Ivan Zhigalov avait une décision à prendre. Le gardien biélorusse pouvait rester chez lui pour poursuivre son développement. L’autre option était le grand saut — celui qui l’a conduit à traverser l’océan pour réaliser son rêve de hockey.

Zhigalov a choisi ce dernier.

« C’est ma première année en Amérique du Nord, mais j’aime vraiment ça, a confié le joueur de 18 ans du Phœnix de Sherbrooke de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. C’est plutôt agréable. Je suis tellement heureux d’être ici, de jouer ici.

« C’est une belle opportunité. »

Zhigalov a obtenu cette occasion dans la Ligue canadienne de hockey via le repêchage international. Le système permet à chacune des 60 équipes du circuit de sélectionner et d’avoir dans la formation jusqu’à deux joueurs de l’extérieur du Canada et des États-Unis chaque saison.

Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec le soutien de la Biélorussie a brouillé les cartes pour la prochaine génération de jeunes espoirs de hockey de ces pays déterminés à emprunter le même parcours.

La Fédération internationale de hockey sur glace a interdit les équipes russes et biélorusses de ses évènements à tous les niveaux jusqu’à nouvel ordre en raison de la guerre. L’instance dirigeante a également retiré à la Russie l’organisation du Championnat du monde de hockey junior 2023.

La Ligue canadienne de hockey (LCH), quant à elle, a publié une déclaration, le 2 mars, condamnant l’utilisation de la « force militaire » russe en Ukraine et annulé la série de matchs hors-concours Canada-Russie 2022.

Alors que la ligue offre un soutien à ses joueurs actuels « quel que soit leur pays d’origine », il y a eu des spéculations selon lesquelles les Russes et les Bélarusses pourraient être exclus du repêchage international cette année. La LCH a toutefois gardé jusqu’à présent ses options ouvertes en indiquant que le moment et le format de l’évènement n’ont pas encore été déterminés.

Au total, 85 joueurs ont été sélectionnés lors du dernier repêchage international en juin dernier, dont 16 de Russie et 11 de la Biélorussie.

Zhigalov et un trio russe composé du défenseur Pavel Mintyukov, de l’attaquant Maxim Barbashev et de l’ailier Ruslan Gazizov — tous des sélections passées au repêchage international — ont pris part au match des meilleurs espoirs de la LCH/LNH cette semaine à Kitchener, en Ontario, devant les dépisteurs et dirigeants de la LNH en prévision du repêchage de la ligue en juillet à Montréal.

Barbashev, un membre des Wildcats de Moncton, a expliqué que la compétition plus relevée de la LHJMQ a énormément aidé son jeu alors qu’il cherche à passer au niveau supérieur.

« Ici, il y a d’excellents joueurs et un personnel d’entraîneurs, a confié le jeune frère du centre Ivan Barbashev des Blues de St. Louis. Tout est bien ici. »

Mintyukov, classé au cinquième rang des joueurs évoluant en Amérique du Nord au classement de la Centrale de dépistage de la LNH à la mi-saison, a noté que jouer pour le Spirit de Saginaw de la Ligue de l’Ontario a amélioré ses aptitudes offensives.

« Tellement, a poursuivi le défenseur. Une grande étape dans mon développement. »

Zhigalov a ajouté que même si venir dans la LCH était la bonne décision, c’était aussi une décision difficile.

« C’est une meilleure ligue et un excellent endroit pour s’améliorer, a-t-il dit. Mais c’était un grand, grand pas pour moi parce que je suis séparé de mes parents, de ma sœur, de mon frère. Mes parents sont heureux pour moi. Je suis heureux d’être ici.

« Je suis vraiment excité d’avoir fait ce grand pas. »

Lorsque le sujet a dévié sur l’éventualité d’une interdiction du repêchage international, les joueurs russes et biélorusses se montrent moins loquaces.

« Ce ne sont pas mes affaires, a mentionné Zhigalov. J’essaie simplement de faire de mon mieux et d’être meilleur qu’hier… Je suis ici pour jouer au hockey. »

« Je ne dirai rien », a ajouté Mintyukov.

Barbashev, quant à lui, démontre une certaine sympathie si une interdiction est imposée en 2022.

« Mais tout le monde a une chance d’être repêché (dans la LNH), a-t-il précisé. Si vous jouez en Russie ou que vous jouez au Canada, vous allez quand même vous faire remarquer. »

Dan Marr, directeur de la Centrale de dépistage de la LNH, a estimé que venir en Amérique du Nord le plus tôt possible profite aux joueurs étrangers, en particulier lorsqu’il s’agit de gérer la plus petite surface de la patinoire et les différences culturelles à l’extérieur de la patinoire.

« Cela leur évite d’essayer de s’adapter au niveau de la LNH ou lorsqu’ils sont devenus professionnels, a-t-il indiqué. Ils peuvent venir ici, apprendre la langue, apprendre le mode de vie.

« C’est un avantage. »

Classé deuxième parmi les gardiens en Amérique du Nord, Zhigalov a noté qu’il ne sait pas où ils en seraient dans son développement sans cette saison d’expérience à son année de repêchage dans la LNH.

« C’est du hockey plus rapide, il y a plus de tirs, a-t-il dit. Si je n’étais pas là, je ne serais pas aussi en forme. J’aime bien mes entraîneurs à Sherbrooke. Ils sont plutôt gentils avec moi, ils me parlent beaucoup.

« Ils font tout pour m’aider à m’améliorer. »

Il reste à voir si la prochaine génération de jeunes joueurs de Russie et du Bélarusse obtiendra la même opportunité dans la LCH.