(New York) C’était un peu triste comme ambiance pour ce retour du Canadien au Madison Square Garden. Les Rangers n’échappent pas à la baisse des assistances observée dans la LNH.

Officiellement, on a annoncé 15 255 spectateurs, même si, dans les faits, il y avait pas mal moins de monde. Et si on tenait compte de la première période, il aurait plutôt fallu annoncer 15 273 spectateurs, afin d’ajouter les 18 patineurs du Canadien.

Les Montréalais ont en effet connu un départ atroce, avant de se ressaisir en deuxième moitié de match. Ils ont néanmoins baissé pavillon 3-2, pour terminer ce voyage de trois matchs avec trois défaites de plus à leur fiche.

Cayden Primeau aurait mérité un meilleur sort pour son premier match de la saison dans la LNH. C’est lui que les 18 gars en blanc regardaient à l’œuvre en première période. Après 20 minutes, les tirs indiquaient 17-12 pour les Rangers, mais la qualité des tirs des New-Yorkais n’avait rien à voir avec les arrêts faciles que le CH offrait à Igor Shesterkin à l’autre bout. Bref, sans les exploits de Primeau, ce match-là aurait pu être fini au premier entracte.

« Il a été bon, il a été solide, il a été aussi bon que le gardien de l’autre côté. Il a fait de gros arrêts », a analysé Dominique Ducharme, entraîneur-chef du Canadien.

On reverra dans les faits saillants son arrêt de la mitaine – effectué à plat ventre – aux dépens de Ryan Strome, mais Primeau a surtout montré de bonnes habiletés techniques pour un jeune homme encore en développement.

Bref, il a démontré, le temps d’un match, qu’il peut au moins tenir son bout en attendant les retours de Jake Allen et de Carey Price. Maintenant, est-ce à dire qu’il devrait continuer à le faire ?

En soi, la réponse est anecdotique, car elle n’impliquera que quelques départs. Mardi matin, Ducharme a évoqué la possibilité d’un retour dès samedi pour Allen, qui souffre d’une commotion cérébrale. Quant à Price, il n’est pas farfelu de croire que son retour est une question de semaines. Assez rapidement, il n’y aura plus de place à Montréal ni pour Primeau ni pour Samuel Montembeault. Ça se poursuivra à Laval pour Primeau, dans un lieu à déterminer pour Montembeault.

Mais c’est la gestion de Primeau d’ici là qui sera intéressante. Il faut être dangereusement optimiste pour croire que l’équipe à la fiche de 4-12-2 peut revenir dans la course aux séries. Sachant cela, ne vaudrait-il pas mieux renvoyer Primeau à Laval, pour le sortir d’un environnement qu’on ne devine pas très joyeux, afin qu’il puisse au moins aider le Rocket qui, lui, a de réelles chances de participer aux séries ? Ou jugera-t-on que toute expérience dans la LNH, à son âge, est bonne, même dans un milieu perdant ?

« Tu ne sais jamais, rien ne t’est garanti. T’essaies simplement de soutirer le maximum des chances que tu obtiens, a fait valoir Primeau, après sa performance de 31 arrêts. Il y a une lutte entre tous les gardiens de l’organisation. Même à Laval, Michael McNiven et moi avons une compétition amicale. »

Quoi qu’il en soit, le simple fait d’avoir cette discussion est une victoire en soi pour Primeau. Ce n’est qu’un match, mais il a paru nettement plus en confiance que le gardien qui a montré une efficacité de ,849 en quatre matchs la saison dernière.

L’apport des jeunes

Jake Evans venait justement de vanter Primeau quand il s’est fait questionner sur le combat qu’a livré Michael Pezzetta à Ryan Reaves, un des hommes forts les plus craints de la LNH.

« C’est un autre jeune qui arrive, qui remplit un rôle et qui nous donne de l’énergie », a répondu Evans.

« Un autre jeune »… Evans ne s’est pas inclus dans ce groupe, mais faisons-le pour lui. Primeau et lui ont probablement été les deux meilleurs joueurs du CH dans cette défaite, ce qui n’est pas exactement une bonne nouvelle pour Ducharme. Parce que c’est signe que ses vétérans se cherchent.

L’entraîneur-chef a évoqué de façon générale le trio de Nick Suzuki, disant qu’il a connu « des hauts et des bas ». Les creux de vague de Suzuki s’excusent plus facilement, lui qui a transporté l’équipe par moments cette saison. Brendan Gallagher a joué avec son énergie habituelle et a fabriqué un but à lui seul. Mais l’autre membre du trio, Tyler Toffoli, semble tranquillement retomber dans sa torpeur d’octobre.

Jeff Petry en est un autre pour qui ça ne se replace pas. Sa gestion de la rondelle demeure hasardeuse, ce qui pose problème pour un joueur qui se définit notamment par son talent en transport de rondelle.

Josh Anderson a certes marqué, mais de façon générale, on ne voit pas le joueur d’impact que l’on voyait la saison dernière.

En fait, les vétérans se font davantage remarquer pour leurs gestes de frustration, que ce soit les quelques engueulades observées au banc ces dernières semaines, Anderson qui se bat avec Jacob Trouba à la sirène finale, ou encore Gallagher qui finir par asséner une bonne mornifle au visage de Barclay Goodrow à 30 secondes de la fin du match.

« Je pense qu’il voulait qu’une pénalité soit imposée à l’autre gars, a dit Evans. Gally était frustré à la fin, et toute l’équipe l’était aussi à la fin. C’est frustrant et on essaie de s’en sortir. »

Dans le détail

Un but qui se faisait attendre…

On nous avait vendu Christian Dvorak comme un joueur moins efficace défensivement que Phillip Danault, mais nettement plus offensif. Or, son but mardi mettait fin à une séquence de 11 matchs sans but. Il s’agissait seulement de son deuxième but de la saison, pour un joueur de qui il était raisonnable d’attendre une bonne vingtaine de filets. « J’ai été déçu de mon jeu cette saison. Si j’avais pu contribuer davantage à l’attaque, on aurait plus de victoires en ce moment », a lancé l’Américain, après la joute. Dvorak saluait le retour au jeu de Jonathan Drouin, qui est retourné à sa gauche, là où il a été au camp et en début de saison. Ce sera évidemment un plus pour le CH si la cohésion entre ces deux-là et Josh Anderson peut revenir.

Ça se poursuit pour Kreider

Même s’il est payé comme un marqueur de 30 buts, Chris Kreider n’a jamais atteint le chiffre magique. Deux fois, il s’est arrêté à 28, et lors de la saison écourtée par la pandémie, il en totalisait 24 en 63 matchs. La saison 2021-2022 pourrait être la bonne pour le rapide ailier, pour peu qu’il demeure en santé. En deuxième période, il a enfilé son 12e de la saison, à son 16match. Et surtout, il l’a fait à forces égales, lui qui compte déjà sept buts en avantage numérique. Évidemment, si Mika Zibanejad lui fait toujours d’aussi belles passes soulevées, il n’aura pas à craindre que sa production offensive s’étiole. Il ne pourra toutefois pas toujours compter sur des défenseurs adverses aussi bienveillants que l’a été Jeff Petry, qui a passivement regardé la rondelle passer…

Fox est plus qu’un défenseur offensif

La sélection d’Adam Fox comme gagnant du trophée Norris la saison dernière a été déplorée par certains, qui y voyaient un autre trophée donné presque automatiquement à un défenseur qui montre de bonnes statistiques offensives. Fox a en effet fini 2e pour les points chez les défenseurs l’an dernier avec 47. Cela dit, l’habile joueur a démontré dans ce match qu’il n’était pas aussi unidimensionnel qu’on veut bien le croire. Il a notamment tenu tête au gros Josh Anderson dans une bataille individuelle, et s’est signalé en bloquant un dangereux tir de Ben Chiarot en milieu de match. C’était un des cinq tirs qu’il a bloqués, pour un total de 35 depuis le début de la saison, un chiffre rarement aussi élevé pour des défenseurs offensifs. Bref, Fox a aidé son équipe à gagner même sans obtenir de point.

Ils ont dit

Le premier et le troisième but, c’est de l’exécution, on a la rondelle. On travaille assez fort pour récupérer la rondelle, une fois qu’on l’a, il faut la garder. Il faut faire des jeux qui ne reviennent pas contre nous. J’ai beau penser à un système pour ça, mais j’en ai pas, tu comprends ?

Dominique Ducharme

C’est encore le même résultat. En général, on joue de l’assez bon hockey. On fait encore de petites erreurs mentales, elles arrivent et on se fait marquer des buts. Ça nous fait mal contre des équipes qui ont du talent et qui peuvent faire des jeux qu’on ne pense pas possibles.

Jake Evans

Je l’ai vu se battre contre des plus gros que lui aussi dans la LAH, c’est un dur, il va aller contre n’importe qui pour lancer un message. Ce n’est pas un travail facile, j’ai beaucoup de respect.

Evans, au sujet de Pezzetta

Vous pouvez voir à la reprise, je n’étais pas sûr s’il était sérieux. J’ai tenu pour acquis qu’il savait se battre.

Ryan Reaves, au sujet de Pezzetta

Par le passé, j’ai souvent marqué des buts autour du filet, sur des retours ou des déviations. Mais là, je n’ai pas été capable de le faire. J’ai eu plusieurs occasions. Je dois mieux exécuter.

Christian Dvorak

En hausse : Jake Evans

Il a piloté ce qui a été, et de loin, le meilleur trio du Canadien. En prime, il a connu une bonne soirée aux mises au jeu (62 %).

En baisse : Jeff Petry

Dimanche à Boston, il a été malchanceux. Cette fois, il en a tout simplement arraché, encore une fois. La production offensive n’y est plus, mais les couvertures molles comme celle sur le deuxième but des Rangers sont inexplicables.

Le chiffre du match : 1

Christian Dvorak a pris une seule mise au jeu en zone offensive, contre 13 en zone défensive. Ce rôle lui revient, car il est le meilleur centre de l’équipe dans cet aspect du jeu, mais cela signifie aussi que ses ailiers sont privés de bonnes occasions offensives.