On en a encore pour quelques semaines à discuter de la valeur des différents candidats au poste de directeur général du Canadien.

Jeff Gorton, le nouveau vice-président des opérations hockey du Canadien, a en effet indiqué que l’embauche de son DG ne devrait pas se faire avant Noël.

Et à quoi ressemblera-t-il, ce DG ? Gorton n’a fermé aucune porte, mais a tout de même donné une idée générale des critères d’embauche.

« Je cherche quelqu’un qui a une très bonne connaissance du hockey, qui comprend comment fonctionne le milieu, a répondu Gorton, dans une salle de presse bondée au centre d’entraînement du Canadien, à Brossard.

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Jeff Gorton, vice-président exécutif, opérations hockey du Canadien de Montréal

Peut-être que cette personne n’a pas des tonnes d’expériences comme directeur général, mais que peut-elle amener d’autre ? Comment peut-elle nous amener à regarder différemment des scénarios ? Ça pourrait être quelqu’un peut-être un peu du champ gauche (outside the box), mais qui me sera complémentaire.

Jeff Gorton

Relancé sur la question, Gorton a réitéré l’importance de la complémentarité.

« On veut vraiment trouver quelqu’un qui a un regard différent, a dit le Bostonien. J’ai été dans le hockey toute ma vie. Ça pourrait être un agent, ça pourrait simplement être un ancien joueur. Je n’ai jamais été un agent ni un joueur… Ça pourrait être quelqu’un avec un bagage différent. J’ai vu des noms, j’ai eu des appels. Mais je veux me donner du temps pour voir les options. »

À première vue, ces propos laissent croire que l’embauche de Martin Madden fils, au poste de DG, serait étonnante. Le Québécois, qui est DG adjoint chez les Ducks, n’a jamais joué au niveau professionnel, comme Gorton, et a fait ses classes comme directeur du recrutement. Comme Gorton.

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Patrick Roy

Le candidat Roy

Une source consultée pour un portrait de Gorton, en début de semaine, nous avait parlé du sens de l’humour du nouveau patron du hockey à Montréal. Une touche d’autodérision, a-t-il précisé.

On en a eu une bonne illustration quand il a été questionné sur son désir d’apprendre le français. « Ma femme m’a acheté un cours en ligne. Je m’engage à faire de mon mieux. Mais il y a 30 ans, je me suis dit que je voulais devenir bon au golf, et je suis encore nul aujourd’hui ! » Pour le moment, Gorton ne le parle pas du tout, et a lu une déclaration d’ouverture en français, avec un résultat mitigé.

Gorton a aussi déclenché l’hilarité lorsqu’il a été interrogé sur Patrick Roy, qui a affirmé haut et fort, en point de presse cette semaine, son intérêt pour le poste de DG. « J’ai entendu parler de lui, oui ! », a lancé Gorton.

En termes de personnalité, Roy semble être complémentaire avec Gorton, décrit partout comme un homme au grand calme.

« J’ai beaucoup de respect pour lui, pour ce qu’il a accompli. Il a toujours été un gars émotif qui dit ce qu’il pense, a rappelé Gorton. Mais je viens d’arriver, je prends le pouls de l’organisation. On va regarder tout le monde qui croit pouvoir cadrer. Je ne dirai pas oui ou non à qui que ce soit. Mais j’ai entendu parler de la déclaration de Roy, je sais qu’il est passionné, je connais des gens qui le connaissent bien. »

Qui aura les mains sur le volant ?

Reste la sempiternelle question du partage des responsabilités. Il semblait clair, avec son titre de vice-président, que Gorton serait au-dessus du futur DG dans la hiérarchie. La question est loin d’être banale, puisqu’elle pourrait décourager des candidats qui craignent ne pas avoir le plein contrôle des décisions.

Gorton a indiqué que son futur collègue aurait « une ligne directe » avec Geoff Molson, et a donné une idée générale du fonctionnement qu’il envisage. Lui-même, comme DG des Rangers, comptait d’ailleurs sur un vieux routier en John Davidson pour l’épauler.

« Regardez ailleurs, à New York, à Boston. On voit beaucoup de systèmes à deux hommes, en collaboration. C’est ce qu’on va viser. Le DG aura besoin d’autorité pour prendre des décisions. Je pense qu’avec mon expérience, je serai un bon atout pour cette personne. C’est ce qui m’a attiré ici.

À New York, j’avais l’autorité pour prendre des décisions. Tu bâtis ton personnel, tu prends tes décisions en te fiant à ta garde rapprochée. Il n’y a pas beaucoup d’organisations où c’est une seule personne qui prend les décisions.

Jeff Gorton

Gorton est revenu sur cette notion d’expérience en appui au DG, mentionnant que « plus ça ira, plus on donnera à notre directeur général le pouvoir de parler aux autres DG. Ils m’ont engagé pour aider, pour mon expérience. »

Sera-t-il le patron du futur DG ? « Mon rôle est d’utiliser mon expérience pour aider cette personne. Ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas un gros ego, que je ne m’arrête pas au titre. Je veux simplement être un gars qui prend des décisions de hockey et je pense que je peux aider cette équipe. »

Et la reconstruction ?

Gorton a donné des éléments d’information intéressants pour sa prochaine embauche, mais côté hockey, il n’a pas voulu s’avancer. « Je prends encore le pouls de l’organisation », a-t-il dit.

Ainsi, il n’a rien confirmé quant à la possibilité d’amorcer une reconstruction. Rappelons qu’à New York, il avait annoncé sa décision sous la forme d’une lettre envoyée aux partisans, en février 2018. « Si c’est ce que nous décidons [une reconstruction], nous serons très transparents. »

S’il opte pour cette avenue, le processus ne sera pas simple, puisque l’équipe compte 11 joueurs (un chiffre qui n’inclut pas Shea Weber) qui détiennent des ententes bonnes jusqu’en 2024 ou plus tard, d’une valeur annuelle de plus de trois millions de dollars. « On a plusieurs contrats à long terme et il faudra regarder qui restera. Mais demain [samedi], ce sera mon deuxième match avec l’équipe. Je dois me familiariser avec les joueurs. »

Il a aussi répondu par l’affirmative lorsqu’il s’est fait demander si Dominique Ducharme, malgré la fiche de 6-17-2 du Tricolore, était assuré de garder son emploi jusqu’à la fin de la saison.