C'est sûr que tout n'a pas été parfait. Mais le temps d'un match, pourquoi ne pas se laisser emporter par le spectacle ? Après tout, c'est Vegas. Une ville où on vous offre le Cirque du Soleil et le Blue Man Group durant les entractes.

Le Canadien de Montréal a battu les Golden Knights de Vegas 4-3 en prolongation dans ce qui a assurément été l'un des matchs les plus divertissants de la saison. 

Ce résultat est rempli d'aspects positifs pour le Canadien. D'abord, les Golden Knights perdent très rarement devant leurs bruyants partisans, dans l'ambiance démesurée qu'ils ont réussi à créer au T-Mobile Arena. Ils avaient une fiche de 11-3-1 à Vegas avant le match d'hier. 

De plus, les Golden Knights étaient à 13-0-1 lorsqu'ils avaient l'avance après deux périodes, ce qui était le cas hier. Pourtant, alors qu'il restait 1 min 25 s à faire au match, Phillip Danault a redirigé une passe de Max Domi pour créer l'égalité 3-3.

Une preuve de caractère qui a parfois fait défaut au Canadien, dernièrement. 

Cette rondelle s'est retrouvée sur le poteau une première fois, puis une deuxième, quand elle a bondi sur le patin de Fleury, avant que Danault ne trouve enfin le moyen de marquer. Ce but s'inscrivait parfaitement dans la thématique spectaculaire de ce match. 

« Non, je n'ai pas eu peur de ne pas marquer. Je voulais manger la rondelle. C'était sûr qu'elle rentrait, celle-là. » - Phillip Danault 

Danault réalisait ainsi son tour du chapeau, le premier de sa carrière. Il avait déjà laissé sa marque sur le match avec un but grâce à un tir sur réception sublime après une passe de Brendan Gallagher en première période. Il en avait rajouté en deuxième période en déviant, à la limite de la légalité, un tir de Jordie Benn. 

De l'autre côté, il avait aussi laissé sa marque pour les mauvaises raisons, en ratant sa couverture lors des deux buts de Brandon Pirri. Bref, une performance contrastée pour un joueur reconnu pour son brio défensif plutôt que ses qualités de franc-tireur, mais qui a semblé lui faire le plus grand bien. Après tout, le Québécois était sans but depuis presque un mois, un long moment pour un attaquant de qui Claude Julien attendait une production accrue, cette saison. 

« Ça fait du bien d'avoir la cape de joueur du match sur le dos. C'était un bel effort de toute l'équipe. C'était le dernier match avant Noël, c'est une grosse victoire. C'était mon premier match à Vegas, mais la magie arrive à Vegas. C'est un super match, les gars étaient tous sur la tâche. Aujourd'hui, c'était mon tour. » 

L'étoile, et la révélation 

Dans l'ombre du match étincelant de Phillip Danault, il y a un jeune homme qui jouait gros : Victor Mete, qui obtenait enfin son audition à la gauche de Shea Weber. 

« Claude Julien a vu ma confiance qui grimpait, a expliqué le petit défenseur. Je joue un peu comme je le faisais la saison dernière ces temps-ci. »

« Je m'implique dans le jeu offensif, je suis responsable en zone défensive, j'annule les jeux plutôt que de seulement reculer avec le joueur adverse. Ça me permet de gagner la confiance de l'entraîneur. » - Victor Mete 

Claude Julien avait annoncé il y a quelques semaines que le partenaire de Shea Weber devait, entre autres, avoir de bonnes aptitudes pour bouger la rondelle. Pourtant, il avait donné la première chance à David Schlemko. Ça n'a duré qu'un match, avant que Brett Kulak reçoive l'appel. Ce qui s'est révélé un rôle trop gros pour un défenseur forcé à jouer hors de ses limites. Puis est arrivé Jordie Benn, dont la force n'est assurément pas la circulation de rondelles. Ce n'était qu'une question de temps avant que Claude Julien fasse appel à Victor Mete dans ce que le collègue Guillaume Lefrançois a brillamment intitulé Défenseur gauche Académie

Le défenseur de 20 ans s'est bien tiré d'affaire. Défensivement, il a su contrer les attaques adverses, sauf durant un court moment plus laborieux en début de troisième période. Il s'est révélé habile pour annuler les jeux, pourtant son point faible avant son séjour chez le Rocket de Laval. Et s'il a été débordé quelques fois, Shea Weber s'est chargé du reste. 

Étincelante sortie de zone

Il a aussi obtenu une passe sur le but gagnant de Byron en prolongation, grâce à une courte remise vers Max Domi pour garder l'attaque en vie. En fait, pour bien comprendre ce qu'il apporte au jeu d'ensemble du Canadien par sa vitesse et sa vision du jeu, il suffit d'analyser sa sortie de zone en milieu de troisième période. Weber lui a remis la rondelle tandis qu'il était en pleine accélération, il a traversé la zone neutre en cinquième vitesse, puis a créé avec Paul Byron une chance de marquer pour Jonathan Drouin. 

Mete se permet de telles incursions, car il sait que Weber est derrière lui, et Weber trouve chez Mete la vitesse qui manque à son jeu.  

« Je me sens plus en confiance, je sais que j'ai la confiance des entraîneurs. Ça me permet d'avoir plus de confiance en moi pour faire différents jeux. Je sais que si je fais une erreur, ce sera correct. Je peux en faire plus, aussi, quand Shea est là. Plusieurs adversaires ont peur de lui. » 

Évidemment, Claude Julien n'a pas voulu s'emballer sur le nouveau duo. Il se réjouit surtout de voir Mete retrouver ses moyens. Pour la suite, il n'ira pas plus loin que le traditionnel « un match à la fois ».