Cayden Primeau n’a disputé que 10 matchs au hockey professionnel, mais déjà, Dale Weise le trouve drôlement bien parti.

« J’ai vu plusieurs très bons gardiens au cours de ma carrière, et lui, à seulement 20 ans, il est déjà spécial, a expliqué l’attaquant du Rocket, lundi à Laval. Tout a l’air facile avec lui. Je ne vais pas le comparer à Carey Price, mais il possède lui aussi cette démarche calme qui peut mettre tout le groupe en confiance. Comme Carey, il ne bouge pas beaucoup, ses arrêts ont l’air faciles. »

On pardonnera à Weise de bien vouloir s’emporter un peu parce que, ces jours-ci à Laval, ils sont plusieurs à le faire. Pourquoi ? Sans doute parce que Primeau, gardien encore tout vert à peine sorti des bancs d’école, arrive au cinquième rang des gardiens de la Ligue américaine, avec une moyenne de 2,08. Il a connu quelques bas, bien sûr, mais surtout quelques hauts, comme lors du match du 16 novembre face à Bridgeport, où il a récolté son premier zéro de la saison.

Ce qui nous laisse croire que Primeau, choix de septième tour du Canadien au repêchage de 2017, pourrait passer de la Place Bell au Centre Bell plus rapidement qu’on ne le pense. « Il va être un joueur incroyable dans la LNH d’ici quelques années », a prédit Weise à son sujet.

On entend souvent dire que la marche entre le hockey universitaire de la NCAA et le hockey professionnel est assez haute, mais de toute évidence, Primeau n’a pas reçu le mémo. En plus du blanchissage, il a réussi six autres matchs de deux buts ou moins depuis le début de la saison.

« Je savais que ça n’allait pas être facile, et c’est pourquoi j’ai travaillé très fort à ma préparation cet été, fait-il remarquer. Je savais ce qui m’attendait, et pour moi, ça n’a pas été une surprise. J’ai vite remarqué que, dans la LAH, les joueurs sont plus rapides, plus forts, leurs tirs sont plus violents. Je travaille encore à m’y habituer. »

« Une famille de hockey »

Au fil de notre conversation, le jeune homme rappellera à quel point le tissu familial lui a permis de faire des pas de géant au cours de sa carrière. Son père Keith a été un joueur de la LNH, son oncle Wayne aussi, et ce sont les leçons apprises au fil du temps qui rapportent aujourd’hui.

« Je viens d’une famille de hockey et je sais que je suis privilégié… mais je ne voulais pas jouer comme attaquant comme l’ont fait mon père et mon oncle. Plus petit, j’ai commencé comme attaquant mais mon père a remarqué que je patinais la tête basse et le bâton derrière moi, alors il m’a laissé enfiler les jambières à 6 ou 7 ans ! »

Joël Bouchard, l’entraîneur-chef du Rocket, est souvent du genre à mettre les freins quand la ville et la province s’emportent dans le cas d’un jeune espoir de premier plan. Mais quand on lui parle de son jeune gardien, il a toutefois un peu de mal à contenir son enthousiasme.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Cayden Primeau en discussion avec son entraîneur Joël Bouchard

« Ce que je vois de lui, c’est à quel point il a su s’adapter, répond-il. Les jeunes joueurs, on va les observer au hockey junior, dans la NCAA. On les analyse, mais on ne peut jamais prévoir lesquels vont réussir à s’adapter au hockey professionnel. C’est dur à évaluer, l’adaptation au jeu, à la vie de joueur de hockey, les attentes, la pression, la compétition à l’interne. Lui, il s’adapte très bien à tout ça. »

J’aime comment il se comporte en tant que personne. Son potentiel, je l’adore, mais comme personne, tu vois qu’il se comporte de la bonne manière. Il comprend, il sait qu’il va y avoir des matchs plus difficiles, mais le lendemain, il recommence la tête haute.

 Joël Bouchard, entraîneur-chef du Rocket de Laval

Pour Primeau, ce n’est que le début de l’histoire, et c’est lui qui tient le crayon pour écrire les prochaines pages. Le grand livre du hockey déborde déjà de jeunes espoirs qui n’ont pas eu le succès espéré, alors la prudence est de mise. Mais le premier chapitre, sans l’ombre d’un doute, laisse déjà entrevoir une suite intéressante.

« J’essaie seulement de devenir meilleur chaque jour, a-t-il conclu. J’essaie d’aborder chaque entraînement comme un match, parce qu’on ne devrait pas se mettre à travailler plus fort seulement quand c’est un match. Aussi, je garde la tête froide, je reste d’humeur égale. Je pense que c’est ma plus grande qualité. »