(Laval) La saison dernière, comme dans bien des vestiaires de hockey, le classement était affiché dans le vestiaire du Rocket.

« Mais assez tôt dans la saison, on a passé un moment difficile et regarder le classement tous les jours, ça devenait pesant », racontait Jean-François Houle mercredi matin, après l’entraînement du Rocket.

Il l’avait donc fait retirer du vestiaire parce que « c’est important de se concentrer sur le processus. Quand ça va mal, il ne faut pas être trop négatif. »

À Laval comme à Montréal, on y revient au processus, ce bon vieux processus qui, ici aussi, doit primer sur les résultats. L’an passé, les résultats avaient fini par être au rendez-vous, le Rocket se rendant à une victoire d’une qualification pour la finale de la Coupe Calder.

En ce début de saison, les résultats n’y sont pas pour le Rocket, et le processus non plus. Houle a donc profité de la rencontre d’équipe de mardi pour mettre les points sur les « i » et les tildes sur les « n ». Il souhaitait que cette rencontre et le match de mercredi, le premier d’une série de quatre à domicile, marquent un tournant, un « reset », dans ses mots, dans cette saison.

Établir notre jeu défensif, c’était ça, le meeting d’hier. On n’a pas le genre d’équipe qui va gagner 5-4. Il faut donner moins de surnombres, être meilleurs défensivement. Tout le monde réalise qu’on est meilleurs que notre fiche.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket de Laval

La rencontre a visiblement eu un effet immédiat puisque le Rocket l’a emporté 4-2 contre les Canucks d’Abbotsford, mercredi soir. C’est seulement une quatrième victoire des Lavallois cette saison, qui pointent au 31e rang (sur 32) de la Ligue américaine avec un taux de succès de ,367 (4-8-3).

De son processus, Houle a identifié quelques éléments qui l’agaçaient. Les surnombres venaient haut sur la liste et il a vu une amélioration. Son équipe n’a d’ailleurs rien donné à 5 contre 5. Abbotsford a marqué en avantage numérique, puis en toute fin de match quand le gardien était au banc.

En revanche, les pénalités demeurent un irritant majeur. « Des joueurs devront s’asseoir au bout du banc s’ils prennent trop de punitions », a-t-il maugréé. Sans nommer Mitchell Stephens, on devine que Houle n’a pas apprécié la pénalité en zone offensive de ce vétéran.

Les pénalités dites de bâton font aussi partie de ce que Houle souhaite limiter, et Justin Barron a été coupable d’une infraction du genre, un double-échec au visage d’un rival qui s’amenait en pression.

« Les punitions de bâton ou de réplique, ce ne sont pas de bonnes punitions. On en parle depuis le début de l’année et on est rendus aux conséquences », a dit Houle.

L’apprentissage de Barron

Impossible de savoir si Barron subira des « conséquences », mais une chose est sûre, son automne ne se passe pas comme il l’aurait souhaité.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Justin Barron

À son arrivée au camp, il était le défenseur avec le plus d’expérience chez les professionnels parmi les arrières qui frappaient à la porte du CH. Il comptait 50 matchs dans la Ligue américaine, sept dans la LNH.

Mais Kaiden Guhle, Arber Xhekaj et Jordan Harris ont tous connu un meilleur camp, tandis qu’une recrue plus âgée, Johnathan Kovacevic, l’a également doublé.

Résultat : Barron poursuit son développement à Laval et avec le retour imminent de Michael Matheson, le Néo-Écossais devra espérer une transaction et une blessure ou deux afin d’être rappelé à Montréal.

« Je suis arrivé à Laval en ayant en tête que je dois travailler sur certains trucs », a souligné le défenseur droitier.

Le rendement des quatre recrues susmentionnées devrait lui donner amplement de temps pour peaufiner son art, puisqu’aucune des quatre n’a connu de successions de mauvais matchs au point de se faire rétrograder à Laval.

« Il sait que les jeunes vont bien en haut, il va devoir attendre son tour, mais il est ici pour continuer son développement, a rappelé Houle. Il ne faut pas qu’il s’en fasse avec ce qui se passe en haut. Il ne peut rien faire pour les décisions des autres. »

Barron a terminé le match de mercredi avec une passe, qu’il a d’ailleurs obtenue à sa sortie du banc des pénalités. Il a sauté sur une rondelle libre en zone défensive et s’est servi de son fluide coup de patin pour traverser la patinoire, avant de prendre un tir des poignets. Rafaël Harvey-Pinard a saisi le retour.

Avec cette passe, Barron porte sa fiche de 8 points en 15 matchs cette saison. De tous les espoirs du CH à la ligne bleue, il est assurément celui dont les instincts offensifs sont les plus aiguisés. Un observateur nous faisait toutefois remarquer qu’il a justement tendance à trop vouloir les mettre en valeur, à trop vouloir lui-même créer les jeux.

Reste à voir si le tournant espéré par Houle pour son groupe fera également effet sur Barron.