Avec l’acquisition de Jack Eichel, plus tôt cette semaine, les Golden Knights de Vegas se positionnent, plus que jamais, comme de très sérieux prétendants à la Coupe Stanley.

Le problème, et il est de taille, c’est que le joueur de centre, l’un des meilleurs de sa profession, ne portera pas l’uniforme noir et doré avant un sacré bout de temps. Une opération à la nuque, au cours de laquelle on remplacera un disque cervical, lui imposera une convalescence de trois à cinq mois. C’est donc dire que ses nouveaux coéquipiers devront disputer de 40 à 60 matchs sans lui.

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Jack Eichel

L’attaquant Reilly Smith n’a donc rien exagéré lorsqu’il a rappelé, samedi matin, que l’ère Eichel, « ce n’est pas pour tout de suite ».

L’autre problème, et il n’est pas anodin lui non plus, c’est qu’Eichel retrouvera du monde important à l’infirmerie des Knights. Max Pacioretty s’est brisé un pied au deuxième match de la saison et il ne devrait pas revenir avant le mois de décembre. Le même soir, Mark Stone est tombé au combat. Sa blessure « au bas du corps » va mieux et il a recommencé à patiner, mais il n’est pas encore prêt à jouer. William Karlsson a lui aussi été victime d’une fracture au pied, la semaine dernière. On lui prédit une absence de quatre à six semaines.

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Max Pacioretty sera à l’écart du jeu jusqu’en décembre.

C’est donc avec une attaque décimée que les Knights devront se défendre d’ici la fin de l’année 2021. Plusieurs joueurs ont ainsi obtenu des promotions, à commencer par Nicolas Roy et William Carrier. Le premier pilote désormais le premier trio entre Jonathan Marchessault et Reilly Smith. Quant au second, le voilà à l’aile gauche de la deuxième unité, avec Chandler Stephenson et Evgeni Dadonov. En tout respect pour les deux Québécois, ce n’est pas exactement les postes qui conviennent à leur profil à ce point-ci de leur carrière.

Un changement de philosophie s’est donc imposé naturellement pour l’équipe dont l’attaque a été la troisième plus létale dans la LNH la saison dernière. On priorise désormais le jeu défensif, point à la ligne.

« Il faut gagner 2 à 1, a tranché Carrier après l’entraînement matinal de son équipe. On n’a pas peur de ça. L’offensive viendra plus tard. On garde un bon groupe, on a assez de profondeur. On sera corrects pour survivre durant les blessures. »

Tout ceci dans le but d’« aller chercher le plus de points possible », a renchéri Roy.

Même si l'équipe a toujours soigné son jeu défensif, « les blessures ont créé l’obligation » de corriger rapidement certains détails pour « se donner une chance de gagner », a ajouté l’entraîneur-chef Peter DeBoer.

Smith, lui, a évoqué l’objectif de signer au moins deux victoires pendant le présent voyage de quatre matchs. La moitié de l’objectif est atteint : après une dégelée à Toronto (4-0), les Knights se sont défoulés à Ottawa (5-1). Ils s’apprêtent maintenant à affronter le Canadien et les Red Wings de Detroit, deux équipes en difficulté.

Réactions mitigées

Depuis la transaction qui a amené Jack Eichel à Vegas, les joueurs des Knights ont fait peu d’apparitions devant les médias.

L’occasion était donc rêvée, samedi matin, de prendre le pouls du vestiaire au sujet de l’arrivée d’un (autre) joueur-étoile dans le groupe. Or, l’échantillon de joueurs interrogés a laissé une impression… mitigée.

On peut d’emblée inclure le nom de Nicolas Roy dans le camp des optimistes. Sourire aux lèvres, il a spontanément souligné à quel point il était « content » de compter sur un joueur de ce calibre dans son équipe. « C’est une super belle addition », a-t-il précisé.

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Nicolas Roy

Au cours des jours précédant l’échange, ses coéquipiers et lui voyaient circuler les rumeurs, sans toutefois savoir si elles étaient fondées. « Un gars de sa trempe, on voulait l’avoir ! », confirme Roy, qui mentionne néanmoins que la fébrilité a fait place à un « mélange d’émotions » à l’idée de voir partir Peyton Krebs, l’un des meilleurs espoirs de l’organisation, ainsi qu’Alex Tuch, membre des Knights depuis leur entrée dans la LNH en 2017.

DeBoer a abondé dans le même sens : « On sait qu’on ajoute une pièce importante » qui « rapproche l’organisation d’une conquête de la Coupe Stanley ».

Voir partir Tuch et Krebs était « une décision difficile », mais il voit là un passage obligé pour une quiconque aspire aux grands honneurs. Il a cité en exemple le Lightning de Tampa Bay, « une équipe aussi qui a bougé pour finalement gagner ».

William Carrier, lui, a disputé une saison avec Eichel chez les Sabres de Buffalo. Il n’a donc pas à se laisser convaincre de la qualité du hockeyeur, qui « cadrera bien avec notre formation », à son avis.

Par contre, vu la situation salariale des Knights, « on ne s’y attendait pas », a-t-il avoué.

Bien vu. Lorsque l’équipe sera en santé, y compris Eichel et ses 10 millions annuels, les Knights devront assurément larguer du lest pour respecter le plafond salarial.

DeBoer ne s’en soucie pas. « J’étais un cancre en mathématiques à l’école, alors je n’ai pas fait de calculs, a-t-il révélé en riant. Je laisse ça à d’autres personnes au sein de l’équipe. »

D’autres « décisions difficiles » sont tout de même à prévoir au cours des prochains mois.

Jonathan Marchessault, Reilly Smith et Evgeni Dadonov, qui gagnent chacun 5 millions, sont les plus susceptibles de faire leurs valises. Smith probablement plus que les deux autres, puisqu’il deviendra joueur autonome sans compensation après la présente saison.

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Reilly Smith

Dans ces circonstances, il n’y avait rien de surprenant à voir l’ailier gauche marquer une longue pause avant de répondre à la première question sur l’arrivée d’Eichel.

« On doit se concentrer sur ce qu’on fait en ce moment, avec les joueurs qu’on a, pour être en bonne posture au moment où nos blessés reviendront dans la formation », a-t-il dit.

Idéalement pour lui et son équipe, ça commencerait par une victoire samedi soir contre le Canadien au Centre Bell.

La rencontre entre le Canadien et les Knighs s’amorcera à 19 h. Robin Lehner sera le gardien partant devant le filet des visiteurs.