La foule n’en avait que pour Carey Price. Au début de l’échauffement, à ses premiers tirs pendant l’échauffement, lors de la présentation des joueurs.

Mais avant d’arriver à Price, il y avait un autre grand à fêter, un grand qui n’a jamais joué pour le Canadien, mais qui compte quatre bagues de la Coupe Stanley et une plaque à Toronto.

Le Tricolore a rendu un hommage de bon goût à Mike Bossy en avant-match, vendredi. Un montage vidéo, un texte lu par le toujours solennel Michel Lacroix et un moment de silence observé par une foule qui venait d’applaudir Price à tout rompre.

Le Tricolore souhaitait rendre un hommage bien senti, mais sobre, afin de ne pas non plus « voler le show » aux Islanders, qui auront la chance de présenter leur propre hommage mardi prochain, à leur retour à domicile.

La cérémonie a été modeste, à l’instar de la personne qu’était Bossy. Sa modestie se sent à travers les divers témoignages livrés par ses anciens coéquipiers depuis l’annonce de sa mort, vendredi matin.

On percevait cette même modestie dans la tranche de vie racontée par Martin St-Louis à l’entraînement matinal du CH, vendredi.

« J’ai grandi à Laval. Je suis né en 1975, j’ai quand même une idée de l’impact qu’il a eu, a raconté l’entraîneur-chef par intérim du Canadien. Mike n’était pas seulement extraordinaire sur la glace. Quand j’étais jeune, il venait donner les trophées au banquet de Hockey Laval. J’ai des photos avec Mike quand j’étais jeune. Il donnait son temps et venait encourager les jeunes. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Un fan de Mike Bossy durant l’hommage au début du match

L'idole du père d’Anthony Beauvillier

Anthony Beauvillier, lui, est né au printemps 1997, soit exactement 10 ans après le dernier match de Mike Bossy. N’empêche que l’attaquant des Islanders a été marqué par la modestie de ce dernier, à sa façon.

Dans son cas, c’est par l’entremise de son père, Sylvain, qui était ravi de voir Anthony repêché par les Islanders, en 2015.

« Mon père était un fan des Islanders en grandissant en raison de Mike Bossy, a raconté Beauvillier, vendredi après-midi, quelques heures avant le duel contre le Canadien. Ça faisait de moi un fan des Isles aussi, veut, veut pas. Dès que j’ai mis le chandail, il m’a dit : “Comme mon idole, Mike.” C’est juste le destin qui a bien arrangé les choses. »

Pour des raisons évidentes, Beauvillier n’allait pas s’étendre en long et en large sur les qualités de Bossy comme joueur. Comme toute personne de moins de 40 ans, il connaît essentiellement les statistiques et a vu passer des faits saillants ici et là.

Par contre, en sa qualité de membre des Islanders, il a été appelé à rencontrer le regretté numéro 22 à quelques reprises, ce qui lui a permis de connaître l’homme derrière les records et les trophées. Lors d’une de ces rencontres, Beauvillier avait d’ailleurs demandé à Bossy de prendre une photo en sa compagnie, afin de rendre « jaloux » le paternel.

Quand je lui ai demandé la photo, on riait. Je lui ai dit qu’il avait toujours été l’idole de mon père. Il m’a dit : “Non, non, ce n’est pas vrai.” Ce sont de beaux moments dont je vais me souvenir.

Anthony Beauvillier

Après le match, c’était au tour d’un autre jeune Islander d’y aller de son grain de sel. Mathew Barzal est lui aussi un modèle 1997, né deux semaines avant Beauvillier. Il a évoqué une rencontre avec Bossy à Montréal quand Barzal faisait ses premiers pas dans la LNH, « une bonne conversation, on a ri un peu, il m’a parlé de ce que c’est de jouer pour les Islanders, de ce que ça prend pour être un joueur d’élite ».

Ce qu’il a retenu de sa personnalité ? « C’était simplement plaisant de lui parler. Je ne sentais pas que je parlais à un gars de son statut, à un membre du Temple de la renommée, a raconté le numéro 13 des Islanders. Parfois, ces joueurs n’ont pas de temps pour toi ou voudraient être ailleurs. Mais je crois qu’on aurait pu jaser une demi-heure. Ça en dit long sur la personne qu’il était. »

Sale temps pour les anciens Islanders

Anders Lee est l’aîné de Barzal de sept ans. Sauf qu’étant né en 1990, il n’a pas davantage vu jouer Bossy !

Mais Lee est également capitaine des Islanders et cette organisation « est bonne pour impliquer les anciens », a-t-il expliqué en point de presse. Lee en sait quelque chose ; il a lui-même noué un lien très fort avec John Tonelli, puisque ce dernier lui a permis de continuer à porter son numéro, le 27, retiré il y a deux ans.

« Chaque fois que je rencontrais Mike, il était gracieux, il était gentil, et c’était un joueur phénoménal, a énuméré le colosse ailier. Ça avait l’air facile de marquer des buts quand on le regardait jouer. Sa présence avec les Islanders voulait dire beaucoup pour nous, les plus jeunes. On apprenait de lui à travers de petites conversations. C’est une journée triste. »

Lee aurait pu parler d’une année triste, en fait. Bossy est le troisième ancien des Islanders mort en 2022, après Clark Gillies et Jean Potvin, frère de Denis.

« On a perdu quelques légendes cette année, a rappelé Barry Trotz, l’entraîneur-chef de l’équipe. C’est un peu ironique, car ça arrive au moment où on a fermé le Nassau Coliseum de façon définitive, pour s’en aller au UBS Arena. Et soudainement, des légendes de cette époque meurent. »