Lundi matin, la mêlée de presse de Jeff Petry achève. La conversation se poursuit de façon informelle. On en profite donc pour jaser des vraies affaires, des questions de fond. Par exemple, entre Petry et son partenaire à la ligne bleue, Marcus Pettersson, qui a préséance sur le surnom de « Petey » ?

« C’est lui !, lance Petry en pointant son voisin de casier. Moi, c’est Jeff Petry, ou JP. On me cherche encore un surnom ! »

À Montréal, par contre, il y avait un seul « Petey », un joueur arrivé à Montréal en 2015 avec le profil d’un défenseur d’un deuxième duo, qui a grimpé dans la hiérarchie un peu par la force des choses, quand la santé de Shea Weber est devenue vacillante.

Petry revient à Montréal lundi soir, à l’occasion du passage des Penguins de Pittsburgh. Ce sera sa première visite au Centre Bell en tant que membre de l’équipe visiteuse depuis février 2015.

Son héritage est mitigé. D’un côté, il a atteint la marque des 40 points en une saison à quatre reprises. Seulement six autres défenseurs dans l’histoire du Canadien ont réussi un tel exploit ; depuis l’échange de Chris Chelios (un des six), Petry et Andrei Markov sont les seuls membres de ce club sélect.

D’un autre côté, son différentiel de -55 pendant ses quelque sept saisons ici a rappelé ses carences défensives. Cette statistique est compilée par la LNH depuis 1959, et Petry possède le pire différentiel de l’histoire du Canadien chez les défenseurs. Seul Jonathan Drouin (-59) montre une pire fiche, toutes positions confondues.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Jeff Petry

« Mon séjour ici a été bénéfique, a estimé Petry, devant les micros lundi midi. Si tu regardes ma trajectoire de carrière, je suis devenu le joueur que je suis en grande partie grâce à mon temps passé ici. Je repense aux équipes qu’on avait, à ce qu’on a accompli, c’était assez spécial. »

La présence en finale de la Coupe Stanley, en 2021, fait partie de ces choses « spéciales » que le Tricolore a accomplies pendant son séjour au Québec. Il était alors un des piliers de la défense, jouant 24 minutes par match.

Tout aussi spéciale fut sa descente aux enfers la saison suivante. « Quand je suis arrivé, il connaissait des moments difficiles, a reconnu l’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis. Mais il nous a donné du bon hockey. »

Côté familial, cependant, ça ne fonctionnait pas. Entre autres, des enjeux liés à la vaccination contre la COVID-19 empêchaient sa belle-famille de venir le visiter. Assez rapidement après son entrée en poste, Kent Hughes ne cachait pas qu’il chercherait à accommoder le grand numéro 26, ce qui fut chose faite en juillet.

« Ça a été un soulagement, admet Petry. L’an dernier, ça n’a pas été facile. Obtenir un nouveau départ avec une équipe très talentueuse, ça me donne un nouveau souffle. »

En deux matchs, Petry a amassé une passe et joue près de 22 minutes par match. Il vient évidemment derrière Kris Letang dans la hiérarchie des défenseurs droitiers de l’équipe.

Il dit avoir vu quelques anciens coéquipiers dimanche, et a croisé Paul Byron lundi matin. On devine que les salutations se poursuivront près de la ligne rouge pendant l’échauffement, et dans les corridors du Centre Bell après la rencontre.

Poehling aussi

Dans l’ombre de Petry, ce sera aussi le retour de Ryan Poehling, échangé dans la même transaction que le défenseur, qui a valu au Tricolore Mike Matheson.

Son départ était peut-être passé inaperçu dans cette transaction majeure, mais pas auprès de Sidney Crosby. « C’est un bon joueur, mais une meilleure personne. Quand j’ai été échangé aux Penguins, il m’a texté et il n’avait pas besoin de le faire », a raconté Poehling après l’entraînement.

À Pittsburgh, l’étiquette d’ancien choix de 1er tour (25e au total en 2017) lui collera moins à la peau. « Mentalement, il y a autant de pression, assure-t-il, mais je ne la sens juste pas autant, en raison du nouveau départ.

PHOTO CHARLES LECLAIRE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Ryan Poehling (25)

Son passage à Montréal a été étourdissant. Auteur d’un tour du chapeau à son tout premier match, en fin de saison 2018-2019, il a ensuite passé son temps entre Montréal et Laval. Pendant la saison écourtée 2021, il a même été à Laval pour la totalité de la campagne. L’an passé, l’Américain a eu droit à 57 matchs avec le grand club, amassant 17 points.

« Ils ont essayé de me trouver un rôle, j’essayais toujours de trouver ma place, mais c’était difficile d’en trouver une. Je suis reconnaissant de tout ce qu’ils ont fait pour moi et je suis content qu’ils m’aient échangé. »

Poehling admet qu’il a eu « l’impression » que ses jours à Montréal étaient comptés quand le Tricolore a fait l’acquisition de Kirby Dach. « Je savais qu’ils avaient beaucoup de centres, mais je n’ai pas trop voulu m’en faire avec ça », a-t-il dit.

Soir de première

Contrairement à Petry et Poehling, Pierre-Olivier Joseph vivra le Centre Bell pour une toute première fois en tant que joueur.

Le Québécois s’est taillé une place au sein du troisième duo de défenseurs des Penguins, aux côtés de Jan Rutta.

PHOTO CHARLES LECLAIRE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Pierre-Olivier Joseph (73)

Pour l’heure, sa place n’est pas encore cimentée. L’équipe ne lui a pas encore signifié qu’il pouvait se trouver un logis à Pittsburgh. Il a passé les deux dernières saisons à cheval entre la LNH et la Ligue américaine.

Pour l’heure, il s’est donc trouvé un coloc… du nom de Kris Letang ! « C’est venu de lui, assure Joseph. Il a vu que j’étais seul à l’hôtel. Il a bien fait les choses. J’étais super content d’aller vivre chez lui.

« On a une belle chimie. Je suis content qu’il m’ait pris sous son aile. On a une belle chimie à la maison. C’est le fun de pouvoir apprendre de lui. En tant que jeune Québécois à la défense, ça fait longtemps que je le regarde jouer. »

Si on se fie à ses trois points et à son différentiel de +4 après deux matchs, Letang n’a pas trop l’air déconcentré par le fait d’héberger un coéquipier. Il faut dire que c’est dans les habitudes de la boîte à Pittsburgh, puisque Sidney Crosby (chez Mario Lemieux), Evgeni Malkin (chez Sergei Gonchar) et Jordan Staal (chez Mark Recchi) ont tous été hébergés par des vétérans.

Formation probable des Penguins

Guentzel-Crosby-Rakell
Zucker-Malkin-Rust
Heinen-Carter-Kapanen
McGinn-Poehling-Archibald

Dumoulin-Letang
Pettersson-Petry
Joseph-Rutta

DeSmith