Le portrait du hockey féminin n’a pas fait que vaciller en 2019. Il a été renversé et secoué comme on le fait avant de dévoiler une photo prise au Polaroid.

De la disparition de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) au chambardement de la suprématie mondiale, en passant par les étoiles du sport qui décident de s’unir et vouloir prendre les choses en main, plusieurs voient une opportunité dans tous ces bouleversements.

« Je pense que ce que nous essayons de faire est très fort et excitant, affirme Meaghan Mikkelson, une joueuse de défense canadienne. Ce sont toutes les meilleures joueuses au monde qui se rassemblent pour réaliser quelque chose qui passerait à l’histoire. »

Le 31 mars, une semaine après que l’Inferno de Calgary eut remporté la coupe Clarkson, la commissaire par intérim Jayna Hefford, une membre du Temple de la renommée du hockey, a annoncé que la LCHF allait mettre fin à ses activités après 12 saisons.

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jayna Hefford a été intronisé au Panthéon des sports canadiens, le 23 octobre.

Elle a expliqué que le modèle sans but lucratif n’était plus soutenable, financièrement. La majorité des joueuses des équipes nationales du Canada et des États-Unis évoluaient dans la LCHF.

Lorsque la nouvelle a été annoncée, celles-ci se trouvaient soit dans un avion vers Espoo, en Finlande, en prévision du Championnat mondial, ou venaient d’y arriver.

À l’extérieur de la patinoire, il y a eu des rencontres et des échanges par textos entre joueuses de pays rivaux afin de savoir quoi faire.

Sur la glace, la Finlande a déboulonné le mythe selon lequel le hockey féminin est prévisible parce que les États-Unis et le Canada bataillent tout le temps pour la médaille d’or.

La Finlande a surpris le Canada en demi-finale et a perdu la médaille d’or aux mains des Américaines dans la controverse.

Un filet de Petra Nieminen en prolongation a été annulé pour cause d’obstruction à l’endroit de la gardienne de but américaine. Les États-Unis ont ensuite mérité un cinquième titre consécutif en tirs de barrage.

Les Canadiennes ont dû se contenter de la médaille de bronze pour la première fois de leur histoire.

Appel à la LNH

Environ 200 joueuses, dont la capitaine canadienne Marie-Philip Poulin, ont annoncé en mai qu’elles ne joueraient dans aucune ligue en Amérique du Nord en 2019-2020 tant qu’elles n’auront pas « les ressources que le hockey professionnel exige et mérite ».

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Philip Poulin lors du match entre les Canadiennes de Montréal
et leThunder de Markham, le 23 février à la Place Bell

À la fois un boycottage et un coup de semonce dirigé vers la Ligue nationale de hockey féminin (LNHF), un circuit de cinq équipes établi aux États-Unis, il s’agit aussi d’un geste visant à forcer la main de la Ligue nationale de hockey.

Les femmes qui ont créé l’Association des joueuses professionnelles de hockey féminin (AJPHF), avec Hefford à sa tête, croient que la participation de la LNH est nécessaire pour faire naître la ligue qui correspondra à leurs aspirations.

Toutefois, le commissaire Gary Bettman a déclaré que la LNH n’a nullement envie de superviser une ligue de hockey féminin pendant qu’une autre existe.

Pendant que l’impasse perdure, les joueuses membres de l’AJPHF n’ont pas de ligue. Elles sillonnent l’Amérique du Nord et s’affrontent lors d’événements promotionnels, dans le cadre de la tournée « Dream Gap ».

Leur objectif est de charmer les cœurs et les esprits dans des marchés de hockey, et d’attirer des commanditaires potentiels pour leur donner le levier économique dont elles auront besoin pour affronter la suite des choses.

« Le fait de ne pas jouer autant de matchs et de ne pas compter sur la structure à laquelle nous sommes habituées n’a pas été facile pour personne », reconnaît Mikkelson.

« Toutefois, si tout se replace et qu’il existe une ligue professionnelle, ça aura valu la peine, pas seulement pour nous mais pour les générations à venir, a-t-elle ajouté. Oui, il y a des doutes et de l’incertitude. Mais plus que tout, je dirais que la responsabilisation et le mouvement que nous essayons de créer, c’est excitant. »

L’instabilité dans le monde du hockey féminin a atteint la Suède. Les meilleures joueuses ont décidé de boycotter l’équipe nationale de leur pays dans le but d’améliorer leurs conditions de travail.

Ce boycottage a mené à l’annulation du tournoi annuel des Quatre nations, auquel participent le Canada, les États-Unis, la Finlande et la Suède, parce que les Suédoises devaient accueillir la compétition en novembre.

Par ailleurs, le Championnat du monde de hockey féminin se tiendra en Nouvelle-Écosse du 31 mars au 10 avril.