(Tempe, Arizona) Trois ou quatre ans. C’est le temps que les Coyotes espèrent passer dans leur nouveau domicile temporaire. Temporaire, parce que l’organisation table sur un projet de nouvel amphithéâtre tout près du centre-ville de Tempe. « C’est une solution temporaire et je veux que ce soit clair : notre but est à un mile et demi d’ici », a rappelé Xavier Gutierrez, président et chef de la direction des Coyotes, jeudi.

Projet pharaonique

C’est un projet estimé à deux milliards de dollars que les Coyotes visent. Il inclurait un aréna, mais également des hôtels, des commerces et des logements. Le site visé est aux abords de la rivière Salt et en face de l’aéroport Sky Harbor. « C’est un dépotoir de 46 acres qui est contaminé. Ça nécessiterait des dizaines de millions de dollars en décontamination avant d’être utilisable », explique à La Presse le maire de Tempe, Corey Woods, en entrevue à l’hôtel de ville. Le projet serait financé entièrement par des fonds privés, mais le maire reconnaît qu’un congé de taxes et un partage des revenus fiscaux générés par le projet ont été discutés. « Ce terrain ne rapporte aucun revenu en ce moment, donc on ne perdrait rien », estime M. Woods.

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Corey Woods, maire de Tempe

Un vote sous peu

Le maire de Tempe refuse de se prononcer pour ou contre le projet. Mais on ne le sent pas hostile. En juin, le conseil municipal a voté à cinq contre deux pour la poursuite des négociations avec les Coyotes, et M. Woods fait partie de ceux qui ont voté « oui ». « Il n’y a jamais de mal à écouter. Ça ne nous engage à rien », rappelle-t-il. La Ville est actuellement au milieu d’une série d’audiences qui mènera à un vote final sur la question le 29 novembre. Selon Xavier Gutierrez, il faudrait ensuite calculer « de six à huit mois » pour la décontamination, puis « de 22 à 24 mois » pour la construction de l’aréna.

Un appui majeur

Le projet a reçu un coup de pouce cette semaine quand la Chambre de commerce s’y est dite favorable. « J’étais à Los Angeles quand le SoFi Stadium (le stade des Rams et des Chargers) a été construit, et je sais ce qu’un tel projet peut faire », affirme Colin Diaz au bout du fil. Ce dernier déballe ensuite les chiffres : « 13,1 milliards de dollars de revenus sur 30 ans pour la région, 6900 nouveaux emplois permanents », énumère-t-il. Mais encore faut-il que l’équipe connaisse du succès. Depuis leur arrivée en Arizona, les Coyotes occupent le 29rang de la LNH avec une fiche de ,498. Depuis 2009, la moyenne des assistances a dépassé la marque des 14 000 une seule saison. N’y a-t-il pas une crainte de viabilité à long terme si l’équipe demeure embourbée ? « D’une part, le problème de la distance sera réglé, répond-il, en référence à l’ancien aréna de Glendale, situé à une bonne trentaine de minutes de voiture du triangle formé par les villes de Phoenix, Tempe et Scottsdale. De plus, un nouvel aréna incite généralement le propriétaire à investir pour présenter une équipe plus compétitive », répond M. Diaz.

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Gary Bettman

Le caillou dans le soulier

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Le Gila River Arena, aussi connu sous le nom de Desert Diamond Arena

Parlons-en, de Glendale. Il y a trois semaines, Gary Bettman a été interrogé sur le déménagement des Coyotes. « Je suis sûr que ça ira très bien dans le nouvel aréna. Ça ira mieux qu’à Glendale », avait-il dit, avec ce ton enfantin que n’aurait pas renié Donald Trump. Une déclaration que déplore Kevin Phelps, directeur général de la Ville de Glendale. Rappelons que la Ville avait englouti 160 millions dans la construction de ce qui s’appelle maintenant le Desert Diamond Arena, et en était propriétaire. La municipalité estime avoir perdu 59 millions en déficit d’exploitation depuis l’ouverture de l’aréna en 2003. « On a donné une excellente entente aux Coyotes, et chaque mois, le propriétaire disait qu’il voulait s’en aller, peste M. Phelps. Gary Bettman n’a jamais reconnu que les Coyotes étaient les grands responsables de leur mauvaise situation financière. C’est drôle, leur fiche n’est jamais mentionnée. Tu ne peux pas attirer les spectateurs si l’équipe va mal. Mais chaque fois, c’est parce que l’aréna est mal situé. C’est insultant de toujours entendre ça ! » M. Phelps rappelle qu’avec un loyer annuel de 500 000 $, qui comprenait la patinoire pour les matchs et les entraînements ainsi que les bureaux administratifs, les Coyotes bénéficiaient de l’un des baux « les plus avantageux de la LNH ». Devant le refus des Coyotes de s’engager « de 12 à 15 ans » à Glendale, la Ville leur a signifié, à l’été 2021, qu’elle les expulserait de l’aréna au terme de la dernière saison. Des retards de paiements, largement documentés, ont aussi contribué à empoisonner la relation entre les Coyotes et Glendale.

Domicile temporaire

Résultat : les Coyotes joueront désormais dans les installations des Sun Devils de l’Université Arizona State, au centre-ville de Tempe, en attendant le futur aréna, si aréna il y a. L’équipe y détient une entente de trois ans, avec une option pour une quatrième année. Avec les délais évoqués par Gutierrez pour la décontamination et la construction, tout porte à croire que la quatrième année sera nécessaire…