(New York) Pour des raisons évidentes, Alexis Lafrenière est suivi de près par les amateurs québécois. Son parcours n’a pas été typique de celui d’un premier choix au total — nous y reviendrons — mais un autre Québécois des Rangers vit des moments difficiles, plus discrètement.

Ce joueur, c’est Julien Gauthier, qui aura droit à un privilège rare mercredi, contre le Canadien : il sera en uniforme. Pour le colosse de Pointe-aux-Trembles, ce sera seulement un troisième match en plus d’un mois.

« À la date limite des transactions, on a amené trois ou quatre joueurs et on n’a pas sorti personne. Ce n’est pas évident comme situation, je ne le cacherai pas, a admis Gauthier, après l’entraînement matinal des Rangers. Mais je travaille fort et on ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Récapitulons. Le 16 mars, les Rangers obtiennent l’attaquant Frank Vatrano des Panthers. Le 21 mars, Andrew Copp et Tyler Motte s’ajoutent à la formation, chaque fois contre des espoirs ou des choix au repêchage.

Depuis le 16 mars, Gauthier a donc été laissé de côté 18 fois en 20 matchs. Tout ça sans vraiment avoir eu, dit-il, de discussion avec ses patrons. « J’aimerais ça, mais je n’ai eu aucune conversation. Zéro. Je suis un peu dans le néant, ce n’est pas évident comme situation », a-t-il répété.

Gauthier, 24 ans, avait été repêché au 1er tour (21e au total) par les Hurricanes en 2016, et est passé aux Rangers en février 2020. Il compte 7 points en 48 matchs, avec un temps de jeu moyen de seulement 10 minutes par match.

À 6 pi 4 et 227 lb, il a certainement la charpente pour jouer en séries. Reste à voir s’il en aura la chance. « Je suis un gars robuste avec une bonne vitesse. Mais la décision ne me revient pas, c’est au coach », a rappelé le Québécois.

Mercredi, il aura cette chance parce que Copp et Artemi Panarin sont sur la touche et rateront le match. Gerard Gallant assure que ce n’est rien de sérieux pour les deux attaquants. Il faut dire que le sort des Rangers est réglé ; ils sont assurés de terminer au 2rang de la Division métropolitaine.

De bons mots pour Lafrenière

De son côté, Lafrenière a eu droit aux compliments de Gallant, au lendemain d’un match dans lequel il a inscrit son 18but de la saison.

« Il est devenu un homme, il est arrivé en forme au camp, a lancé l’entraîneur-chef. On lui a demandé d’être bon sur 200 pieds et il l’a fait. Il a seulement 20 ans. On l’a laissé de côté pour quelques matchs en guise de rappel. Il a bien répondu, il a marqué de gros buts. Il a 18 buts, c’est bon à 20 ans. Ce n’est pas facile d’être un premier choix au total. On est contents de lui. »

Les Rangers sont bien servis à gauche, avec Panarin et Chris Kreider. Le premier flirte avec la centaine de points (96 en 75 matchs), le second tutoie le plateau des 50 buts (il en compte 52). La situation force donc Lafrenière à jouer tantôt à droite, tantôt au sein du troisième trio, ce qui fait de lui « un meilleur joueur », estime Gallant.

« On lui dit toujours : si tu veux marquer, regarde Chris Kreider. Il a 52 buts et la plupart sont marqués près de la peinture bleue. C’est un bon modèle à observer. »

Le retour de St-Louis

C’est donc une jolie machine de hockey qui attend le Canadien, mais c’est aussi une équipe qui dispute deux derniers matchs sans enjeu. Il faudra voir si ce sera suffisant pour permettre au CH d’éviter une 10défaite de suite. Mince consolation pour les plus optimistes : le record d’équipe de 12 défaites d’affilée ne pourra pas être battu cette saison, puisqu’il ne reste que deux matchs à jouer.

À l’entraînement, ça ne ressemblait toutefois pas à une équipe en pleine tourmente. Les entraîneurs adjoints ont même organisé un court duel à 3 contre 3, contre les réservistes Mathieu Perreault, Chris Wideman et Kale Clague. Les coachs l’ont emporté et ont célébré leur triomphe avec un enthousiasme contagieux.

Les mauvaises langues diront que la victoire d’anciens joueurs à la retraite depuis un cycle olympique ou plus est peut-être un indice de ce qui ne va pas dans cette équipe, mais nous n’irons pas là.

« Il faut bâtir quelque chose, a rappelé un Cole Caufield de peu de mots. On ne peut pas trop penser à l’an prochain non plus. Mais évidemment, on aimerait que la prochaine saison commence dès demain. »

Si Caufield ne s’est pas éternisé au micro, St-Louis était en verve, lui qui a chaleureusement salué quelques collègues de la presse new-yorkaise, qui ont couvert sa dernière saison et demie dans la LNH, en 2014 et 2015.

Ses meilleurs souvenirs ? « Malheureusement, c’est d’avoir marqué un but en prolongation contre le Canadien !, a-t-il lancé, en éclatant de rire.

« Ça faisait 13 ans que je jouais à Tampa, j’arrive dans une nouvelle équipe, j’essaie de faire ma place. Ma mère est morte pendant les séries. Le match de la fête des Mères contre Pittsburgh, mon but en prolongation dans le match 4 contre Montréal, ce sont mes plus beaux souvenirs. »

On verra si ses joueurs lui permettront de garder un autre bon souvenir du Madison Square Garden.

Caufield en réflexion

Par ailleurs, Caufield a indiqué avoir été contacté par USA Hockey en vue du Championnat du monde, qui s’amorce dans deux semaines, en Finlande. Il n’a toutefois rien indiqué sur ses intentions.

« Je suis en train d’y réfléchir. Pour le moment, je me concentre sur la fin de la saison », a-t-il répondu.