Carey Price a l’habitude de se retrouver dans les faits saillants à Montréal depuis une quinzaine d’années. Tantôt pour des arrêts miraculeux. Tantôt pour des buts accordés au mauvais moment.

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Plus rarement pour des moments comme ce qu’on a vu mardi.

Ça se passait pendant une pause publicitaire. Sa femme et ses enfants étaient assis dans la première rangée, dans son coin ; Price s’est dirigé vers eux et y a passé une bonne minute. Il a même eu le temps d’engager la conversation avec Millie, sa fille cadette. « Elle se demandait pourquoi il y a des gens qui enlèvent la neige pendant les pauses », a révélé le gardien.

Notre confrère Marc-André Perreault a capté la séquence.

Ce moment s’ajoutait à l’échange fort sympathique que Price avait eu avec Marc-André Fleury pendant l’échauffement. Fleury avait beau jeu d’être détendu, c’était son partenaire, Cam Talbot, qui défendait le filet. Mais Price, lui, avait un match à jouer 30 minutes plus tard. Disons que ça ne paraissait pas.

Ce sont pourtant ses coéquipiers qui ne semblaient pas prêts à la mise au jeu initiale. Ils ont été assiégés dans leur territoire pendant de longues minutes, tandis que Price faisait ce qu’il fait de mieux. Il interceptait les dégagements du Wild derrière le filet avec l’aisance que d’autres affichent en rangeant la vaisselle dans les armoires. Il a calmé la tempête et a gardé son équipe dans un match qui aurait pu lui échapper assez rapidement. Ça s’est conclu 2-0 pour les visiteurs.

Un autre zéro pour le CH devant Price. Comme vendredi, lors de son retour. Comme aussi lors du cinquième match de la finale de la Coupe Stanley, celui au terme duquel les joueurs du Lightning ont soulevé le trophée.

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Carey Price durant les hymnes nationaux

Et pourtant, Price trouvait le moyen de sourire, de relativiser cette pénible fin de saison, en entrevue d’après-match. Le Price souvent maussade – surtout après les matchs – des dernières années a fait place à un homme affable, généreux dans ses réponses.

« À mes deux matchs, on a très bien joué. On a exercé de la pression. Quand on utilise notre vitesse, on est à notre meilleur niveau. Ce soir, nos replis étaient meilleurs et on tuait davantage de jeux dans notre zone », a-t-il expliqué.

Et son propre jeu, après une soirée de 28 arrêts ? « J’y arrive. Ça me semble moins chaotique devant moi. Tout joueur qui rate un bon bout de temps dira qu’au début, ses lectures de jeu ne sont pas aussi bonnes qu’en temps normal. Je sens que le jeu ralentit. »

Un entourage qui change

C’est bien tant mieux pour Kent Hughes si Price garde le sourire, car ça bouge beaucoup autour de lui.

Son bon ami Shea Weber est écarté cette saison et on ne devrait plus le revoir sur une patinoire de la LNH. Jeff Petry, dont il est devenu proche au fil des ans, est appelé à changer d’adresse au cours de l’été. Hughes ne cache pas qu’il tentera de l’échanger.

Et voilà qu’un nuage flotte au-dessus de Paul Byron, que Price a décrit en ces termes : « Il est devenu un ami très proche et je lui suis reconnaissant d’avoir toujours été là pour moi. »

Or, Martin St-Louis n’avait guère été rassurant au sujet de Byron lundi. Il avait reconnu que l’attaquant, opéré à la hanche l’été dernier, continuait à jouer en dépit d’une blessure. C’est d’ailleurs pour gérer cette blessure qu’il a été laissé de côté samedi.

« Je ne sais pas à quoi ressemble l’an prochain pour Paul, je ne sais pas comment il se sent en se levant le matin. Mais dès qu’il joue, même s’il se sent à 60 %, il donne 110 % », disait St-Louis lundi.

Cette fois, Byron était bel et bien en uniforme, mais il a abdiqué au terme de six présences en première période. Après le match, St-Louis a indiqué qu’il s’agit d’une blessure qu’il traîne « depuis quelques semaines ».

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Nick Bjugstad, Jeff Petry et Cam Talbot

« Il lutte chaque jour pour être capable de continuer à jouer cette année. Il veut aider l’équipe. C’est une blessure qui le dérange depuis un bon moment et il essaie de composer avec. C’est difficile de ne pas l’avoir à 100 % », a résumé l’entraîneur-chef.

Byron n’a plus l’impact qu’il a déjà eu sur la patinoire, mais il demeure une inspiration pour ses coéquipiers, un modèle d’acharnement. « Il est très important dans l’équipe. Quand il joue, il amène de l’énergie, de la constance », a résumé Cole Caufield.

Il est prématuré de s’avancer sur l’avenir de Byron au-delà de ce printemps. Il faudra d’abord entendre ce que le principal intéressé a à dire sur le sujet. Mais il est clair que le noyau qui a entouré Price ces dernières années change à la vitesse grand V.

En bref

Allen surutilisé ?

La saison de Jake Allen est terminée depuis qu’il s’est blessé le 9 avril dernier à Toronto. Allen était revenu au jeu trois semaines plus tôt, et avait obtenu le départ dans 11 des 12 matchs du Canadien. L’agent d’Allen, Allain Roy, s’est prononcé sur l’utilisation de son client auprès de notre confrère Éric Leblanc, de RDS. « Je ne suis pas certain que je choisirais les mots “trop utilisé”, mais ça faisait beaucoup de matchs en peu de temps, a dit l’agent acadien. Peut-être que si Montembeault avait été inséré dans la mêlée après trois ou quatre matchs [au lieu de cinq départs d’affilée], ça aurait pu sauver les choses, mais c’est trop tard maintenant. C’est dommage, mais ça faisait beaucoup de matchs très actifs pour lui. » Après le match, St-Louis s’est fait demander si l’utilisation d’Allen avait été débattue à l’interne, à la lumière de la blessure qu’il a subie. « Non, on n’en a pas discuté », a répondu l’entraîneur-chef.

Ils ont dit

On a eu des chances, je ne sais pas si on tient les bâtons trop serré, mais on crée des chances. Il faut juste trouver une façon de marquer. Ça fait deux fois qu’on affronte de très bons gardiens. Je dois lever mon chapeau à mon rival.

Carey Price

J’ai grandi en admirant Carey Price, alors de marquer contre lui, c’était assez spécial. Tout s’est déroulé vite sur le jeu. Je n’ai pas pensé tirer avec le bâton entre les jambes, ç’a été un réflexe. Ce n’est pas non plus un jeu que je répète assidûment, même si on essaie ces trucs pour s’amuser à l’entraînement.

Matt Boldy

Sur mon but en supériorité numérique en première période, un de leurs joueurs [Laurent Dauphin] a brisé son bâton et il est allé le récupérer au banc des joueurs. J’en ai profité pour trouver l’ouverture dans l’enclave et Mats [Zuccarello] m’a bien repéré.

Kevin Fiala

Je pensais que le but était bon. Je n’ai pas vu l’obstruction, j’étais concentré sur la rondelle. Je n’ai pas vu la reprise non plus, alors je ne peux pas vraiment en parler, mais j’espérais que ce soit bon.

Tyler Pitlick, au sujet du but qui lui a été refusé

Je démontre que je peux encore jouer à ce niveau, que ce soit en amassant des points ou en faisant les petites choses qui permettent de gagner des matchs. En espérant que ça continue.

TylerPitlick, en dernière année de contrat

En hausse 

Nick Suzuki

Une performance plus assurée après un passage plus difficile dernièrement. Il a fabriqué moult chances de marquer pour ses coéquipiers et se sert de ses succès comme tireur du côté droit en avantage numérique pour se dégager des lignes de passe.

En baisse 

Cole Caufield

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Cole Caufield et Joel Eriksson Ek

Il a généré quelques occasions en zone adverse, mais ses maladresses en avantage numérique ont fait mal à son équipe.

Le chiffre du match

3

Le Canadien ne compte que 3 victoires en 15 matchs depuis la date limite des transactions (3-10-2).

Dans le détail

Un cadeau de M. Fenton

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Kevin Fiala (22)

Le règne de Paul Fenton, entre Chuck Fletcher et l’actuel directeur général Bill Guerin, n’a pas duré très longtemps, à peine plus d’un an, entre mai 2018 et juillet 2019. Les échanges de Nino Niederreiter contre Victor Rask et de Charlie Coyle contre Ryan Donato et un choix de quatrième tour ne l’ont pas rendu populaire au Minnesota. Sans compter sa décision de nommer son fils responsable du recrutement amateur et ses relations de travail toxiques. Le départ de l’une des stars de l’équipe, Mikael Granlund, a aussi donné lieu à de sévères critiques, mais trois ans plus tard, le joueur obtenu en retour, Kevin Fiala, 25 ans, fait passer Fenton pour un génie. Fiala, l’ailier gauche du deuxième trio avec le Québécois Frédérick Gaudreau au centre et le jeune Matt Boldy à droite, a marqué son 30e but de la saison en première période mardi contre le Canadien et il a obtenu une aide en troisième pour atteindre pour la première fois de sa carrière la marque des 75 points en une saison. Il s’agissait d’un 13e point en sept matchs pour Fiala. Il a amassé 169 points en 190 matchs lors des trois dernières années. Granlund, 30 ans, va un peu mieux cette année à Nashville, mais il est toujours loin du joueur de 69 points au Minnesota.

Tyler Pitlick survolté !

Tyler Pitlick, ce modeste ailier de quatrième trio du Canadien obtenu dans l’échange de Tyler Toffoli afin de permettre aux Flames de Calgary de se soulager de son salaire, a probablement connu son meilleur match depuis son arrivée chez le CH. Pitlick a provoqué une pénalité en première période aux dépens du brillant Jonas Brodin, s’est échappé devant Talbot plus tard dans l’engagement, et a vu son but refusé après une contestation du Wild en raison d’une obstruction de Laurent Dauphin à l’encontre du gardien Cam Talbot. Pitlick était-il motivé par cet échange entre les Flyers et les Stars le 24 juin 2019 ? Ce jour-là, le DG Chuck Fletcher l’avait obtenu de Dallas en retour d’un certain Ryan Hartman. Celui-ci allait devenir joueur autonome avec compensation et demandait trop cher au goût des Flyers. Il restait un an au contrat de Pitlick, à un salaire annuel d’un million. Les Stars n’ont pas gardé Hartman une semaine. Ils voulaient simplement retrancher le salaire de Pitlick. Le Wild et Paul Fenton (encore lui !) ont sauté sur l’occasion et lui ont offert un contrat de deux ans. Hartman est le premier centre du Wild cette saison, poste qu’il occupait toujours mardi soir entre Kirill Kaprizov et Mats Zuccarello. Hartman a 59 points, dont 31 buts, cette saison…

Talbot fouetté par l’arrivée de Fleury

Cam Talbot ne connaissait pas une grande saison au Minnesota, ce qui a incité Bill Guerin à céder un choix de deuxième tour à la date limite des échanges pour obtenir Marc-André Fleury (ce choix de deuxième tour deviendra un choix de premier tour si le Wild atteint le carré d’as et que Fleury remporte au moins quatre matchs dans les deux premiers tours des séries). Talbot ne s’est pas laissé abattre, au contraire. Ce vétéran de 34 ans a obtenu un blanchissage de 3-0 le soir de la date limite des échanges et remporté les deux rencontres suivantes par un score identique de 3-2. Talbot a une fiche de 6-0-3 depuis l’arrivée de Fleury. Le gardien québécois n’était pas d’office au Centre Bell mardi, mais il ne s’agissait pas d’un affront à son endroit de la part de l’entraîneur Dean Evason. C’est simplement qu’on respecte une rotation à chaque rencontre. Talbot n’a pas été spectaculaire, mais il a été efficace contre le Canadien mardi, pour obtenir son troisième blanchissage de la saison. « Peu importe qui se trouve devant le filet, on est en confiance, ce sont deux murs, a confié le jeune attaquant Matthew Boldy après la rencontre. Cam nous a tenus dans le match et j’étais content qu’il puisse obtenir ce blanchissage. » Fleury a une fiche de 6-1, une moyenne de 2,84 et un taux d’arrêts de ,921 avec le Wild. Les gardiens du Minnesota sont dirigés par l’ancien du Canadien Frédéric Chabot.

Mathias Brunet, La Presse