(Victoriaville) Avant toute chose, que se passe-t-il donc sur cette photo de Phillip Danault ?

« Lui, il est réveillé à 6 h du matin. Moi, je suis là, bien réveillé avec lui. Pour mon tournoi caritatif de golf, il fallait que je me rase la barbe et que je me coupe les cheveux. J’avais l’air d’un homme des cavernes. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE PHILLIP DANAULT

Une photo publiée jeudi dernier par Phillip Danault sur son compte Instagram.

Son proche ami Nicolas Deslauriers, lui-même père de trois enfants, éclate de rire en regardant la photo de Danault, hirsute. Il en a vu d’autres.

« Il en a beaucoup à apprendre. Juste à voir ses cheveux, il ne faut pas qu’il en ait trois. »

C’est la vie qui change, en une image. Et celle de Phillip Danault a beaucoup changé dans la dernière année.

À pareille date l’été dernier, Danault n’avait pas de contrat, pas d’enfant, pas de vote pour le trophée Selke et pas de place au centre du premier trio du Canadien de Montréal. Un an plus tard, il a tout ça. Il est aussi marié et a une nouvelle maison. Bref, la définition même d’une grosse année.

Oui, c’est une grosse année pour Phillip, et pour Marie-Pierre aussi. C’était mémorable. Je n’ai pas trouvé ça trop fatigant. J’ai un long été pour me reposer et être prêt mentalement pour le prochain camp.

Phillip Danault

Danault et sa femme, Marie-Pierre, ont d’ailleurs pris un malin plaisir à documenter leur vie de parents sur les réseaux sociaux, avec beaucoup de candeur, à travers ses beautés et ses défis. On les voit avancer à tâtons dans leur nouvelle réalité. Pour Danault, évidemment, la paternité exige aussi une période d’adaptation avec sa vie d’athlète.

« Je me lève plus tôt, mais je me couche plus tôt. Ça me fait découvrir la vie d’une manière différente. J’ai le temps de déjeuner avant d’aller m’entraîner. Ça amène plusieurs choses positives dans ma vie. Je n’étais pas là les deux derniers mois de la saison dernière, je n’ai pas pu connaître mon fils vraiment. J’ai la chance maintenant de passer du temps de qualité avec ma famille. Ça n’a pas de prix. »

Au-delà de l’exploration de la paternité, Danault a fait des pas de géant sur la glace. Claude Julien lui avait lancé le défi en début de saison de contribuer un peu plus offensivement. Il l’a fait, avec une campagne de 53 points (12 buts, 41 aides) et un différentiel de + 17. Au centre du premier trio, il a permis à Brendan Gallagher et à Tomas Tatar de s’exprimer offensivement.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La saison dernière, Phillip Danault a gagné 55,5 % de ses 1588 duels au cercle de mises en jeu, ce qui lui a permis de terminer au septième rang de la LNH au chapitre du nombre de mises en jeu remportées (882).

Ce différentiel de + 17, d’ailleurs, est d’autant plus significatif que Danault avait souvent la responsabilité de contrer les meilleurs trios adverses. Il est aussi devenu l’homme de confiance de son entraîneur pour les mises en jeu, dans toutes les circonstances. À un point tel qu’il a gagné 55,5 % de ses 1588 duels la saison dernière. Il arrive d’ailleurs au septième rang de la LNH avec 882 mises en jeu remportées.

La course au Selke

Un autre palmarès où Danault a terminé septième est la course au trophée Selke. Il a terminé derrière des as du rôle d’attaquant défensif, les O’Reilly, Stone, Bergeron, Crosby, Barkov et Couturier. Il ne s’en formalise d’ailleurs pas du tout.

Là où cette reconnaissance devient intéressante, c’est que Danault s’est pour la première fois immiscé dans la conversation pour le trophée. Juste ça, c’est énorme. Comme le Selke récompense un joueur dont les atouts ne sont pas nécessairement tous quantifiables, il s’appuie beaucoup sur la réputation.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Pour la troisième année, le joueur du Canadien présentait son tournoi de golf dans sa ville natale. Les profits de l’évènement sont d’ailleurs remis à divers organismes de la région.

Danault, la saison dernière, a acquis cette réputation.

« J’ai vu ça. J’aurais aimé être top 5 [rires]. C’est sûr que c’est flatteur d’être là et de créer mon nom pour le Selke. C’est le genre de joueur que j’ai toujours voulu devenir, un joueur habile autant défensivement qu’offensivement. Depuis que je suis arrivé à Montréal, je veux être dans le moule de Patrice Bergeron. »

Je ne suis pas Patrice [Bergeron], mais je veux suivre ses traces. D’être septième [pour le nombre de votes pour le trophée Selke], c’est une belle tape dans le dos.

Phillip Danault

Maintenant, Danault vise un rôle régulier en avantage numérique. Il a d’ailleurs montré des aptitudes intéressantes dans un tel contexte en fin de saison, au moment où Claude Julien et Kirk Muller tentaient des expériences. Encore une fois, Danault revient à son modèle, Patrice Bergeron, l’un des attaquants les plus utilisés des Bruins en avantage numérique.

« Ce sont des responsabilités que je suis prêt à assumer, mais je laisser Claude Julien décider de ça. Il voulait que je progresse tranquillement. Il a été l’entraîneur de Patrice Bergeron à Boston, il a su le préparer pour qu’il devienne le joueur qu’il est aujourd’hui. Je n’enlève rien à Patrice non plus, mais je vois le potentiel. »

Danault avait assuré l’été dernier, à ce même tournoi de golf caritatif, d’ailleurs, qu’il était prêt à jouer un rôle plus offensif. On a douté sur le coup, mais il disait vrai. Certainement un bon argument pour que Claude Julien lui laisse encore une fois la chance de faire ses preuves.

Dans tous les cas, visiblement, Danault est passé à une nouvelle étape dans sa carrière. Il ne peut plus s’imaginer régresser. Il voit les espoirs qui poussent derrière lui au centre, les Jesperi Kotkaniemi, Nick Suzuki, Ryan Poehling, Jake Evans, Joni Ikonen. Il sait aussi que le Canadien a rencontré l’un des joueurs de centre les plus convoités sur le marché des joueurs autonomes en Matt Duchene (selon Darren Dreger). Il en faudra plus pour l’émouvoir, surtout après une dernière année comme la sienne.

« Je me vois encore à mon poste. Je ne me vois pas tassé du tout. »