Il y a ces joueurs au succès immédiat, à qui tout vient naturellement. Et il y a ceux qui doivent faire preuve de patience, franchir les étapes une par une en empruntant parfois quelques détours.

Le gardien de but montréalais Yaniv Perets fait partie de cette deuxième catégorie, et il ne s’en plaint pas. Comme il le dit si bien lui-même, « tout le monde suit son propre chemin ». Le sien, qui l’a mené à signer le 11 avril dernier son premier contrat dans la LNH avec les Hurricanes de la Caroline à l’âge de 23 ans, a été un peu plus long.

Au cours des dernières années, Perets a joué dans le junior A ontarien pendant deux saisons, puis dans la NCDC, une ligue de développement du Nord-Est américain, avec l’espoir d’atteindre la NCAA. Pari réussi : il s’est engagé avec les Bobcats de Quinnipiac, au Connecticut.

À sa première saison dans le circuit américain, à 20 ans, Perets n’a disputé que deux rencontres. L’année suivante, quand on lui a confié le filet pour de bon, il a maintenu une prodigieuse moyenne de buts accordés de 1,17.

Cette saison, sa troisième dans la NCAA, il a présenté un taux d’arrêts de ,931 en 41 parties et une fiche magistrale de 34-4-3, menant son équipe jusqu’au championnat national. Son nom était sur toutes les lèvres. Pour la deuxième saison d’affilée, il a fait partie des 10 finalistes du trophée Hobey-Baker, remis au joueur universitaire par excellence aux États-Unis.

Tout au long de la saison, le jeune homme ne voulait rien entendre des négociations de son agent avec les équipes de la LNH. « J’ai mis mon attention sur mon jeu, pour être le meilleur possible sur la patinoire, explique-t-il. Ce qui arrive en dehors de la patinoire arrive. Je n’aime pas me concentrer là-dessus. »

C’est seulement une fois qu’il a eu remporté le championnat que son agent lui a fait part des offres qui se présentaient à lui. Et elles étaient nombreuses. « Tu as beau penser à la façon dont tu réagirais en recevant cet appel, quand tu le reçois vraiment, c’est assez fou, lance-t-il. C’était un moment vraiment spécial. »

Des années bénéfiques

Jamais repêché, Perets ne s’est à aucun moment apitoyé sur son sort ni n’a cessé de croire en lui, sa mentalité se résumant ainsi : « Les choses se déroulent comme elles doivent se dérouler quand on est préparé, qu’on travaille fort et qu’on continue de s’améliorer. »

« Est-ce que j’aurais aimé être repêché ? Oui, je pense que tout joueur dirait ça. Mais je ne l’ai pas été. Et je ne suis pas là en train d’essayer de prouver à quiconque qu’il a eu tort, ou de changer les choses. […] Tu dois juste passer à autre chose et croire en toi. Je suis très heureux que les choses aient fonctionné ; [c’est le fruit du] travail acharné. »

Le jeune homme, qui s’exprime avec aisance et maturité, insiste pour attribuer une grande partie du mérite de ses succès à ses coéquipiers, « un groupe de joueurs généreux ». « Je suis super privilégié d’avoir ces joueurs-là devant moi », ajoute-t-il en vantant leurs habitudes de travail.

« Je pense vraiment que mes deux dernières années ici [à Quinnipiac] m’ont beaucoup aidé et ont forgé le joueur et la personne que je suis aujourd’hui. Je ne changerais ça pour rien au monde. Je suis super heureux d’être venu en NCAA et je pense que c’était important que je m’offre ces quelques années de plus pour vraiment me développer. »

Un lien particulier

Les raisons qui ont poussé Perets à opter pour les Hurricanes de la Caroline sont diverses. Le fait qu’il jouait avec le fils de l’entraîneur-chef Rod Brind’Amour, Skyler, en fait partie.

« [Rod Brind’Amour] m’a vu jouer souvent dans les deux dernières années à Quinnipiac, explique le natif de Dollard-des-Ormeaux. Il me connaît un peu plus en tant qu’individu. Il connaît mon éthique de travail, la façon dont je joue. Je pense que ça fait une grande différence. »

Après avoir signé son contrat avec les Hurricanes, Perets s’est joint à leur club-école de la Ligue américaine, à Chicago, le temps d’une semaine. Il a eu l’occasion d’expérimenter un environnement professionnel et de rencontrer joueurs et membres de l’organisation.

Lundi, au moment de notre entretien, il était de retour à Quinnipiac, où il termine sa session d’études. Et il peinait encore à réaliser les quatre « folles » semaines qu’il venait de vivre.

« Quand je repense à tout le travail, aux journées parfois difficiles… Je pense que c’est important de prendre un pas de recul et de réaliser ce qui s’est passé dans ces deux années-là », dit-il avant d’énumérer une à une chaque personne qui a eu un impact dans son parcours.

Tout le monde m’a vraiment aidé, parce que tu ne peux pas faire ça tout seul.

Yaniv Perets

Perets entend maintenant profiter de l’été qui s’en vient pour se préparer en vue du camp d’entraînement de septembre. Selon ce que nous indique son agent, Jonathan Lachance, les Hurricanes « lui ont dit d’arriver au camp [avec l’objectif de] faire l’équipe ».

« Je suis juste emballé. Je m’en vais là-bas sans attentes, dit Perets. […] De toute évidence, je veux jouer dans la LNH. C’est mon but. Je vais y aller une journée à la fois et continuer de travailler fort. »

Une recette qui a plutôt bien fonctionné jusqu’ici.