L’éclosion des jeunes centres Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi, l’acquisition d’ailiers droits capables de marquer et d’un gardien auxiliaire de premier plan, l’arrivée du défenseur Alexander Romanov et la performance en séries du Canadien sèment beaucoup d’espoir à Montréal, à l’aube de la saison. Comment la comparer aux meilleures équipes des 25 dernières années ? Analysons et comparons les formations de 1995 lors du congédiement de Serge Savard, de 2010 lors du printemps Halak, de janvier 2013 aux débuts de Marc Bergevin (après le lockout) et l’actuelle.

1995

Le Canadien vient de connaitre une saison difficile. Montréal est exclu des séries éliminatoires pour la première fois depuis 1970 en cette année marquée par le lockout. Il y a encore de bons éléments en place, et on se prépare à accueillir la recrue Saku Koivu, mais la défense ne s’est toujours pas remise du départ d’Éric Desjardins. Le directeur général Serge Savard n’est plus à l’abri des critiques. Il se prépare à échanger Patrick Roy à l’Avalanche pour Stéphane Fiset et Owen Nolan, mais son congédiement après quatre matchs contrecarrera ses plans.

Jacques Demers a mis tous ses œufs dans le même panier en début de saison avec un super premier trio. Avec sa profondeur au centre, on se permet de déplacer Vincent Damphousse à l’aile gauche. C’est plutôt faible sur les flancs. À droite, on retrouve Keane, Petrov et Stevenson après Recchi. À gauche, Brunet, Brashear et Sarault après Damphousse.

Savard a acquis du renfort en défense avec Quintal et Racine. Celui-ci aura peine à s’adapter au style de jeu du Canadien. Odelein et Malahkov sont confrontés aux meilleurs trios adverses. Brisebois est encore jeune et encore à risque dans sa zone. La défense demeure le talon d’Achille de l’équipe.

Un an plus tard, Patrick Roy, Pierre Turgeon, Mike Keane, Lyle Odelein, Oleg Petrov et Yves Racine auront disparu de l’équation.

LA FORMATION

Vincent Damphousse-Pierre Turgeon-Mark Recchi

Benoit Brunet-Saku Koivu-Mike Keane

Donald Brashear-Brian Savage-Oleg Petrov

Yves Sarault-Marc Bureau-Turner Stevenson

(Valeri Bure)

Vladimir Malakhov-Lyle Odelein

Yves Racine-Stéphane Quintal

Peter Popovic-Patrice Brisebois

(Marko Kiprusoff, Jean-Jacques Daigneault)

Patrick Roy

Pat Jablonski

2010

Bob Gainey vient de transformer son équipe. Saku Koivu, Alex Kovalev, Alex Tanguay, Robert Lang, Francis Bouillon, Patrice Brisebois, Mathieu Dandeneault, Steve Bégin, Mike Komisarek et Chris Higgins ont levé les feutres. Et aussi le gardien Cristobal Huet, échangé à la date limite l’hiver précédent. Jacques Martin est le nouvel entraîneur en chef.

Brian Gionta, Mike Cammalleri et Roman Hamrlik ont été acquis à fort prix sur le marché des joueurs autonomes. Scott Gomez obtenu tristement pour Higgins, mais surtout l’espoir Ryan McDonagh.

Le plan a fonctionné à court terme. Jaroslav Halak a été fumant en séries et le Canadien a atteint le carré d’as. La recrue P. K. Subban est vite devenue un élément indispensable en séries éliminatoires.

Jacques Martin a opté pour une formation à sept défenseurs de façon à y insérer Marc-André Bergeron. Le rugueux Travis Moen est placé dans un rôle inhabituel, au sein du premier trio, pour ajouter de la robustesse.

Le Canadien n’avait pas une très grosse attaque, mais probablement la meilleure défense de toutes les formations du CH depuis 1993 avec Markov, le jeune Subban et Hamrlik comme top trois, et un troisième duo de luxe composé de Josh Gorges et Hal Gill.

LA FORMATION

Travis Moen-Scott Gomez-Brian Gionta

Mike Cammalleri-Tomas Plekanec-Andrei Kostitsyn

Dominic Moore-Maxim Lapierre-Tom Pyatt

Benoit Pouliot — Glen Metropolit

(Mathieu Darche, Sergei Kostitsyn)

Andrei Markov-P. K. Subban

Jaroslav Spacek-Roman Hamrlik

Hal Gill-Josh Gorges

Marc-André Bergeron

(Ryan O’Byrne)

Jaroslav Halak

Carey Price

2013

Marc Bergevin a amené un vent de fraîcheur à son arrivée en 2012. On a dû attendre la fin du lockout pour entamer la saison, ce qui a permis aux recrues Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher de bénéficier de quelques mois supplémentaires pour mûrir. Bergevin et l’entraîneur Michel Therrien n’ont pas hésité à faire confiance à leurs prometteuses recrues, même si Gallagher n’était pas de la formation lors du match d’ouverture.

Cole, Pacioretty et Desharnais formaient un premier trio redoutable, les deux premiers ont marqué plus de 30 buts la saison précédente, mais Cole provoquait de la bisbille dans le vestiaire et Bergevin l’a vite échangé pour Michael Ryder.

Tomas Plekanec et Brian Gionta étaient dans la trentaine et sur la pente descendante. Lars Eller faisait damner les fans du Canadien au centre du troisième trio, un peu comme Artturi Lehkonen aujourd’hui. Il avait coûté Halak, après tout.

Ça commençait à être mince en défense après Subban et Markov. Gorges et Emelin formaient la deuxième paire. Aucun des deux n’avait un potentiel offensif. Il y avait une alternance à droite au sein du troisième duo avec Francis Bouillon. Malgré tout, le Canadien allait atteindre le carré d’as un an plus tard, mené par Subban, Price, Eller, Gallagher et un surprenant Rene Bourque.

LA FORMATION

Max Pacioretty-David Desharnais-Erik Cole

Alex Galchenyuk-Tomas Plekanec-Brian Gionta

Rene Bourque-Lars Eller-Travis Moen

Brandon Prust-Ryan White-Colby Armstrong

(Gabriel Dumont, Brendan Gallagher)

Andrei Markov-P. K. Subban

Josh Gorges-Alexei Emelin

Francis Bouillon-Raphael Diaz

(Tomas Kaberle, Davis Drewiske)

Carey Price

Peter Budaj

2020

La phase de rajeunissement est terminée. Grâce à de judicieux échanges et à de bons choix au repêchage, le Canadien présentera sans doute en janvier sa formation la mieux équilibrée depuis l’année de la Coupe Stanley en 1993. Peut-être pas la meilleure, mais la mieux nantie à toutes les positions.

Au centre, Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi ne sont évidemment pas encore à leur apogée, mais Montréal n’a pas compté sur de jeunes centres aussi prometteurs depuis des décennies. Phillip Danault est un centre établi, capable d’amasser une cinquantaine de points par saison.

À droite, le CH compte désormais trois droitiers capables de marquer entre 25 et 30 buts. Brendan Gallagher et Tyler Toffoli, tous deux âgés de 28 ans, ont atteint déjà la marque des 30 buts. Josh Anderson, 26 ans, l’un des attaquants offensifs les plus robustes de la LNH, en a marqué 27 il y a deux ans à Columbus.

Il n’y a pas de grandes vedettes à gauche, mais Tomas Tatar vient d’amasser 61 points en 68 matchs (74 points au pro rata d’une saison complète) et Jonathan Drouin, 25 ans, est capable, dans le pire des scénarios, d’amasser 53 points sur une saison complète. Paul Byron, deux fois 20 buts en carrière, pourrait compléter le troisième trio, et permettre au CH de compter sur un quatrième trio de luxe avec Lehkonen, la recrue Jake Evans et Joel Armia. Celui-ci vient de connaitre sa meilleure saison en carrière avec 30 points en 58 matchs (42 points au pro rata d’une année complète). Lehkonen a déjà marqué 18 buts.

Byron est le plus vieil attaquant de l’équipe, à 31 ans. Tatar est le second. Il a eu 30 ans la semaine dernière.

Il y a de la profondeur en défense, même si le Canadien ne compte pas de Doughty, Makar ou McAvoy. Le côté droit est l’un des bons de la Ligue avec Shea Weber et Jeff Petry. Joel Edmundson pourrait se retrouver à la droite de la troisième paire si l’on se fie aux commentaires de l’entraîneur des défenseurs Luke Richardson. Tout dépendra du rendement d’Alexander Romanov.

Sans être un grand défenseur offensif, Ben Chiarot aurait amassé 25 points sur une saison complète, sans jouer en supériorité numérique. Il forme un solide duo avec Weber.

Romanov pourrait vite se retrouver avec Petry. On a rarement vu un espoir du Canadien susciter autant de commentaires favorables de la part des entraîneurs avant même un premier match dans la Ligue nationale.

Brett Kulak et Edmundson comme troisième paire constitueraient un joli luxe, il faut l’avouer. Victor Mete, la « solution » au sein du premier duo il n’y a pas si longtemps, se battra pour une place dans la formation.

Cinq des six premiers défenseurs du Canadien mesurent plus de 6 pieds 2 pouces. Romanov ne fait pas six pieds, ou à peine, mais il est robuste à souhait.

Devant le filet, le Canadien peut enfin compter sur un auxiliaire de premier plan pour Price. Le gardien du Canadien n’avait personne pour l’épauler de façon adéquate depuis le départ de Peter Budaj. Jake Allen a présenté une fiche de 12-6-3 l’an dernier chez les Blues, avec une moyenne de 2,15 et un taux d’arrêts de .927. Il a même volé le poste de Jordan Binnington en séries.

LA FORMATION

Tomas Tatar-Phillip Danault-Brendan Gallagher

Jonathan Drouin-Nick Suzuki-Josh Anderson

Paul Byron-Jesperi Kotkaniemi-Tyler Toffoli

Artturi Lehkonen-Jake Evans-Joel Armia

(Ryan Poehling, Jordan Weal)

Ben Chiarot-Shea Weber

Alexander Romanov-Jeff Petry

Brett Kulak-Joel Edmundson

(Victor Mete, Xavier Ouellet)

Carey Price

Jake Allen

La formation de 1995 comptait probablement sur le meilleur premier trio avec Damphousse, Turgeon et Recchi. Mais il n’y avait pas de profondeur après eux et la défense faible.

Celle de 2010 possédait sans doute la meilleure défense. Mais les gardiens n’étaient pas encore établis, malgré les performances surprenantes, mais brèves, de Halak, faible contre les Flyers au troisième tour, et l’attaque moyenne, constituée de joueurs de petite taille.

L’équipe de 2013 n’avait pas beaucoup de profondeur, mais était tirée par Price, Subban, Markov et Pacioretty. Les centres Desharnais et Plekanec faisaient du bon boulot dans les circonstances.

L’équipe actuelle ne semble pas avoir de grandes failles. On est plus costaud à l’attaque avec l’arrivée de Josh Anderson et la présence de Kotkaniemi et Armia, tous des attaquants de 6 pieds 2 pouces et plus. Danault, Toffoli, Drouin, Evans, Lehkonen et Poehling sont à six pieds ou plus.

La relève est prometteuse avec Cole Caufield, Jordan Harris, Mattias Norlinder, Kaiden Guhle, Cayden Primeau et quelques autres.

En bref, le contexte de 2020 est peut-être le plus favorable depuis 25 ans. On en saura plus long dans quelques semaines…

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