« Parfois, tu sens que c’est le moment de passer à autre chose. J’avais l’impression que je n’avais plus ma place. »

Ces mots sont ceux de Scotty Bowman. Le vénérable homme de hockey n’est plus employé des Blackhawks de Chicago. Il en a fait lui-même l’annonce sur son compte Twitter, mardi après-midi. La Presse l’a joint par téléphone environ une heure plus tard.

« Ils ne voulaient pas faire d’annonce, alors je me suis dit que j’allais la faire moi-même », explique celui qui était jusqu’au 1er juillet dernier le conseiller principal des opérations hockey des Blackhawks.

L’homme de 88 ans, né à Verdun, occupait ce poste depuis 14 ans. Mais la dernière année a été difficile. Il y a eu le scandale lié à l’affaire Kyle Beach. Et la démission de son fils Stan Bowman, directeur général de l’organisation depuis 2009, qui en a résulté.

Scotty Bowman dit qu’il a quitté l’équipe en termes « corrects », sans plus.

« Ce qui s’est passé avec mon fils Stan a été dur, raconte-t-il. Je ne me sentais plus aussi bien qu’avant. Mais j’ai vécu 14 belles années. J’ai eu la chance de travailler avec mon fils, ce qui est toujours spécial. Plusieurs n’ont pas cette chance. »

Le nouveau directeur général Kyle Davidson, en poste depuis octobre 2021, a enchaîné les décisions controversées dans les dernières semaines. Au centre desquelles se trouve l’échange d’Alex DeBrincat, vedette offensive de l’équipe, aux Sénateurs d’Ottawa en retour de choix au repêchage.

Mais ces mouvements de personnel n’ont pas eu d’impact sur la décision de Scotty Bowman. Elle a été prise « avant le repêchage, à la fin du mois de juin », assure-t-il.

« Le hockey a été ma vie »

Scotty Bowman a beau être âgé de 88 ans, avoir remporté la Coupe Stanley à neuf reprises et être considéré comme le meilleur entraîneur-chef de tous les temps dans la LNH, il n’a pas encore dit son dernier mot.

« Je peux encore offrir certaines choses à des gens », estime-t-il.

« Mon esprit est encore vif. Je connais encore ce sport, même s’il a beaucoup changé. J’ai toujours été capable de suivre son évolution. Ce n’est pas un enjeu pour moi. »

Il partage son temps entre East Amherst, en banlieue de Buffalo, et Sarasota, en Floride. Il passe environ huit mois par année à son domicile de l’État du sud des États-Unis, à un peu plus d’une heure de route du domicile du Lightning de Tampa Bay. Bowman va d’ailleurs régulièrement voir des matchs à l’Amalie Arena.

« Je crois que je n’ai manqué que six matchs la saison dernière ! », lance notre interlocuteur d’un ton enjoué.

Un poste avec le Lightning serait-il une possibilité, alors ?

« Ça peut être n’importe quelle équipe, explique-t-il. Je ne vais pas déménager. […] Et je ne suis pas pressé de prendre une décision. »

Il a essentiellement la même réponse lorsqu’on l’interroge à propos de l’option du Canadien de Montréal, club avec lequel il a remporté cinq Coupes Stanley dans les années 1970.

Je crois que je peux aider quelqu’un. Si ça se passe, tant mieux. Sinon, je ne vais pas me morfondre à la maison.

Scotty Bowman

« J’aime me tenir occupé, poursuit-il. Le hockey a été ma vie. Mais si je ne suis pas avec une équipe, ce n’est pas la fin du monde ! » La dernière partie de cette phrase, il la prononce en français.

Bowman a aussi remporté les grands honneurs avec les Penguins de Pittsburgh en 1992, en plus de soulever le précieux trophée trois fois avec les Red Wings de Detroit (1997, 1998 et 2002).

Il a œuvré dans la LNH pendant 62 ans, lui qui a été embauché par les Blues de St. Louis en 1967.

Bowman a fait son entrée au Temple de la renommée du hockey en 1991.