu’Ilya Samsonov soit en assez bonne santé dimanche. Comme c’était le cas par moments au premier tour, il semble encore incommodé, visiblement à une jambe ou un genou.

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Mais le plus gros problème des Leafs n’est pas tant Samsonov que l’autre gardien russe de cette série, le susmentionné Bobrovsky. Lui, les partisans qui criaient « We want Florida » ne l’avaient pas vu venir.

Bobrovsky joue enfin comme le joueur qui a eu droit à un bouclier anti-inflation avant que l’idée ne devienne en vogue. À l’été 2019, les Panthers lui ont accordé un contrat de sept ans et 70 millions sur le marché des joueurs autonomes. Quelque part dans son cube U-Haul devaient se trouver les trophées Vézina de 2013 et 2017.

PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE

Sergei Bobrovsky

Or, les Floridiens n’en ont pas exactement eu pour leur argent jusqu’à tout récemment.

En saison, depuis son arrivée sous les palmiers, Bobrovsky occupe le 24rang (sur 42 gardiens qui ont joué au moins 100 matchs) avec une efficacité de ,905. En trois parcours éliminatoires, ils avaient, jusqu’à ce printemps, remporté une seule série. C’était l’an passé, et un balayage sans amour les attendait au tour suivant.

Mais ce même Bobrovsky surfe maintenant sur une séquence de cinq victoires, remportées contre les deux titans de la division Atlantique. Son sang-froid en début de match, après que les Leafs eurent pris une avance de 2-0 en à peine cinq minutes, mérite d’être souligné. Les Torontois sur la patinoire le bombardaient de rondelles ; ceux dans les gradins, de cris tonitruants.

Après sept minutes, le tableau des tirs indiquait 12-2. Mais après les quelques arrêts de Bobrovsky, Anton Lundell touchait la cible pour couper l’écart en deux et les Panthers ont pu revenir dans le match.

Bobrovsky vient de bloquer 69 des 73 tirs des Leafs en deux matchs, pour une efficacité de ,945. William Nylander et Auston Matthews, auteurs de six tirs chacun jeudi, en feront des cauchemars. Ses performances se sont même invitées dans la mêlée de presse de son vis-à-vis. Aux médias présents à Toronto, Samsonov a dit n’avoir rien à cirer, avec un juron à l’appui, des performances de Bobrovsky.

On n’ouvrira pas ici le débat sur la pertinence de contrats onéreux à des gardiens, d’autant plus que des huit hommes masqués de la LNH qui touchent 6 millions de dollars ou plus par année, il n’en reste que deux en séries, et l’un d’eux, Matt Murray, occupe le rôle de réserviste chez les Leafs.

Disons simplement qu’en menant les Panthers au carré d’as, Bobrovsky les aiderait à rentabiliser leur investissement.

L’infime marge d’erreur en séries

Du reste, ce match aura permis de constater en quoi la ligne est mince entre une très bonne performance et une performance parfaite.

La trame narrative des Maple Leafs des dernières années a été celle d’une équipe débordante de talent, mais incapable de maintenir le rythme quand l’enjeu le commande. Incapable de s’appliquer défensivement, incapable d’exécuter les sacro-saints détails qui sont pas mal plus utiles en mai qu’en novembre.

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L’entraîneur-chef des Maple Leafs, Sheldon Keefe

L’équipe progresse clairement en ce sens et il serait injuste d’imputer cette amélioration à la seule arrivée de Ryan O’Reilly, un expert de ce style.

Mitch Marner, doué d’un talent offensif inouï, a fini par convaincre le jury – on parle ici des journalistes appelés à voter pour les honneurs individuels – qui en ont fait un des trois finalistes au trophée Selke. Son fidèle compagnon Auston Matthews, lui, a conclu la saison au premier rang des attaquants de la LNH pour les tirs bloqués.

Encore jeudi, Matthews a offert une performance inspirée. Sauf qu’il a gaffé à un bien mauvais moment, soit en début de deuxième période, quelques instants après que les Panthers eurent créé l’égalité. Sa tentative audacieuse de sortie de zone a été interceptée par Eetu Luostarinen, et huit secondes plus tard, Gustav Forsling marquait ce qui allait être le but gagnant.

Matthews est très bon dans ces séries jusqu’ici, mais avec son équipe en retard 0-2, il devra trouver le moyen d’être encore meilleur.

En hausse : Eetu Luostarinen

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Eetu Luostarinen

L’attaquant finlandais n’a obtenu aucun point, mais il a provoqué les revirements à l’origine du premier et du troisième but des Panthers.

En baisse : Ilya Samsonov

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Ilya Samsonov

Il a mal paru sur le deuxième but des Panthers et son état de santé suscite maintenant des interrogations…

Le chiffre du match : 29

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Aleksander Barkov (16) et Noel Acciari (52)

Le centre des Panthers Aleksander Barkov n’a remporté que 29 % de ses mises en jeu (5 en 17). Aussi bien retenir la date, ça ne lui arrive pas souvent.