On va se le dire, ce n’est pas de cette façon, et avec un air piteux, que les Rangers de New York croyaient rentrer à la maison.

Parce que ces Rangers-là croyaient bien que cette saison allait être la leur. Tel un joueur compulsif qui reste trop longtemps assis à la même table sous prétexte que « ça s’en vient », les Rangers ont choisi de lancer tous leurs jetons d’un coup avant la date limite des transactions, en allant chercher messieurs Kane et Tarasenko, un peu comme s’ils étaient les Yankees du hockey.

Mais au hockey, ces affaires-là marchent rarement.

Ces Rangers, d’ailleurs, ont profité d’un bien mauvais moment pour tomber en panne offensive.

Après avoir gagné les deux premiers matchs de manière très décisive, par une marque combinée de 10-2, ils ont connu deux matchs d’un seul but, et deux de zéro, dont celui-ci, le septième et dernier de la série, gagné avec une main dans le dos par les Devils du New Jersey, et par la marque de 4-0.

Mais qui donc fut le tortionnaire des Maillots bleus lors de ces jours sombres ? Un certain Akira Schmid, choix de cinquième tour en 2018. On le remercie de nous rappeler, une autre fois, que dans le hockey moderne, il n’est plus nécessaire de miser sur un gardien à 10,5 millions de dollars pour avancer (on vous parlera de Laurent Brossoit une autre fois).

PHOTO ADAM HUNGER, ASSOCIATED PRESS

Akira Schmid

Ce Schmid, donc, s’est permis de savonner à blanc les Rangers à deux reprises dans cette série, et c’est probablement le bout le plus étonnant dans cette histoire. Encore lundi, il a dit non à 31 reprises à ses adversaires.

Son arrivée devant le filet des Devils, à partir du match numéro trois, a certes fait changer le proverbial vent de bord. Au même moment, et surtout lundi soir, les gros canons des Rangers étaient invisibles, ce qui s’explique assez mal dans le cadre d’un match numéro sept, où on peut s’attendre à pas mal plus de la part des joueurs vedettes.

Au fait, pendant que les Kane, Panarin et autres Tarasenko étaient bien tranquilles dans le camp de la visite, le deuxième but des Devils était marqué par… Tomas Tatar. C’est bien pour dire.

PHOTO ADAM HUNGER, ASSOCIATED PRESS

Patrick Kane

Peut-on donc parler d’une véritable surprise ici ? Pas vraiment, non, dans la mesure où les Devils étaient tout de même favorisés par plusieurs experts dans cette série. C’est plutôt leur ascension qui est digne de mention.

Lors de la saison précédente, les joueurs du New Jersey ont conclu le calendrier au 14rang du classement de l’Association de l’Est, avec une bien modeste récolte de 63 points. Cette saison, ils ont bondi au troisième rang de ce même classement, avec un total de 112 points. C’est assez dramatique comme revirement, et ça doit bien pouvoir faire rêver certains partisans d’une certaine équipe qui n’a rien gagné depuis 1993.

En attendant, ce sont les fans des Devils qui vont rêver encore un peu, puisque leurs favoris vont passer au deuxième tour pour y affronter les Hurricanes de la Caroline.

En terminant, un mot sur Jacob Trouba, le capitaine des Rangers, qui s’est pris pour Scott Stevens le temps d’un soir et qui est allé arracher la tête de ce pauvre Timo Meier, avec une mise en échec qui était, semble-t-il, tout à fait légale. En tout cas, Trouba n’a pas été puni sur le jeu.

Qui peut prétendre être en mesure d’expliquer ça ? Personne, probablement, parce que le livre des règlements de la LNH est un mystère comparable aux pyramides d’Égypte, et il s’applique selon le soir de la semaine, selon le mois de l’année, et encore, ça peut changer lors des années bissextiles.

Mais ce serait bien, un jour, de revoir et de repenser tout ça, parce que les joueurs de hockey ne sont pas faits pour se faire frapper comme ça. Allez demander à Eric Lindros.