Après la main, la caméra de Dieu…

On parlera longtemps de cette fameuse caméra. Sans elle, le Canada n’aurait peut-être pas remporté la médaille d’or, dimanche après-midi au Championnat mondial junior, disputé à Ostrava, en République tchèque.

L’équipe canadienne défendait chèrement une fragile avance d’un but avec un peu plus de deux minutes à faire en troisième période, déjà en infériorité numérique, lorsque Ty Dellandrea a envoyé la rondelle dans les estrades.

Le juge de ligne a signalé une infraction sur-le-champ. Les Russes s’apprêtaient à attaquer pendant plus d’une minute à six joueurs contre trois avec le retrait de leur gardien.

Mais les arbitres ont été confondus par le fait que la rondelle a frappé la caméra de TSN et par le fait même rebondi du bon côté. Quelques instants plus tard, les Russes écopaient de deux punitions coup sur coup et se retrouvaient à quatre contre cinq.

Le match était joué, le Canada allait l’emporter 4-3, grâce à un but dramatique d’Akil Thomas, un choix de deuxième ronde des Kings de Los Angeles en 2018, un joueur de soutien au sein de l’équipe, en fin de troisième période. Thomas a pourtant joué seulement cinq minutes dans la rencontre…

Alexis Lafrenière, le probable premier choix au prochain repêchage de la LNH, a été choisi le joueur par excellence du tournoi, un exploit de taille pour un joueur de 18 ans à peine. Il succède à Ryan Poehling, du Canadien, et à Casey Mittelstadt.

Un cadeau des Coyotes

Les Coyotes de l’Arizona ont fait au Canada un cadeau que le Canadien n’a pas voulu faire aux Finlandais. Barrett Hayton, cinquième choix au total en 2018, deux rangs devant Jesperi Kotkaniemi, était dans la LNH depuis le début de la saison, mais ne jouait pas beaucoup.

Le DG John Chayka a choisi de le prêter au Canada au dernier instant. Malgré sa blessure à l’épaule, Hayton a marqué le but égalisateur en troisième période, après un déficit de 3-1. Il portait ainsi son total à onze points en six matchs dans le tournoi, au deuxième rang des compteurs de la compétition. Voyons si ce tournoi contribuera à lancer sa carrière.

On ne pourra blâmer Marc Bergevin d’avoir choisi de garder Kotkaniemi. Hayton était dans les estrades chez les Coyotes. Depuis son retour au jeu, Kotkaniemi joue en moyenne 14 minutes par match au centre du troisième trio. Il a marqué deux buts en cinq matchs.

La commotion cérébrale subie par Kotkaniemi l’aurait empêché de toute façon de prendre part au camp d’entraînement et aux premières rencontres préparatoires de la Finlande, éliminé par le Canada en quarts de finale.

Vivement Romanov !

Si le Canadien de Montréal espère enfin dominer l’an prochain, il doit compter sur le jeune défenseur gaucher Alexander Romanov, encore une fois dominant pour les Russes samedi après-midi.

Romanov a joué 21 : 42 dimanche. Il a obtenu une passe sur le deuxième but de son équipe. Ce point lui permettait de devenir le meilleur compteur de l’histoire chez les défenseurs de la Russie au Championnat mondial junior avec 14 points en autant de rencontres, un de plus que Dmitry Orlov.

Pour une deuxième année consécutive, il a été nommé au sein de la première équipe d’étoiles du tournoi, mais le titre du défenseur par excellence lui a échappé cette fois, au profit de Rasmus Sandin, de la Suède.

Romanov peut tout faire sur une patinoire. Son entraîneur l’envoyait sur la glace autant en infériorité ou en supériorité numérique. Ses mises en échec percutantes ont fait frémir l’adversaire.

Son « intelligence défensive » doit plaire à Marc Bergevin. Romanov n’est jamais pris hors position. Il bloque des tirs. Il parvient à extirper la rondelle de sa zone dans les moments critiques. Il anticipe bien les jeux.

Plusieurs analystes ont pourtant affiché leur étonnement lorsque le CH l’a repêché en début de deuxième ronde en 2018 avec le choix obtenu des Blackhawks de Chicago (avec Phillip Danault) en retour des joueurs de location Dale Weise et Tomas Fleischmann. Romanov n’était pas classé parmi les candidats en deuxième ronde selon la majorité des experts.

Si le repêchage était à refaire aujourd’hui, Romanov serait sans doute repêché dans le top dix. Peut-être même avant.

Romanov semble déjà prêt à aider le Canadien. Son contrat vient à échéance à la fin de la saison avec le CSKA Moscou, le club le plus puissant de Russie, et ceux-ci tiennent mordicus à le garder.

Le jeune homme est ouvert à l’éventualité de joindre le Canadien. Romanov était à Montréal lors du camp de développement l’été dernier, même si le CSKA lui a interdit d’y participer. Ses parents ont visité la métropole récemment. Mais le CSKA peut non seulement le couvrir d’or, mais user d’arguments difficiles à réfuter.

L’arrivée de Romanov au printemps, ou au cours de l’été, constituerait un beau cadeau pour les fans du CH, et un baume sur les insuccès de l’équipe ces dernières années.

L’avenir du CH passe par ce repêchage 2018 avec Kotkaniemi et Romanov, mais aussi Poehling, Suzuki, Caufield, Fleury, Primeau, peut-être aussi Harris, Norlinder et Ylonen.