« Je suis en Californie, je joue au hockey, il fait chaud, je joue au golf… » La vie est bonne pour le Québécois Jakob Pelletier à Stockton, où il est le deuxième marqueur de la meilleure équipe de la Ligue américaine.

Lors de leur camp d’entraînement, à l’automne, les Flames de Calgary ont jugé qu’il était préférable pour leur choix de premier tour Jakob Pelletier de poursuivre son développement avec leur club-école, le Heat de Stockton.

À sa première saison chez les professionnels, l’attaquant de 21 ans n’a pas tardé à montrer de quel bois il se chauffait, devenant rapidement un pilier à l’attaque. Sa remarquable fiche de 55 points en 56 matchs en fait foi. Dans tout le circuit, seuls huit joueurs présentent une récolte plus lucrative que la sienne…

« Je pense que le fait qu’on m’ait envoyé à Stockton, ça m’a boosté un peu », confie l’ailier gauche en entrevue avec La Presse lors d’un voyage de retour de San Diego.

Ça a fait en sorte que je voulais prouver que j’étais prêt à jouer pro. Je voulais démontrer aux Flames qu’ils n’avaient pas fait une erreur en me choisissant 26e au repêchage [en 2019].

Jakob Pelletier

On ne voudrait surtout pas parler au nom du directeur général Brad Treliving, mais parions que c’est mission accomplie jusqu’à maintenant. Le directeur du développement des joueurs des Flames, Ray Edwards, a d’ailleurs assisté à certains matchs du Heat cette saison. Il a rencontré Pelletier à quelques reprises.

« Je pense que [les dirigeants] sont contents de mon progrès, dit le jeune homme. Mais ils [les Flames] n’ont pas eu beaucoup de blessés pendant la saison. Le fait qu’ils gagnent aussi… Ils ont un solide top 12. »

« Moi, je suis ici, je joue sur le premier trio, l’avantage et le désavantage numérique, enchaîne-t-il. Je n’ai pas vraiment à me plaindre. C’est sûr que je voudrais jouer dans la LNH, mais je suis patient. Je continue à me développer sur et hors glace. »

À Stockton, Pelletier évolue au sein d’une équipe très bien garnie. Elle a d’ailleurs été la première à obtenir son billet pour les séries. Le Québécois, dont l’humilité et l’éthique de travail ont souvent été vantées quand il était junior, attribue d’ailleurs ses succès individuels à ses coéquipiers.

« Quand un club va bien, ça aide un joueur, personnellement, à faire des points. Si tu performes bien, ça aide une équipe à gagner aussi. Je ne pense pas qu’il y ait des gars égoïstes ici et c’est ça qui fait en sorte que chaque joueur connaît une bonne saison jusqu’à maintenant. »

Les joies de la Californie

Au cours de sa prolifique carrière dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Pelletier a habité à Moncton et à Val-d’Or. Cette fois-ci, il se retrouve sous le chaud soleil de la Californie. Il y a pire.

Quand on lui demande à quoi ressemble la ville de Stockton, le Québécois fait dans l’honnêteté.

Je pense que c’est une des villes les plus criminalisées aux États-Unis, donc ce n’est pas terrible, mais ce n’est pas si pire. […] Je suis à une heure et demie de San Francisco, à 45 minutes de Sacramento. En février, je suis allé à San Francisco avec [Connor] Zary pour trois jours.

Jakob Pelletier

Pelletier habite d’ailleurs avec Zary, choix de premier tour en 2020, dans une maison qu’ils ont louée pour la saison. Elle est située à 25 minutes de Stockton.

« Tout ça, c’est beaucoup d’adaptation, mais ç’a quand même été pas si pire », assure-t-il.

Pas d’échange

Quelques records de franchise du Heat sont à la portée de Jakob Pelletier cette saison. L’ailier gauche est notamment en voie de battre celui du plus grand nombre de points inscrits en une saison par un joueur (57) et par une recrue (56). Il pourrait également battre le record du plus grand nombre de buts en une saison (27). C’est sans parler de son impressionnant total de 8 buts gagnants.

À la date limite des transactions de la LNH, le 21 mars, nombre d’amateurs de hockey québécois espéraient voir Pelletier faire partie d’une transaction qui l’amènerait avec le Canadien. Le principal intéressé a, de toute évidence, eu conscience du mot qui se passait à Montréal.

« C’était dur de ne pas le voir, c’était sur Twitter, Facebook… Pas que ça ne m’a jamais stressé, mais ce n’est pas moi qui contrôle ça. C’est sûr que c’était bizarre un peu. Veux, veux pas, tu ne sais pas trop si tu vas te faire échanger ou non. Il n’y a personne qui ne te dit rien. »

Pelletier semble finalement bien ancré dans l’organisation des Flames. Il aimerait évidemment avoir l’occasion de jouer quelques matchs, voire une première saison, avec l’équipe principale la saison prochaine. Mais pour l’instant, son regard se tourne vers les séries de la Ligue américaine.

« C’est sûr que je veux gagner ! lance-t-il. En finissant premiers, tu as une sorte de pression de performer. Le monde s’attend à ce qu’on se rende en finale, ou loin. Mais nous, on ne voit pas ça comme ça. On se concentre sur la dernière série de matchs qu’il nous reste. Peu importe qui on affronte en première ronde, on va être prêts.

— Et est-ce que tes parents viendront te voir jouer en séries ?

— Si on joue contre le Rocket [de Laval], c’est sûr qu’ils vont venir.

— Ce serait moins compliqué pour eux si tu jouais à Calgary l’année prochaine !

— Exactement ! »