La démission du conseil d’administration et du président-directeur général de Hockey Canada a unanimement été saluée, mardi. Voici quelques réactions recueillies par La Presse.

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Un message fort pour les victimes

Bauer, Tim Hortons, Nike, Canadian Tire et compagnie ont forcé la main aux dirigeants de Hockey Canada, mais ils ont aussi envoyé un message fort aux victimes d’agressions sexuelles, croit Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

C’est un appui aux victimes. Ça nous montre que la société change, que des gens se préoccupent de la violence faite envers les femmes.

Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Mme Riendeau salue d’ailleurs la prise de parole de la ministre des Sports, Pascale St-Onge, qui a exigé au cours des derniers mois des changements au sein de l’organisation nationale de hockey.

« La ministre est intervenue fermement, ce qui a mené les commanditaires à se dire que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’être associés à des gens qui tentent de camoufler des agressions sexuelles. La ministre a joué un rôle et a poussé la société à réfléchir à ces questions », ajoute Mme Riendeau.

« Même si les victimes ont vécu des drames qui ne sont pas encore reconnus par Hockey Canada et par les agresseurs, ça envoie quand même le message que la société, elle, se préoccupe de ce qu’ont vécu ces femmes. »

Perte de légitimité

« Autant on dit que ça prend une communauté pour élever une enfant, autant ç’a pris la communauté pour dire “ça suffit” ! », lance Danièle Sauvageau, qui a remporté la médaille d’or à titre d’entraîneuse de l’équipe féminine de hockey sur glace aux Jeux olympiques de Salt Lake City, en 2002.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Danièle Sauvageau

L’analyste sportive déplore que Hockey Canada n’ait pas pris au sérieux les allégations d’une femme qui affirme avoir été agressée sexuellement par des joueurs de l’équipe junior du Canada, en juin 2018. « S’ils avaient reconnu qu’il y avait une problématique, s’ils avaient mis en place des mécanismes d’enquêtes internes, s’ils avaient fait de l’éducation, s’ils avaient mis en place un code de conduite », énumère-t-elle. « Mais ç’a pris quatre ans et non seulement ç’a pris quatre ans, mais il a fallu que ça soit rendu public avant qu’ils agissent. C’est là qu’ils ont perdu leur légitimité, à mon avis. »

L’entraîneuse souligne le travail de Hockey Québec (et de son directeur général Jocelyn Thibault), qui a été la première fédération à suspendre le versement de 3 $ par inscription à Hockey Canada. La décision a eu un effet boule de neige. Elle insiste aussi pour ne pas tomber dans la généralisation. « Hockey Canada, ce sont aussi tous ceux et toutes celles qui jouent au hockey à travers le pays. »

Les membres saluent les départs

Hockey Québec ne compte pas remettre 3 $ par inscription à Hockey Canada malgré la démission du conseil d’administration et du PDG. Du moins, pas à court terme. « Le 3 $, quand on l’a retiré, c’était conditionnel à une reddition de comptes. Ça ne change pas », souligne Marie-Joëlle Desaulniers, directrice des communications de Hockey Québec.

Dans un communiqué diffusé durant la journée de mardi, l’organisation provinciale a indiqué avoir pris connaissance des démissions en bloc.

Ce dénouement, qui nous paraissait inévitable, permettra à l’organisation de poser un nouveau regard sur les défis à relever.

Hockey Québec

« Maintenant, il est essentiel de nous assurer que les futurs administrateurs posent des gestes concrets pour effectuer des changements en profondeur en termes de respect, d’intégrité et de culture. Nous serons actifs afin de proposer des solutions, attentifs aux prochaines étapes, et nous représenterons les intérêts de nos joueuses et joueurs, parents, bénévoles et participants. »

Les fédérations de hockey d’autres provinces comme l’Ontario et le Nouveau-Brunswick ont également applaudi le départ de la direction de Hockey Canada.

L’argent parle

« J’ai rarement vu autant de pression sur une organisation », affirme pour sa part Bernard Motulsky, professeur au département de communication publique et sociale de l’Université du Québec à Montréal. « Hockey Canada avait de la pression du côté politique, mais aussi de la pression de la part des commanditaires qui se retiraient les uns après les autres. »

Il soutient que c’est le retrait des commanditaires – et surtout de leur argent – qui a forcé la main de Hockey Canada, mardi. « Ils ont envoyé le signal que ça ne pouvait plus continuer. »

M. Motulsky affirme d’ailleurs que les futurs dirigeants de Hockey Canada feront face à d’énormes défis. « Ç’a traîné, mais c’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Il faut remplacer les haut placés et changer entièrement la culture de cette organisation », souligne-t-il.