David Savard a choisi de ne pas passer par quatre chemins au moment de tenter d’expliquer ce qui ne va pas avec ce club : « Il faut juste obtenir quelques buts de vidange… »

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Alors voilà.

On peut bien tenter d’élever le hockey, dans son ensemble, à une forme d’art, à un jeu gracieux sur une glace fine, où seuls les plus beaux artistes de la palette peuvent peindre les plus beaux portraits, on en revient essentiellement toujours à la même chose : les vidanges.

Ce que cela signifie, bien sûr, n’a rien à voir avec la collecte des ordures ménagères, plutôt tout à voir avec l’importance de la chose la plus importante au hockey : savoir la mettre dedans.

Ce que le Canadien n’a pas fait assez souvent en ce mardi soir d’octobre face au Wild du Minnesota, encaissant une défaite de 3-1 au Centre Bell.

Les vidanges, donc.

C’est, de l’avis de plusieurs, dont David Savard, ce qu’il manque cruellement au Canadien de cette saison. Phil Esposito en avait fait une carrière, par ailleurs, et si on a bien compris, il faudrait maintenant que les gars du Canadien aient tous un peu d’Esposito dans le nez, et qu’ils aillent se placer là où ça fait mal. Parce que c’est comme ça, souvent, qu’on marque des buts dans cette ligue.

« Il faut juste envoyer des gars dans la face du gardien, a ajouté le vétéran défenseur. Il faut que ce soit intense. Malgré tout, je pense qu’on a fait un pas dans la bonne direction. »

Non loin de là, juste de l’autre côté du vestiaire, Sean Monahan disait somme toute la même chose.

« On a eu nos chances cette fois, a ajouté l’attaquant. Mais il nous faut être en mesure de provoquer de la circulation devant le filet adverse. Il nous faut trouver une façon de provoquer des choses, de nuire au gardien, de lui retirer cette faculté de voir les rondelles. »

Il a d’ailleurs été question de tout ça pendant l’un des entractes, selon le capitaine Nick Suzuki. « Oui, on en a parlé… il fallait essayer de nuire à [Marc-André] Fleury un peu plus. »

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Marc-André Fleury et Nick Suzuki

Mis à part un cadeau de Noël avant le temps, qui a donné un cinquième but de la saison à Cole Caufield, le gardien du Wild n’a par ailleurs pas été trop menacé par les joueurs du Canadien. Fleury a même stoppé un tir de pénalité de Mike Hoffman, avec une certaine naïveté.

Cela étant admis, quand les joueurs se mettent à faire des références comme ça au camion de vidanges, c’est souvent parce que la confiance n’y est plus. Martin St-Louis, pourtant, ne voit pas les choses de cette façon.

« C’est sûr que tu ne peux pas toujours avoir le but parfait qui survient après trois ou quatre passes, a noté l’entraîneur montréalais. Plusieurs buts sont réussis depuis l’enclave, devant le gardien. Il faut qu’un joueur arrive en premier, qu’un autre arrive ensuite au bon moment.

« Mais on a eu beaucoup de chances de marquer, je dirais une bonne vingtaine, et pour être capable de fabriquer des jeux comme ça, ça prend de la confiance. Je pense qu’au chapitre de la confiance, ça va. C’est juste qu’il nous manque un peu de finition. »

C’est drôle, parce que cette saison, l’attaque devait s’avérer un aspect positif chez ce club, alors que c’est en défense que tous les points d’interrogation allaient se trouver. Eh bien, la défense a eu l’air de ça mardi soir : des points d’interrogation à la pelle, en particulier du côté des plus jeunes, les Kovacevic, Guhle (qui a dû partir avant la fin, après avoir reçu une rondelle à l’oreille), Xhekaj, qui ont tous eu du mal à suivre le rythme. Mais ça, c’est le défi qui vient avec une défense aussi verte, et forcément, il y aura des hauts et des bas. Heureusement, Jake Allen a admirablement bien monté la garde.

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Johnathan Kovacevic et Tyson Jost

Reste à voir si le reste du club pourra tenir le coup aussi, surtout à la veille de ce voyage de quatre matchs qui s’amorce, avec un premier arrêt qui est prévu jeudi soir à Buffalo, un endroit où des rêves se brisent régulièrement.

En attendant, ce n’est pas si compliqué : le Canadien doit la mettre dedans. Sans quoi la saison pourrait ressembler à un camion de vidanges qui prend feu.

Dans le détail

Le sourire de Fleury

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Marc-André Fleury

En règle générale, ce n’est pas difficile de faire sourire Marc-André Fleury. Après une soirée de 26 arrêts, de loin sa meilleure performance jusqu’ici cette saison, c’était encore plus manifeste. « Quand on gagne, c’est le fun, et quand il n’y a pas 30 buts qui rentrent, c’est le fun aussi », a-t-il lancé en riant après la rencontre. En n’accordant qu’un but, le Québécois a en effet vu sa moyenne de buts alloués baisser à 4,30 et son taux d’efficacité monter à ,869, à des milles du seuil de respectabilité. À un stade si peu avancé de la saison, ses statistiques individuelles ont encore largement le temps de changer, mais les points de classement amassés, eux, sont précieux. « La course est tellement serrée pour les séries éliminatoires, c’est important d’avoir des points au début de la saison pour ne pas se retrouver en rattrapage », a-t-il rappelé.

« Les Québécois marquent un but »

Du point de vue de Johnathan Kovacevic, le but gagnant du Wild est une catastrophe. Pour les visiteurs, il s’agit plutôt de la consécration du travail acharné de Ryan Hartman en échec avant ainsi que de la connexion entre Frédérick Gaudreau et Brandon Duhaime. Gaudreau s’est détaché de Kovacevic, a laissé Kaiden Guhle se compromettre et a habilement remis le disque à Duhaime, qui a fait mouche sur une manœuvre adroite. « Dewi connaît du succès présentement, il a aussi marqué samedi soir à Boston, a rappelé Gaudreau. Il travaille tellement fort, il est bon partout. » Duhaime a renvoyé les fleurs à son coéquipier pour son « jeu incroyable ». Surtout, celui qui est né en Floride de parents québécois a indiqué que, dans les accolades qui ont suivi le but, Gaudreau lui aurait lancé quelque chose comme « Les Québécois marquent un but ! » – on n’a pas validé pour la formulation exacte. Duhaime a d’ailleurs souligné que Gaudreau et lui s’efforçaient de converser ensemble dans la langue de Richard Garneau.

Le dur apprentissage de Xhekaj

Arber Xhekaj reçoit beaucoup d’éloges depuis le début de la saison. Il lui reste toutefois encore beaucoup de kilomètres à parcourir dans sa route vers l’excellence. Brouillon mardi soir et, disons-le, souvent dépassé, il a privé son club d’un avantage numérique en deuxième période. L’arbitre avait déjà levé le bras pour signaler une infraction commise par Brandon Duhaime lorsque Xhekaj, agacé par Ryan Hartman, s’est vengé sous les yeux de l’homme zébré. Jugé coupable de rudesse, il en a été quitte pour une visite au cachot. « Quand ton équipe va aller en avantage numérique, tu ne donnes pas une chance à l’arbitre de décerner une punition, a estimé l’entraîneur-chef Martin St-Louis après la rencontre. On avait écoulé quelques punitions, on tentait de se réapproprier le momentum. Était-ce une bonne ou une mauvaise décision [de l’arbitre] ? Ce n’est pas important. »

Ils ont dit

Mike Hoffman a un bon tir, je n’étais pas sûr de ce qu’il allait faire. Tu ne peux pas trop anticiper, j’ai voulu être patient. C’était le fun…

Marc-André Fleury

C’est le fun de jouer avec un gardien comme Marc-André. Ça amène de la joie d’être dans le même vestiaire que lui. C’est un futur membre du Temple de la renommée.

Frédérick Gaudreau

 Les gars méritent leur chance de jouer dans la LNH. On développe de jeunes défenseurs, on ne les force pas à être là. Il y a plein d’options dans cette ligue. Je ne force pas Jordan Harris à disputer 25 minutes comme [mardi] soir.

Martin St-Louis

Peu importe la manière dont on marque des buts, il faut aussi s’assurer en premier de ne pas faire trop d’erreurs de notre bord. Il y a des choses que l’on doit corriger.

Mike Hoffman

On a quand même obtenu nos chances de marquer. Je pense que ce n’est qu’une question de temps en ce qui concerne notre jeu en avantage numérique.

Nick Suzuki

En hausse

Jake Allen

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Jake Allen

Sans doute son meilleur match cette saison, et la raison pour laquelle le Canadien était encore dans le coup à la fin.

En baisse

Johnathan Kovacevic

Un match difficile et un revirement bien juteux qui a mené au but gagnant du Wild.

Le chiffre du match

25 min 9 s

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Marco Rossi et Jordan Harris

Le temps de jeu de Jordan Harris, un sommet parmi les joueurs des deux équipes.