Dans le classement des matchs que le Canadien n'avait pas le droit de perdre, celui d'hier arrive près du sommet.

Le Canadien a échappé dans la disgrâce un match émotif contre les Bruins de Boston lundi, puis n'a pas su se racheter mercredi contre l'Avalanche du Colorado. Hier soir, contre des Coyotes de l'Arizona qui ont déjà un genou à terre, et dans le premier duel symbolique Max Domi contre Alex Galchenyuk, il fallait gagner.

D'autant plus que Carey Price était depuis un moment déjà en quête de sa 300e victoire dans la LNH. Seul Jacques Plante avait fracassé cette marque dans l'uniforme du Canadien. L'attente avait assez duré.

Le Canadien a gagné, non sans peine, par la marque de 2-1. Domi a gagné son duel dans une soirée où il a travaillé fort, où il a eu ses occasions de briller et où le public lui a offert une chaleureuse ovation lors d'une vidéo hommage. Et cette victoire, comme le hasard fait si bien les choses, a été l'oeuvre de Carey Price. Parce que c'était loin d'être parfait: les Coyotes ont tiré 37 fois, les Jordie Benn, David Schlemko et Mike Reilly, notamment, ont offert plus que leur part de revirements et de mauvaises décisions.

Chaque fois, Price était là pour réparer l'erreur. À chaque tir d'Oliver Ekman-Larsson, sauf un en avantage numérique, il s'est dressé. Chaque fois que Clayton Keller a tenté de le déjouer, il était là. Quand Alex Galchenyuk a décoché ses boulets du cercle de mise en jeu, il n'a pas bronché.

Price a réalisé un bijou justement contre Galchenyuk en étendant sa jambière, même s'il était couché de tout son long sur la glace, pour empêcher un but certain. De l'avis général dans le vestiaire, il a été l'étoile du match.

Le principal intéressé souriait un peu plus que d'habitude après le match. Il va garder la rondelle de la 300e victoire - «pourquoi pas?». Il lui réserve une place dans son sous-sol. «Je suis très fier de ça. La route a été longue», a-t-il dit. «Mais elle n'est pas terminée», s'est-il empressé d'ajouter. De toute évidence, ce genre d'hommages qui rappellent que le temps passe le mettent un peu mal à l'aise.

Il s'en trouvera toujours pour remettre en doute la place de Price dans l'histoire du Canadien. Il lui manque bien sûr le plus important trophée de tous. Il a été par moments très inconstant ces dernières saisons. Ces arguments se tiennent. Cela dit, pour le moment, Price a gagné six de ses huit derniers départs et il a retrouvé l'aplomb qui mettait tant ses coéquipiers en confiance. C'est ce qui compte pour le Canadien.

«C'est une grosse victoire, a dit Domi. On n'a pas joué au mieux dernièrement, mais on avait besoin des deux points. C'est aussi une grosse victoire pour Carey Price. Peu de joueurs ont atteint cette marque dans la LNH. C'est le meilleur gardien au monde, et de loin.»

Brasser la soupe

Claude Julien a profité de ce moment charnière de la saison, après deux défaites de suite, pour brasser la soupe. Il avait ainsi modifié ses trios : Byron - Danault - Gallagher; Tatar - Kotkaniemi - Shaw; Drouin - Domi - Lehkonen; Agostino - Chaput - Hudon.

«Depuis le jour un, je suis avec Tomas Tomas et Brendan Gallagher, a dit Phillip Danault. Des fois, un petit changement amène de la fraîcheur. Il n'y a rien de personnel. Tout le monde était content et comprenait la situation. On veut créer plus d'attaque.»

C'est d'ailleurs le nouveau trio de Danault qui a fait pencher la balance, en fin de compte. Danault a gagné sa bagarre le long de la rampe, puis a remis la rondelle à Victor Mete à la pointe. Mete a tiré, Danault a pris le retour et a servi une superbe passe à Paul Byron.

«Claude essaie de trouver quelque chose d'autre, a dit le capitaine au sujet des nouvelles combinaisons. Parfois, les choses stagnent. Ça force les joueurs à sortir de leur zone de confort pour faire fonctionner un autre trio.»

Claude Julien nous répète souvent en cours de saison qu'il prend des décisions «de coaching», mélange de logique et d'instinct. Si le Canadien veut participer aux séries, il doit réussir la traversée du désert qu'est le milieu de la saison. Pour ce faire, Julien a décidé que le statu quo ne suffisait plus. Il a gagné son pari, du moins pour un soir.

Il reste la situation de la défense à régler. Quand Jordie Benn lance trois fois de suite la rondelle au fond de la zone adverse plutôt que de créer quoi que ce soit de valable à l'attaque, on comprend que de changer les trios ne réglera pas tout. Épauler Shea Weber «par comité» a ses limites.

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En hausse: Victor Mete

Son tir n'est pas devenu plus puissant chez le Rocket, mais il semble au moins avoir repris un peu confiance en lui. À défaut d'un premier but dans la LNH, il a eu quelques belles occasions et a contribué au but de Paul Byron. 

En baisse: David Schlemko

Il a encore multiplié les revirements, en plus d'avoir très peu contribué à la relance offensive. Un autre match difficile. 

Le chiffre du match: 8,1%

Efficacité de l'avantage numérique depuis le retour de Shea Weber.