(Buffalo) La série des anicroches se poursuit autour des soirées de la Fierté à travers la LNH.

Alors que les Sabres de Buffalo tiendront ce lundi soir une activité soulignant leur solidarité avec la communauté LGBTQ+, l’organisation a annoncé qu’Ilya Lyubushkin ne prendrait pas part à la période d’échauffement, au cours de laquelle ses coéquipiers porteront un chandail aux couleurs de l’arc-en-ciel spécialement conçu pour l’évènement.

En début de matinée, des représentants de l’équipe ont avisé informellement les membres des médias de l’état des lieux, invoquant des motifs de sécurité. L’information circule depuis quelques semaines déjà que des joueurs russes soient réticents à l’idée d’afficher leur soutien à la cause LGBTQ+, redoutant des représailles.

Dans un communiqué succinct, les Sabres ont dit être « conscients » des « menaces » visant certains joueurs. « Nous comprenons leur décision de ne pas courir ce risque », ajoute-t-on. Natif de Moscou, Lyubushkin retourne chaque été dans son patelin une fois la saison de hockey terminée.

Un récent article du site Athletic se penchait d’ailleurs sur le malaise entourant les joueurs originaires de ce pays. Une loi promulguée en Russie prévoit en effet l’interdiction de toute « propagande » sur les « relations sexuelles non traditionnelles ». Cela étant, il n’est pas clair à quelles conséquences réelles s’exposent les personnes qui se prêteraient à cette « propagande », ni de quelle manière celle-ci est définie.

Les premières équipes dont le déroulement de la soirée de la fierté a été bouleversé avaient en commun de compter sur des joueurs russes qui jouent un rôle important dans leur formation.

À l’inverse, Evgeni Malkin, Sergei Bobrovsky et Evgenii Dadonov, par exemple, ont patiné avec un chandail multicolore au cours des dernières semaines.

Depuis le début de la saison, sept soirées de la fierté ont vu leur déroulement perturbé par un ou des refus de porter le chandail arc-en-ciel. Ivan Provorov, des Flyers de Philadephie, a été le premier à manifester publiquement son opposition. Il a alors justifié sa position par ses croyances religieuses. James Reimer, des Sharks de San Jose, de même que les frères Eric et Marc Staal, des Panthers de la Floride, l’ont imité.

Bien que Lyubushkin soit lui aussi croyant – des icônes religieuses décorent son casier dans le vestiaire de l’équipe –, cet argument n’a pas été soulevé par l’équipe. Les Rangers de New York, le Wild du Minnesota et les Blackhawks de Chicago, quant à eux, ont carrément décidé que personne ne porterait maillot multicolore, et ce, alors que cet élément était prévu dans leurs célébrations.

Lyubushkin profite manifestement de l’appui de ses coéquipiers. Le capitaine Kyle Okposo a fait valoir que, « comme Nord-Américain », il ne se considère pas en position de « comprendre ce que [Lyubushkin] vit en provenant d’une autre partie du monde ».

« Nous respectons sa décision, a ajouté Okposo. Le juger sans essayer de le comprendre serait malavisé. » Rasmus Dahlin a défendu la même position.

L’entraîneur-chef Don Granato a tenu les mêmes propos, insistant sur la valeur de la « conversation » qui eut cours à ce sujet au sein de l’équipe. Il a apprécié l’« authenticité » dont ont fait preuve ses joueurs sur cette question, mais assure n’avoir pas été impliqué dans les discussions menant à la décision de Lyubushkin.

« Je pense que je leur parle assez comme ça », a-t-il dit, sarcastique.