Les Devils ont pignon sur rue au New Jersey depuis 1982. Martin Brodeur y a joué à temps plein de 1993 à 2014. Combien de séries les Devils ont-ils gagnées avant et après le règne de Brodeur dans l’organisation* ?

C’est en partie en réponse – réponse qui vous attend en fin d’article – à cette question que Brodeur arrive officiellement, à temps plein, au département hockey des Devils. Jeudi, l’équipe a annoncé sa promotion comme vice-président exécutif aux opérations hockey.

À plus d’une reprise au cours de sa visioconférence, on l’a senti impatient de voir l’organisation dont il a fait les beaux jours chasser les sanglots longs des violons de l’automne.

« J’aspire à ramener les Devils à ce qu’ils devraient être, soit une franchise gagnante. On n’est pas là, mais on s’en approche », a-t-il dit d’entrée de jeu.

Prenez cette autre remarque, quand un journaliste lui a fait remarquer que les Devils trônaient, avant les matchs de jeudi, au premier rang de la division Métropolitaine.

On était mûrs ! Cette organisation devrait être parmi les meilleures. On vient de vivre quelques années difficiles pour tous, y compris nous aux opérations hockey. La saison est encore jeune, mais on voit beaucoup de bonnes tendances qui nous emballent, des trucs qu’on avait planifiés et qui se concrétisent.

Martin Brodeur

Brodeur tentera donc de faire ce que Joe Sakic a réussi au Colorado, ce que Steve Yzerman est en voie de réaliser à Detroit, soit de ressusciter l’organisation à laquelle il a consacré la totalité de sa carrière – sauf sept matchs. Quand Sakic est devenu président de l’Avalanche, en 2013, l’équipe venait de rater les séries quatre fois en cinq ans et avait gagné une seule série en sept ans. Quand Yzerman est revenu à Detroit, en 2019, les Wings n’avaient rien gagné depuis 2013 en séries.

Mais un tel mandat vient avec des attentes et sans avoir consulté spécifiquement Sakic et Yzerman, Brodeur a sollicité des conseils à gauche et à droite.

« Je suis proche de Doug Armstrong à St. Louis, de Luc Robitaille à Los Angeles, j’ai parlé à des agents. J’ai posé des questions. J’ai joué toute ma carrière ici. Je suis content de venir ici, d’aider l’équipe à grandir et à connaître plus de succès que dernièrement. Depuis que je suis parti, c’est plus difficile, et j’ai hâte de me mettre au travail et d’aider Tom. »

Rôle élargi

« Tom », c’est Tom Fitzgerald, directeur général des Devils depuis janvier 2020. Même s’il est un ancien joueur, il a du métier comme dirigeant, ayant occupé des postes de gestion depuis 2007.

Officiellement « conseiller » chez les Devils depuis deux ans et demi, Brodeur est toujours établi à St. Louis, ayant travaillé pour les Blues de sa retraite, début 2015, jusqu’en 2018. Il s’est ensuite joint aux Devils, d’abord du côté des affaires, maintenant du côté du hockey à temps plein.

Le titre « exécutif » laisse croire qu’il est au-dessus de Fitzgerald, mais à plus d’une reprise, il a parlé comme un homme qui travaillerait sous les ordres de ce dernier, et non l’inverse.

« Fitzy est arrivé comme directeur général par intérim et il a obtenu la confiance des propriétaires, a rappelé Brodeur. Il est vraiment accueillant et ça me donne le goût de rester. Il veut entendre mon opinion. »

Brodeur arrive dans une organisation qui possède les fondations pour connaître du succès.

Nico Hischier, premier choix du repêchage de 2017, totalise 74 points à ses 82 derniers matchs, soit depuis le début de la saison 2021-2022. Jack Hughes, un autre premier de classe (2019), obtient plus d’un point par match depuis octobre 2021. Jesper Bratt est un des avants les plus mésestimés de la LNH, et Simon Nemec, défenseur repêché au deuxième rang l’été dernier, est évidemment prometteur.

PHOTO JULIA NIKHINSON, ASSOCIATED PRESS

Dougie Hamilton (7), Nico Hischier, Jack Hughes et Nathan Bastian (14), des Devils du New Jersey

Il ne manque qu’un véritable gardien d’avenir, mais à cet effet, Brodeur a travaillé à la création d’un département du développement des gardiens, dirigé par son ancien adjoint Scott Clemmensen.

« Quand je suis arrivé du côté hockey, j’en ai parlé à Fitzy, je disais que ça devrait être important dans l’organisation, sinon tu te tournes vers les joueurs autonomes et tu payes trop cher. C’est important d’en développer. J’ai eu l’autorisation d’engager Scott, on a deux coachs des gardiens à temps plein, peu d’équipes ont ça.

« Ça ne rapporte peut-être pas aujourd’hui, mais à terme, ça pourrait nous donner un avantage sur les autres équipes. »

Si tout se met en place, Brodeur espère donc que ça le conduira à une quatrième Coupe Stanley, une première en complet-cravate.

« J’ai quitté les Blues en 2018 et ils ont gagné l’année suivante. J’ai été trop vite sur la gâchette ! J’ai hâte d’aider les Devils à en gagner une. »

* Réponse : Seulement deux. C’était en 1988, quand l’équipe a gagné ses deux premières séries pour atteindre la finale de la conférence Prince-de-Galles.