Depuis mercredi dernier, Marcel Dionne n’est plus le cinquième buteur de l’histoire de la LNH.

Ce soir-là, Alex Ovechkin a égalé, puis dépassé sa production de 731 buts, reléguant le Québécois au sixième échelon de tous les temps. Il y a pire, on en convient.

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Non seulement Dionne s’enthousiasme de la réussite de son dauphin, mais il va plus loin. Selon lui, Ovechkin battra le record de tous les temps de 894 buts détenu par Wayne Gretzky.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Marcel Dionne

« Quand je suis arrivé à Detroit [en 1971], Red Berenson m’a dit : “Jamais personne ne va battre le record de Gordie Howe” », s’est rappelé le membre du Temple de la renommée du hockey, vendredi, dans le cadre de l’émission balado Sortie de zone, fruit d’une collaboration entre La Presse et le 98,5 FM.

À cette époque, Monsieur Hockey venait tout juste d’annoncer sa retraite, et ses 786 buts semblaient inatteignables.

Or, en 1989, à peine quelques semaines après que Dionne eut lui-même annoncé sa retraite, Gretzky abaissait la marque présumée intouchable – haussée à 801 buts entre-temps puisque Howe avait effectué un retour dans la LNH en 1979-1980.

« Oui, c’est possible, insiste Marcel Dionne. [Ovechkin] n’a pas le plus beau style, mais il a un tel lancer… Certains soirs, il n’y a rien qui arrive, mais l’avantage numérique arrive et il se tient prêt, le bâton dans les airs, à attendre une passe de son ami Nicklas Backstrom. » Et la magie se produit.

L’héritage de 1972

Aujourd’hui âgé de 70 ans, M. Dionne se souvient bien du premier contact de la LNH avec le hockey soviétique, lors de la Série du siècle en 1972. Il n’avait que 21 ans à l’époque, mais avait tout de même été sélectionné dans la formation canadienne, sans toutefois disputer de match.

« On ne les connaissait pas », rappelle-t-il. Ainsi, « jamais on n’aurait pensé » que, presque 50 ans plus tard, « un Russe se retrouverait dans cette situation en Amérique du Nord ».

À l’époque, souligne-t-il, les joueurs soviétiques n’étaient pas les plus démonstratifs après avoir marqué. Tout le contraire d’Ovechkin, s’esclaffe l’ancien des Red Wings, des Kings de Los Angeles et des Rangers de New York.

« Quand il marque, il est toujours content ; de son premier à son 372e, il a toujours été pareil ! »

De la même manière, lorsqu’il repense à sa prolifique carrière, Marcel Dionne se rappelle bien davantage son amour du jeu que les (nombreux) buts qu’il a marqués.

« Ça n’a pas été très dur à faire », dit-il, candidement.

Facile, marquer plus de 700 buts dans la LNH ? Après tout, seulement huit joueurs ont réalisé l’exploit…

« Toute ma vie, j’ai aimé jouer au hockey. Depuis que j’avais 8 ou 9 ans, je marquais des buts », nuance-t-il.

D’ailleurs, il avoue que le fait d’apparaître parmi les meilleurs buteurs de l’histoire n’est pas sa plus grande fierté. Il évoque plutôt le fait d’être, encore aujourd’hui, le meilleur pointeur québécois à avoir joué dans la LNH. Ses 1771 points lui confèrent le sixième rang au total, derrière Wayne Gretzky, Jaromir Jagr, Mark Messier, Gordie Howe et Ron Francis. Deux rangs derrière lui, on retrouve Mario Lemieux, avec 1723 points.

« Le hockey m’a tout donné, [et] j’ai appris à respecter le monde, les partisans. » Or, « quand tu finis ta carrière, il te reste une vie », dit-il. Et encore aujourd’hui, plus de 30 ans après sa retraite, « les gens [l]’appellent de partout ».

Question de lui rappeler que, malgré tout le succès qu’il a connu, il restera, pour toujours, un « p’tit gars de Drummondville ».