Le Canadien disputera ce lundi son 41match et complétera du même coup la première moitié de sa saison 2021-2022. Virtuellement assuré de finir parmi les trois dernières équipes au classement général, le Tricolore n’aspire plus aux séries éliminatoires depuis plusieurs semaines. Le bulletin de mi-parcours s’en ressent forcément. La Presse s’est tout de même risquée à l’exercice.

Les heureuses surprises

Commençons par les belles histoires, car elles sont rares. Le nom qui a certainement le plus emballé les partisans cette saison est celui de Michael Pezzetta. Son énergie, sa combativité et son style unique ont fait sensation, et après son rappel du Rocket de Laval, le 1er novembre dernier, il n’est jamais retourné dans la Ligue américaine. Ses six points, dont quatre buts, sont une belle surprise aussi, mais ses quelque huit minutes de jeu par match confirment ses limitations et son statut de joueur de quatrième trio.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Michael Pezzetta (au centre)

Le gardien Samuel Montembeault n’a pas connu des débuts rêvés dans l’uniforme montréalais. Malmené dans ses rares départs et appelé en relève dans des causes perdues, il n’a pas eu beaucoup d’occasions de se faire valoir. Puis il a été propulsé au rang de numéro un lorsque Jake Allen a dû s’absenter. Et il s’est révélé une valeur sûre : son taux d’arrêts de ,932 à cinq contre cinq le place au 12rang de la LNH parmi les gardiens ayant disputé 10 matchs et plus. Il croise toutefois les doigts pour que son actuelle blessure ne le contraigne pas à une longue convalescence.

Laurent Dauphin n’avait pas joué dans la LNH depuis presque trois ans. Alors lorsqu’il a été envoyé dans la mêlée le 7 décembre dernier, les attentes à son égard étaient modérées. Le Québécois de 26 ans a toutefois bien paru au cours des 11 matchs qu’il a disputés jusqu’ici. Sans être un prodige en attaque, il n’est pas largué quand on l’emploie dans le top 6. Et il donne un bon coup de main en infériorité numérique.

Les plus méritants

Quand on cesse d’espérer qu’Artturi Lehkonen soit ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire un marqueur élite, on est en mesure de l’apprécier à sa juste valeur. Le Finlandais a certes connu un lent début de saison, mais ses 15 points le placent au cinquième rang de l’équipe et il arrive au sommet des attaquants réguliers pour le nombre de chances de marquer de qualité par tranche de 60 minutes passées sur la glace. Il travaille avec constance et connaît rarement un mauvais match.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Artturi Lehkonen

Cela fait quelques années que Jake Allen n’est plus un gardien numéro un dans la LNH : c’est pourtant de ce rôle qu’il a hérité dès le début de la saison lorsqu’on a appris que Carey Price ne jouerait pas de sitôt. Sans sauver son équipe de la dérive, le gardien de 31 ans l’a gardée dans le coup presque chaque fois qu’on lui a confié le filet – c’est-à-dire souvent. Sa présence calmante derrière une défense maladroite a rassuré ses coéquipiers. La malchance s’acharne toutefois sur lui : déjà deux blessures et un isolement attribuable à la COVID-19.

Les méritants inconstants

Nick Suzuki est l’incontestable leader offensif de cette équipe. Il est son attaquant le plus créatif et excelle en plus dans des missions défensives. Mais la présente saison constitue un apprentissage à la dure pour lui. Avec le départ de Phillip Danault et, dans une moindre mesure, celui de Jesperi Kotkaniemi, l’adversaire n’a pas à chercher bien loin pour savoir sur quel joueur de centre concentrer ses efforts. Suzuki en souffre surtout pendant les matchs à l’étranger : avant d’exploser avec 5 points à ses 3 derniers matchs, il avait été limité à 7 points en 21 rencontres loin de Montréal. Le jeune homme a prouvé à quel point il peut être bon. Il doit maintenant le faire avec plus de constance.

Si la présente rubrique avait été écrite pour résumer la seule dernière semaine, Tyler Toffoli serait tout en haut du tableau d’honneur. Mais ceux qui le regardent jouer, à commencer par son entraîneur, espèrent que c’est ce Toffoli-là qui sévira en deuxième moitié de saison, et non l’ailier trop souvent invisible de la première portion du calendrier. Le repos forcé par une blessure et par la COVID-19 lui a fait du bien, a-t-il lui-même avoué. Souhaitons-lui que sa belle séquence se poursuive.

PHOTO LM OTERO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Tyler Toffoli et Nick Suzuki

Ben Chiarot sera de toutes les conversations d’ici la date limite des transactions. Et pour cause : à son salaire actuel (3,5 millions), peu de défenseurs qui deviendront joueurs autonomes sans compensation l’été prochain disputent autant de minutes. D’abord reconnu comme un arrière à caractère défensif, le voilà en avantage numérique, où il fait bonne figure. Il est l’indéniable pilier de la défense du Tricolore. Or, ses matchs pénibles sont… très pénibles. Ces soirs-là, on se rappelle à quel point son complice Shea Weber lui manque.

Depuis qu’il a été laissé de côté le 2 novembre dernier, Alexander Romanov n’est plus le même joueur. Plus robuste, plus impliqué, plus calme, mieux positionné : on se confond en compliments pour en parler. Le défenseur russe n’hérite pas encore des responsabilités majeures qu’on confie à ses coéquipiers plus âgés, mais ça ne saurait tarder.

Les éclosions tardives

Ryan Poehling semblait avoir frappé un mur au camp d’entraînement et son renvoi dans la Ligue américaine a été vu comme un recul évident dans son développement. Il a semblé retrouver ses repères à Laval, et depuis son rappel en novembre, son entraîneur lui confie toutes sortes de responsabilités, notamment en avantage numérique. Son potentiel exact n’est pas encore défini, mais il est sur la bonne voie.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

David Savard et Ryan Poehling

À 31 ans, David Savard a certainement dépassé les plus belles années de sa carrière. Or, les tâches qui lui échoient sont celles d’un défenseur de premier duo. Il a déjà franchi les 23 minutes de jeu dans un match à sept reprises cette saison, contre seulement quatre fois au total la saison dernière. Les statistiques avancées ne sont pas ses amies, mais il a remis son jeu sur les rails après des premières semaines difficiles.

Les difficiles à classer

Les 20 points en 32 matchs de Jonathan Drouin devraient lui valoir une place chez les meilleurs élèves. Le voir produire au rythme de 50 points par saison est, après tout, une bonne nouvelle, surtout après sa difficile saison 2020-2021. Mais le Québécois demeure difficile à cerner. Il n’a développé de grande complicité avec aucun des joueurs de centre. Son grand talent, dans une formation qui en manque cruellement, devrait ressortir davantage.

Les bons soirs, il est le meilleur joueur de son équipe. À pleine vitesse, il est une menace pour les défenses adverses. Mais Josh Anderson est-il pour autant un joueur dominant ? La réponse à cette question n’est pas toujours évidente. Au salaire qu’il fait, on fronce forcément les sourcils en le voyant produire à un rythme annualisé de 40 points.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Josh Anderson et Jonathan Drouin

Vu ses 25 ans et son calme désarmant, on oublie souvent que Jake Evans n’a pas encore disputé 100 matchs en saison dans la LNH. Comme Lehkonen, il a la confiance de son entraîneur dans beaucoup de situations, que ce soit au centre du troisième trio ou comme ailier dans le top 6. Toutefois, dans les deux cas, un réel apport offensif se laisse encore désirer. Les chances de marquer sont là, mais les résultats, moins. D’où sa présence dans cette catégorie.

Les décevants

Christian Dvorak est débarqué à Montréal chargé d’une impossible mission : celle de remplacer Phillip Danault, l’un des joueurs les plus populaires du Canadien auprès des partisans. Sa personnalité n’a rien de celle du Québécois, mais c’est surtout sur la glace qu’on a placé des attentes élevées. Or, là non plus, son style ne ressemble pas à celui de Danault. Son adaptation au système de jeu de Dominique Ducharme a été extrêmement ardue. Au moins, il s’est démarqué sur le plan des mises en jeu et en désavantage numérique. Il serait certainement mieux servi par une place sur un troisième trio plutôt que sur un deuxième.

Certains flashs offensifs rappellent pourquoi le Canadien a offert un onéreux contrat à Mike Hoffman. Avec la rondelle, il n’a pas besoin de temps ou d’espace pour décocher un tir dangereux. Or, il crée étrangement peu de chances de marquer pour un joueur pourtant étiqueté 100 % offensif. Il excellerait à soutenir une attaque bien nantie, ce qui n’est pas le cas à Montréal.

PHOTO JOHN LOCHER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Mike Hoffman et Christian Dvorak

Le pire cauchemar de Brett Kulak, c’est de devenir un défenseur interchangeable, sans identité. Et c’est dans cette case ingrate qu’il s’est retrouvé récemment en étant deux fois laissé de côté. Malgré un bon coup de patin et des habiletés parfois surprenantes en possession de rondelle, il demeure limité offensivement. S’il traîne en plus un différentiel de - 11, que lui reste-t-il ?

Les déçus

Limité à 14 matchs, et jamais plus de 6 consécutifs, Mathieu Perreault n’a pu trouver son rythme avec le Tricolore. Il demeure un attaquant d’expérience qui pourrait aider son club, si seulement la malchance pouvait cesser de s’acharner sur lui.

Deux blessures et la COVID-19 : quand il fera le bilan de sa carrière, Brendan Gallagher ne classera pas, lui non plus, la présente saison dans la catégorie des réussites. Ses 4 petits buts en 25 matchs doivent le faire fulminer, lui qui est pourtant sur la glace pour une tonne de chances de marquer de qualité à forces égales.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Brendan Gallagher

Ballotté entre Laval et Montréal depuis deux ans, Cayden Primeau n’a pas un début de carrière professionnelle facile. C’est pourquoi on ne peut lui tenir rigueur de ses performances en dents de scie. En ne jouant que cinq matchs, il a néanmoins donné beaucoup de mauvais buts, et il est le premier à le savoir. De la stabilité dans la Ligue américaine lui serait d’une grande aide.

Les sans-histoires

Catégorie peu glamour que celle-ci, dans laquelle nous plaçons les joueurs en qui n’étaient pas vraiment fondées d’attentes, mais qui n’ont pas surpris grand monde non plus. Le porte-étendard en est sans doute Chris Wideman. Son titre de meilleur marqueur chez les défenseurs de la KHL en 2020-2021 n’a berné personne : il n’avait jamais été un joueur d’élite dans la LNH et il n’allait certainement pas le devenir à 31 ans (maintenant 32). Il montre de belles habiletés en avantage numérique, sans en être un spécialiste pour autant.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Chris Wideman

Sami Niku a été acquis à faible coût, et il en donne au Canadien exactement pour son argent. Patineur élégant au flair offensif évident, il est une menace contre son équipe en défense. Ce n’est pas pour rien qu’on l’a laissé de côté 18 fois déjà.

Quelle empreinte Kale Clague laissera-t-il sur l’histoire du Canadien ? Un peu comme pour Niku, la direction a misé sur son pedigree passé. Or, il se révèle un contributeur offensif limité et une machine à accorder des chances de marquer de qualité.

Il est un peu dommage pour Alex Belzile de se retrouver dans cette catégorie, car personne ne l’a « vendu » autrement que comme un attaquant de soutien. Dans ce rôle, il a abattu du boulot honnête, mais sans plus.

Les derniers de classe

On ne le saura peut-être jamais, mais qu’est-il arrivé à Jeff Petry ? Sa production offensive en chute libre pourrait passer pour un accident de parcours, mais c’est tout son jeu, en attaque comme en défense, qui s’est effondré. Ses 33 matchs ont eu l’allure d’un long chemin de croix. Le défenseur de 34 ans semble en totale déroute.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Jeff Petry

Les attentes à son endroit étaient plus modestes, mais on pourrait poser la même question au sujet de Joel Armia. Un seul but et cinq points pour cet attaquant qui, sans être un surdoué, nous avait habitués à mieux. Son nouveau contrat de quatre ans pourrait rapidement devenir un boulet pour l’organisation.

Dans un club en santé, même le Canadien, Cédric Paquette ne jouerait probablement pas souvent. Sur un quatrième trio, l’attaquant semble incapable de se démarquer. Au centre, il a remporté moins de 30 % de ses mises au jeu.

On a gardé le cas le plus délicat pour la fin. Le développement des jeunes joueurs du Canadien est, depuis longtemps, un sujet controversé, et ce n’est pas près de changer avec Cole Caufield. Celui en qui avaient été placées des attentes hyper élevées, notamment par le Tricolore lui-même, n’est plus l’ombre de la menace offensive qu’il était pendant les dernières séries éliminatoires. On souhaitait qu’il rebâtisse sa confiance à Laval, mais les déboires du CH ont accéléré son rappel. Un séjour prolongé dans la Ligue américaine ne pourra lui faire que du bien, notamment sur le plan mental.

Note : toutes les statistiques à cinq contre cinq, comme les chances de marquer, proviennent du site Natural Stat Trick. Pour ce palmarès, nous nous sommes limités aux joueurs ayant disputé au moins 10 matchs, à l’exception du gardien Cayden Primeau.