Il y avait des yeux fascinés et de grands sourires au pouce carré dans le vestiaire des Étoiles de Laurentides-Lanaudière pee-wee AAA, jeudi matin, quand Caroline Ouellette est venue offrir la bienvenue aux jeunes hockeyeuses.

Ce matin-là avait lieu le coup d’envoi de la 7e édition de la Célébration hockey féminin Caroline Ouellette. Et il y avait de l’ambiance entre les murs de l’aréna Étienne-Desmarteau. Trompettes, cloches, crécelles, cris… Tous les moyens étaient bons pour faire du bruit et encourager les jeunes joueuses sur la patinoire.

« Très beau jeu, ça ! », « Vas-y, vas-y ! », « C’est pas grave, on lâche pas ! », criaient des parents dans les gradins.

Maya-Jade Vincelette, 11 ans et joueuse pour les Étoiles, a rencontré La Presse après son match. Elle avait dans ses mains une petite épée en styromousse.

« C’est l’épée de la guerrière ! », s’est-elle écriée.

L’épée de la guerrière ?

Les entraîneuses choisissent une guerrière pour lui dire : “Bravo, tu as eu un bon match” », a répondu la jeune fille avec enthousiasme. […] Je pense que j’ai donné mon meilleur, j’ai bien performé. Je pense que je mérite l’épée de la guerrière. J’ai fait de belles passes.

Maya-Jade Vincelette

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Maya-Jade Vincelette, des Étoiles de Laurentides-Lanaudière, a obtenu l’épée de la guerrière.

C’est la deuxième fois que Maya-Jade participe à la Célébration. Elle joue au hockey depuis sept ans. Son idole ? « Marie-Philip Poulin ! »

Elle a d’ailleurs déjà eu la chance de la rencontrer par le passé. On peut presque voir des étoiles dans ses yeux quand elle en parle, le sourire aux lèvres.

« Elle m’a dit de toujours persévérer, de ne jamais abandonner et de toujours essayer, a-t-elle relaté. Même si des fois on fait de mauvais jeux ou de mauvaises passes, il ne faut pas se rabaisser. Il faut continuer. »

Véronique Dupras, elle, évolue pour les Remparts du Richelieu. Jeudi matin, son équipe a perdu son premier match au compte de 10 à 2. Mais la jeune hockeyeuse avait le sourire aux lèvres malgré tout.

« On a perdu, mais ç’a été le fun et je trouve que l’ambiance du tournoi, c’est plaisant, a-t-elle laissé entendre. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vécu. […] C’est le seul tournoi où il y a plein de filles et où on n’est pas juste quatre équipes ! On doit se battre pour gagner. »

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Caroline Ouellette avec les joueuses d’une équipe dans le vestiaire, avant un match

La Célébration

Voilà déjà sept ans que Caroline Ouellette, membre de l’équipe nationale pendant 16 ans, a mis sur pied la Célébration hockey féminin, un tournoi annuel qui regroupe des équipes de catégories novice à pee-wee dans une ambiance de fête.

L’idée est venue parce que je remarquais que le nombre de Québécoises dans l’équipe nationale descendait et c’était une inquiétude.

Caroline Ouellette

« Je me souviens d’avoir parlé de ça à Mel Davidson, qui était la directrice générale de Hockey Canada de notre côté, du programme élite féminin. Elle m’avait expliqué qu’il n’y avait pas assez de joueuses au Québec. Quand tu n’as pas beaucoup de joueuses, tes joueuses élite n’ont pas assez de joueuses du même calibre pour continuer à progresser », a-t-elle ajouté.

  • Les As de Québec attendent d’embarquer sur la glace.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Les As de Québec attendent d’embarquer sur la glace.

  • Les Remparts écoutent leurs entraîneuses entre les périodes.

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    Les Remparts écoutent leurs entraîneuses entre les périodes.

  • Les joueuses quittent leur vestiaire en direction de la glace. La partie va commencer !

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    Les joueuses quittent leur vestiaire en direction de la glace. La partie va commencer !

  • Les parents dans les gradins font du bruit et encouragent les joueuses.

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    Les parents dans les gradins font du bruit et encouragent les joueuses.

  • Les Remparts (Blanc) contre les Canadiennes (Bleu) se serrent la main après le match.

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    Les Remparts (Blanc) contre les Canadiennes (Bleu) se serrent la main après le match.

  • Caroline Ouellette remet une médaille à une joueuse des Warriors de Lac St-Louis.

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    Caroline Ouellette remet une médaille à une joueuse des Warriors de Lac St-Louis.

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Ouellette, qui évoluait encore pour Les Canadiennes de Montréal dans la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) à l’époque, a proposé le projet à Hockey Québec, qui a tout de suite collaboré.

L’évènement n’est pas seulement destiné aux équipes féminines. Il s’adresse aussi aux joueuses individuelles évoluant dans des équipes de garçons ; celles-ci sont placées dans une équipe féminine créée spécialement pour le tournoi. L’idée étant, naturellement, de leur faire découvrir le hockey féminin.

« On remarque au fil des années que ça a l’effet escompté, a fait valoir Ouellette. Les filles ont beaucoup de plaisir ensemble, puis dans les années à venir, des fois l’année d’après, elles transfèrent au hockey féminin. »

« Idéalement, toutes les filles joueraient ensemble, a-t-elle poursuivi. On aurait plus de ligues, plus d’équipes et il y aurait moins de voyagement pour les parents. »

La Célébration, qui réunit des équipes de partout au Québec et même de l’Ontario, cadre parfaitement avec la mission que Ouellette s’est lancée de faire découvrir aux jeunes filles le sport et toutes les occasions qu’il peut leur apporter.

« Ma plus grande motivation, c’est que, souvent, je pense au fait que j’ai failli ne pas jouer au hockey, a-t-elle évoqué. Je l’ai demandé à mes parents de façon très persistante. Ça m’a pris deux ans, convaincre mon père, parce qu’il n’avait jamais vu une fille jouer au hockey. Et j’ai l’impression que ça se passe encore aujourd’hui. Je veux offrir aux filles des opportunités de jouer au hockey féminin. »

« L’absence de plaisir est une des raisons principales pour lesquelles les filles arrêtent le sport, a-t-elle ajouté. On voulait s’assurer de créer une expérience positive, où il y aurait beaucoup de plaisir, pour qu’elles s’accrochent au hockey. »

Chaque année, d’anciennes et actuelles joueuses de l’équipe canadienne viennent rencontrer les jeunes filles. Ouellette profite aussi de l’évènement pour faire découvrir le coaching et l’arbitrage à d’anciennes joueuses.

« Je suis hyper fière [de dire] que pour la première fois, toute la Célébration va être arbitrée par des officielles », a-t-elle d’ailleurs souligné en souriant.

Il y aura également pendant la fin de semaine une séance « Découvrez le hockey » pour permettre aux jeunes filles qui n’ont jamais joué au hockey d’essayer le sport pour la première fois.

Pas d’appel du Canadien

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Caroline Ouellette regarde un match... et prend des notes sur son équipe, les Canadiennes de Montréal.

Alors que le propriétaire du Canadien de Montréal, Geoff Molson, a annoncé récemment qu’il souhaitait plus de diversité au sein de l’organisation, le nom de Caroline Ouellette a parfois été mentionné dans les rumeurs. La quadruple médaillée d’or olympique assure toutefois qu’elle n’a eu aucun contact avec le Tricolore.

« J’aime beaucoup ce que je fais [actuellement], a d’ailleurs rappelé l’entraîneuse-chef associée avec les Stingers de Concordia. J’adore le Canadien, je regarde tous les matchs que je peux, mais ma mission, c’est de développer mon sport. Tant qu’il n’y aura pas de ligue professionnelle féminine où nos athlètes peuvent gagner leur vie… C’est ça que j’aimerais voir et aider à créer dans ma vie. »