L’un a marqué d’un tir des poignets et a joué en avantage numérique. L’autre a réussi une mise en échec cruciale qui a mené au but d’assurance. Il n’a pas obtenu de point sur le jeu, mais en aurait mérité un de façon non officielle.

On parle ici d’Arber Xhekaj et de Cole Caufield, mais pas dans l’ordre auquel on pourrait s’attendre. Dans cette victoire de 5-2 du Canadien contre les Canucks de Vancouver, c’est Xhekaj qui a marqué et c’est Caufield qui a réussi la mise en échec qui a mené au deuxième but de Kirby Dach.

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Il y en a un que ça a bien amusé, et c’est Brendan Gallagher. Un habitué de ce type de confrontation désavantageuse. Car pour ceux qui l’ignorent, Caufield fait 5 pi 7 po et 174 lb, et il a réussi à tasser un joueur — un peu mou, direz-vous — de 6 pi 8 po et 229 lb.

« C’est bien de voir ça. Je pense que Cole va surtout continuer à marquer des buts et on ne verra pas un jeu de ce genre souvent. Mais chaque fois qu’il se sert de son petit gabarit, c’est divertissant. »

Gallagher était à l’évidence fier de parler du « petit gabarit » de Caufield. Il en a rajouté quand un collègue lui a demandé s’il avait montré à Caufield à se débrouiller contre des adversaires de très grande taille. Réponse : « Je ne sais pas ce que c’est d’être aussi petit. »

Dach aussi rigolait un peu devant la séquence. « Ce n’est pas la grosseur du gars, c’est la grosseur de son cœur », a lancé l’auteur d’un doublé.

Plus sérieusement, il se réjouissait surtout de la façon dont le trio qu’il forme avec Caufield et Nick Suzuki a inscrit ses deux buts. L’autre filet a été le résultat du travail de Dach, qui a foncé sur J.T. Miller pour lui faire perdre la rondelle. Deux buts, donc, marqués grâce à du travail soutenu en échec avant. Pas le genre de but que trois joueurs avec de telles aptitudes ont l’habitude de marquer.

« On en a parlé : on voulait dominer le jeu en bas de zone, sous le cercle des mises en jeu, et jouer sur 200 pieds. On sait qu’on a le talent pour marquer des buts en relance, mais c’est bien de marquer des buts de travailleurs », a résumé le grand numéro 77.

Gallagher, lui, a joué de manière générale de la façon que l’on connaît bien, avec toute l’abnégation dont seul lui est capable. Il est rentré clopin-clopant au banc en première période après avoir bloqué un tir, sous les applaudissements de la foule. Offensivement, il a foncé au filet et s’est chamaillé avec le gardien adverse une fois où il a justement trop foncé au goût de Thatcher Demko.

« Chaque fois qu’il sort de la patinoire, il a une nouvelle cicatrice. Ça montre le genre de caractère qu’il a. On ne serait pas l’équipe qu’on est sans lui », a témoigné Dach.

Mais à une autre époque, Gallagher était aussi capable d’aider son équipe en remplissant le filet à raison de 30 buts par saison. On en a parlé plus tôt cette semaine, il le fait moins cette saison. Il est à 2 buts en 14 matchs, mais les gains que le Tricolore vient de coller en 24 heures portent sa signature. Mercredi, pour les raisons susmentionnées. Mardi, à Detroit, en préparant les deux buts de Mike Hoffman, en faisant une autre chose qu’il fait moins cette saison : tirer au but.

Martin St-Louis a connu Gallagher comme rival sur la patinoire.

« Tu savais qu’il allait déranger, qu’il serait dans la peinture bleue. S’il y a une mêlée, tu savais que c’était probablement Gally ! », a lancé St-Louis.

« Peut-être qu’il marquait plus, dans le temps, mais si tu étudies son jeu, je pense qu’il devient un meilleur joueur. Pas nécessairement par ses buts, mais il n’est plus simplement bon pour être le premier en échec avant, bon devant le filet. Il fait encore ça, mais il devient un meilleur joueur. »

Dans cette saison où le Canadien n’a pas toujours le personnel approprié pour toutes les missions, c’est certainement le genre de développement que St-Louis voudra voir chez plusieurs joueurs.

Ils ont dit

Tous les soirs, il y a une histoire. Parfois, c’est le gardien, parfois ce sont tes meilleurs joueurs, parfois ce sont les jeunes défenseurs. Ce que j’aime, c’est que quand on a du succès, ce n’est jamais la même histoire.

Martin St-Louis

La chose la plus importante qu’il fait, c’est qu’il prend soin de l’équipe, que ce soit par un tir bloqué, un gros jeu… Il nous enlève de la pression et nous permet de jouer selon nos propres termes. Il joue bien la game.

Martin St-Louis au sujet de David Savard

Les deux équipes jouaient hier soir. Ç’aurait pu être un match avec deux équipes fatiguées, mais on a connu tout un départ.

Arber Xhekaj

C’est dur de se mettre dans ses souliers, car c’est un rôle dur à comprendre. Tu dois rester prêt. On voit sa croissance et on a de la confiance devant nos deux gardiens.

Brendan Gallagher, au sujet de Samuel Montembeault

Eux aussi disputaient un deuxième match en deux soirs. Il n’y a aucune excuse pour la manière dont on a commencé. […] On a poussé en troisième, mais on se creuse un trou aussi profond, c’est dur de s’en sortir.

Bo Horvat

On n’a toujours pas joué 60 bonnes minutes cette saison. Il faut trouver un sentiment d’urgence.

Oliver Ekman-Larsson

Ce n’est pas bon, nous allons aborder la situation. Ça ne devrait arriver à personne, surtout pas à un gars qui a gagné deux Coupes Stanley et qui sait exactement ce qu’il doit faire.

Bruce Boudreau au sujet de Tanner Pearson, qui a écopé de deux punitions tôt dans le match

Dans le détail

Ambiance sinistre

Quiconque a goûté à l’ambiance sinistre dans le vestiaire du Canadien à l’automne 2021 a eu une franche impression de déjà-vu dans celui des Canucks, mercredi soir. Un silence lourd, des visages longs, des réponses chuchotées. Bruce Boudreau est la cible de multiples critiques depuis le début de la saison — même son président lui a lancé des pointes en public —, et rien dans son langage corporel ne donne l’image d’un entraîneur confiant. « Si j’avais des solutions, je serais un homme riche », a-t-il dit avec un sourire de dépit à un journaliste qui l’interrogeait sur l’inconstance de sa formation. Son équipe avait le même problème l’an dernier, a-t-il fait remarquer. « On ne peut jamais savoir si la période à venir sera bonne ou mauvaise. On n’a jamais accordé moins de trois buts dans un match jusqu’ici, sauf à Pittsburgh. Si on ne commence pas à mieux se défendre, ça ne fonctionnera pas. » Les Canucks profiteront de deux jours sans match avant d’affronter les Maple Leafs à Toronto.

Tous derrière Demko

Ce n’est pas une exagération : Thatcher Demko connaît une saison misérable. Celui qui a prouvé par le passé qu’il pouvait être un gardien dominant dans la LNH n’a remporté qu’un seul de ses dix départs. Après qu’il a accordé cinq buts au CH, voilà son taux d’efficacité à ,874 et sa moyenne de buts accordés à 4,01. L’équipe devant lui ne joue pas bien, certes, mais il n’a pas bien paru lui non plus. Le tir de Nick Suzuki, en début de rencontre, l’a complètement déstabilisé, et il n’a offert qu’une faible opposition à Kirby Dach après un revirement. Qu’à cela ne tienne, ses coéquipiers se sont unanimement rangés derrière lui. « Thatcher ne nous doit rien : il a volé tellement de matchs pour nous, c’est à nous de bien jouer devant lui », a exprimé Bo Horvat. « Les cinq joueurs sur la glace doivent l’aider, on ne l’a pas fait aujourd’hui », a renchéri Elias Pettersson. L’entraîneur-chef Bruce Boudreau a convenu qu’il aurait pu retirer Demko du match à 0-3, mais il a préféré le garder en place pour voir ce qu’il avait dans le ventre. De fait, l’Américain a bien mieux paru en deuxième et en troisième période, mais le mal était fait.

Ça se poursuit pour Montembeault

Les plus cyniques diront que de protéger une avance de quatre buts alors que l’adversaire n’a pas encore tiré 20 fois n’est pas le plus grand des défis pour un gardien. Il n’empêche que chaque nouvelle présence de Samuel Montembeault cette saison confirme à quel point le Québécois a gagné en confiance et en aplomb devant son filet. Avant la rencontre, Martin St-Louis avait souligné combien il sentait son club « solide » à cette position. « Ils ne reçoivent peut-être pas autant d’attention que nos gros marqueurs, mais ils sont une grosse raison de nos succès. » Montembeault lui a donné raison quelques heures plus tard. Malgré l’avance considérable, il s’est notamment signalé en fin de deuxième période avec des arrêts des jambières contre Conor Garland et Brock Boeser. Après cinq départs, il affiche un taux d’efficacité de ,938 à cinq contre cinq, ce qui le place parmi les meilleurs portiers du circuit.

Slafkovsky suspendu pour deux matchs

Quelques heures avant la rencontre, on a appris que Juraj Slafkovsky s’était vu imposer une suspension de deux matchs en raison d’un geste commis la veille à Detroit. L’attaquant a frappé Matt Luff par-derrière, et le joueur des Red Wings s’est retrouvé tête première contre la bande. Ce dernier ratera de deux à trois mois d’activités. Martin St-Louis a parlé de l’« apprentissage » que devra tirer Slafkovsky de cet évènement. Invoquant le « gros bon sens », il n’a pas tenté d’excuser et encore moins de minimiser son geste. « J’essaie d’être honnête, a-t-il résumé. Il faut respecter la décision de la ligue. Si on était de l’autre côté, on en demanderait encore plus. Alors on va prendre les deux matchs. » Slafkovsky a donc fait l’impasse sur le duel contre les Canucks et ne jouera pas non plus samedi contre les Penguins de Pittsburgh.

En hausse

Evgenii Dadonov

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Evgenii Dadonov (au centre)

La barre n’était pas haute, direz-vous, mais c’était assurément le meilleur de ses 10 matchs cette saison. Il a provoqué une pénalité et a enfin été visible offensivement.

En baisse

Joel Armia

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Joel Armia

Personne ne mérite de se retrouver ici chez le Canadien, mais Armia est celui qu’on a le moins vu, malgré une utilisation de près de 15 minutes. Il n’a pas de points après six matchs.

Le chiffre du match

9

Avec deux buts, Kirby Dach a maintenant neuf points (trois buts, six passes) à ses six derniers matchs.