Le Canadien de Montréal a perdu un match qu'il ne devait pas perdre, au compte de 5-1, contre les Penguins de Pittsburgh. Le pointage ne dit pas tout, c'est vrai à plusieurs égards, mais quand même. Une défaite, c'est une défaite, et celle-ci arrive à un bien mauvais moment.

C'est que le classement de l'Est est plus serré que jamais tandis que s'amorce la dernière ligne droite. Le Canadien est encore dans le portrait des séries, mais de justesse. Les Penguins sont à égalité à 77 points pour la dernière place donnant accès aux séries. Les Blue Jackets de Columbus suivent deux points derrière, et les Hurricanes sont un point devant.

C'est là que ça se complique. Voici pourquoi.

Vendredi, les Hurricanes de la Caroline ont poussé leurs célébrations à un niveau supérieur. Après une autre victoire, l'ancien champion du monde de boxe Evander Holyfield s'est présenté sur la glace pour passer le K.-O. à un Jordan Martinook sans défense. C'était une mise en scène, évidemment. Pour ajouter à la théâtralité du moment, Martinook a ensuite été évacué de la patinoire par ses coéquipiers qui le tiraient par les patins.

Hier, ces mêmes Hurricanes ont survécu à un barrage de trois buts consécutifs des Panthers de la Floride pour faire 3-3 en troisième période, puis l'emporter en prolongation. Les Hurricanes ont maintenant une fiche de 5-1 depuis la sortie de Don Cherry qui les a traités de « bande d'idiots » en raison de leurs célébrations insolites. Le commentateur a galvanisé l'équipe, qui ne perd plus. Il se passe quelque chose d'intrigant en Caroline, et c'est une mauvaise nouvelle pour le Canadien.

Les Blue Jackets, de leur côté, ont subi une raclée de 4-0 contre les Oilers d'Edmonton hier. Peut-être, mais tout le monde sait que l'équipe a mis le paquet à la date limite des transactions. Tandis que Marc Bergevin choisissait la prudence, son homologue des Blue Jackets, Jarmo Kekalainen, a mis sa tête sur le billot en allant chercher les Matt Duchene, Ryan Dzingel et compagnie. L'échec n'est pas une option envisageable à Columbus, et c'est une autre mauvaise nouvelle pour le Canadien.

Puis il y a les Penguins, contre qui il ne faut jamais parier.

Crosby, surdoué

Le 30 juillet 2005, les Penguins ont vécu un moment qui allait changer le cours de leur existence en choisissant Sidney Crosby. C'est une chance rarissime de pouvoir repêcher un talent marquant de sa génération.

À travers les années, chaque fois que la situation le commandait, Crosby s'est levé. Hier, dans un match que les Penguins ne pouvaient pas perdre (eux non plus), il a sonné la charge avec un but et trois aides. Une soirée de quatre points dans la LNH, c'est déjà magique, mais pour Crosby, il s'agissait de sa 32e. Au meilleur moment en plus.

Crosby avait marqué après 21 secondes de jeu, à la suite d'une passe atroce de Jordie Benn, qui a semblé submergé par la tâche hier. Evgeni Malkin s'est joint à la fête avec un tir dévié en avantage numérique. Puis Jake Guentzel a fait 3-0 sur le quatrième tir des Penguins après que Crosby eut bafoué Nate Thompson au cercle de mise en jeu. Il n'y avait pas encore neuf minutes d'écoulées au cadran.

« C'était une série malchanceuse d'événements qui ont mené à trois buts. On doit le voir ainsi et passer à autre chose. » - Carey Price

Le Canadien peut en effet voir le verre à moitié plein. Price, justement, a retrouvé sa superbe ensuite en bloquant trois échappées et plusieurs tirs près du filet. Brendan Gallagher a marqué le seul but du Canadien après une bagarre gagnée par Phillip Danault, et ce duo n'a rien eu à se reprocher. Le trio de Max Domi a aussi produit beaucoup d'énergie. L'avantage numérique n'a pas si mal paru.

Shea Weber a même tiré 13 fois en direction du filet, et même s'il a raté la cible six fois, il a atteint le poteau. Danault aussi a atteint le poteau. Claude Julien n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler que les tirs ratés avaient coulé son équipe. Quand même, l'entraîneur a choisi de retirer son gardien alors qu'il restait cinq minutes à jouer tellement il croyait en ses chances.

« C'était ce genre de matchs où les bonds ne nous sont pas favorables, a dit le capitaine. [...] C'est un moment important de notre saison et on ne doit pas se laisser abattre. On méritait un meilleur sort. Le pointage n'indique pas l'allure du match. Si on joue comme ça dans l'Ouest, on va connaître du succès. »

Le Canadien s'envole maintenant pour trois matchs cruciaux en Californie. Mais rendu là, on peut utiliser le même qualificatif pour à peu près chaque match. Le Canadien doit emmagasiner des points maintenant, comme il aurait dû le faire hier. Ce ne sera plus le temps en fin de saison.