(Toronto) La beauté, avec ce genre de rencontre, c’est qu’on ne peut pas se tromper.

Si le Lightning de Tampa Bay l’emporte, il se donne la chance d’avancer vers une troisième conquête de la Coupe Stanley de suite. Si les Maple Leafs de Toronto gagnent, à domicile de surcroît, ils s’enlèveront des tonnes de pression des épaules, démontrant enfin qu’ils sont capables de remporter une série, ce qu’ils ont échoué à faire depuis 2004. Du même coup, ils feraient tomber un géant.

Il n’y a pas vraiment de mots trop forts pour décrire à quel point ce match numéro 7 est attendu. Il est déjà acquis que le Scotiabank Arena de Toronto sera le lieu de toutes les hystéries. Au cours des dernières années, Mitch Marner a vu cet amphithéâtre exploser pour les Raptors, notamment quand ils ont remporté le championnat de la NBA en 2019. Il s’attend à la même chose des partisans de la Ville-Reine ce samedi soir.

Ce dont Marner avait moins envie de jaser, après l’entraînement matinal de son club, c’est de la guigne qui afflige l’organisation. Il avait à peine 6 ans lorsque les Leafs sont venus à bout des Sénateurs d’Ottawa au septième match du premier tour, en 2004. Non seulement n’en garde-t-il pas de souvenir particulier, mais il croit que ses coéquipiers et lui n’ont pas à porter le poids des échecs passés. « On est ici et maintenant, avec une belle chance qui s’offre à nous », a-t-il résumé.

Les deux déficits de 0-2 que les Leafs ont effacés au cours des deux derniers duels donnent confiance à Marner que son équipe possède ce qu’il faut pour ressortir vivante de cet ultime choc. Cela trahit néanmoins deux faux départs, une vilaine habitude que les Leafs ont… dans les matchs ultimes.

Défaites des Maple Leafs lors de matchs ultimes

  • 2021 : Le Canadien de Montréal marque les trois premiers buts et l’emporte 3-1.
  • 2020 : Les Blue Jackets de Columbus gagnent 3-0.
  • 2019 : Les Bruins de Boston se donnent une avance de 2-0 et gagnent 5-1.
  • 2018 : Les Bruins concluent la première période en avance 3-2 puis triomphent 7-4.

William Nylander se souvient trop bien de ces quatre contre-performances. « Je pense qu’on est sortis à plat parce qu’on avait peur de perdre », a-t-il avancé. Il a toutefois assuré avoir bien dormi et bien gérer sa nervosité à l’approche de cet autre test.

« On sait ce qui est à l’enjeu, assure-t-il. La meilleure équipe va gagner. »

Autant Marner que Nylander semblaient avoir franchement envie de changer de sujet. Car chaque nouvelle déconfiture de cette équipe riche en talent renforce la réputation d’un club incapable de triompher lorsque les circonstances l’imposent.

L’entraîneur-chef Sheldon Keefe a tenté de se faire rassurant. « Je ne ressens aucune nervosité, a-t-il lancé. Je n’ai jamais eu autant confiance en cette équipe. Les joueurs seront relax et joueront avec énergie. »

« Quelque chose de grand »

Quoi qu’en dise Keefe, l’impératif de gagner est certainement plus grand pour les Leafs que pour le Lightning.

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L’entraîneur-chef des Maple Leafs de Toronto, Sheldon Keefe

Dans le camp des Floridiens, on semblait d’ailleurs beaucoup plus détendus, en contrôle. Était-ce pour bien paraître devant les caméras ? Seule l’issue du match le dira.

L’entraîneur-chef Jon Cooper a tout de même reconnu que son équipe avait la chance d’accomplir « quelque chose de grand » – lire ici : poursuivre sa route vers une troisième coupe Stanley. « Défonçons cette porte, allons chercher cette victoire. »

Selon lui, la rencontre sera incontournable [must-see TV] pour les partisans de toutes allégeances. « C’est bon pour le sport, a-t-il dit. Les doubles champions affrontent une équipe issue d’une longue tradition, très populaire. Ces moments ne passent pas souvent. Je suis chanceux d’en faire partie. »

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L’entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay, Jon Cooper

Souriant, Corey Perry a pour sa part rappelé que c’est ce genre de matchs qui « crée des héros ».

« Ce peut être quelqu’un dont on n’a jamais entendu parler, a-t-il noté. Que tu aies beaucoup d’expérience ou très peu, ça n’importe plus. Tout le monde est nerveux et réagit différemment. C’est emballant. »

Parlant d’expérience, Perry disputera samedi le 10e match numéro 7 de sa carrière, tout comme son coéquipier Ryan McDonagh.

Malgré tout, le défenseur affirme qu’il n’y a pas 10 000 façons d’expliquer le sentiment qui l’habite à l’approche de la rencontre. « Tout est sur la table, a-t-il dit. Tu as la chance de continuer de te battre pour la coupe… ou pas. Nous devons nous faire confiance et exécuter le plan de match du mieux que l’on peut. »

Le match s’amorcera à 19 h.