Parfois, il y a de ces matchs qui ont l'air de matchs gagnés d'avance, face à un adversaire diminué et inférieur. Le défi est de savoir identifier ces matchs et ensuite, encore plus difficile, d'éviter le piège qui est tendu.

Hier après-midi au Centre Bell, ce fut l'un de ces matchs.

Dans le coin des visiteurs, il y avait les Devils du New Jersey, essentiellement un club de la Ligue américaine avec tous ses blessés, dont l'excellent Taylor Hall. Les Devils avaient choisi de miser sur le gardien Mackenzie Blackwood, qui en était à sa 13e présence seulement devant un filet de la Ligue nationale. Par ailleurs, les Devils étaient arrivés ici avec six victoires à leur fiche sur les patinoires ennemies, le pire dossier du circuit à ce chapitre.

Et puis attendez un peu que je vous refile ces chiffres hallucinants, dénichés par le collègue Guillaume Lefrançois, qui aime bien dénicher des chiffres : hier, les Devils avaient 28 millions de dollars en salaire dans l'infirmerie... contre 37 millions de dollars en salaire sur la glace !

Et malgré tout cela, mesdames, messieurs, on vous rappelle la marque finale, en prolongation, mais peu importe : Devils 3, Canadien 2.

Dans ces circonstances, se contenter du point du perdant, ce n'était certes pas l'idéal, et c'est un peu de cela que le Canadien devra se méfier lors des 30 derniers matchs. Il devra se méfier des matchs « faciles », éviter les pièges de la complaisance.

Surtout, ce club-là devra se fermer les oreilles quand on répètera à quel point cette saison est fabuleuse parce que de toute façon, on ne s'attendait à rien.

Dans cette ligue, on le rappelle, il n'y a pas de trophée de participation.

« C'est sûr que c'est loin d'être fini, on le sait », a répondu Phillip Danault, quand on lui a rappelé, à juste titre, que c'était loin d'être fini.

« On fait partie du tableau des séries présentement, mais qu'est-ce que ça veut dire ? C'est tellement serré que ça peut changer de bord assez vite. Il ne faut pas commencer à croire que c'est dans le sac. »

Surtout pas.

Mais le Canadien, de toute façon, se charge bien de nous rappeler que ce n'est jamais facile. Après le match, Claude Julien a souligné l'importance de convertir les chances de marquer, et même si le Canadien forme un club supérieur en attaque par rapport à l'an dernier, ce n'est pas non plus comme si ce club pouvait miser sur des vedettes offensives à profusion.

Tirer à 39 reprises comme hier, c'est bien, c'est même très bien, mais cela aurait dû mener à un plus grand nombre de buts, pas seulement à deux petits buts. Les gros canons doivent répondre présents, surtout Jonathan Drouin, qui n'avait pas l'air du joueur le plus intense de la planète hier.

Pour le Canadien, cette saison est bien meilleure que la précédente, oui, mais il y a des matchs, comme celui d'hier, où l'on comprend que cette équipe est partie de très loin. Des matchs où l'on remarque, aussi, que les frontières de la fragilité ne sont pas si loin.