Vingt-quatre heures avant des retrouvailles très attendues avec un pilier du Canadien de Montréal pendant les 10 dernières années, le vestiaire du club a été la scène d'adieux inattendus avec un leader de l'équipe de plus longue date encore.

Environ une heure avant que les joueurs ne sautent sur la glace pour l'entraînement de vendredi, le Canadien a annoncé qu'il avait décidé de rompre les liens, d'un commun accord, avec le vétéran Tomas Plekanec.

La nouvelle, publiée dans un communiqué de presse affiché sur le site internet de l'équipe, précisait que le nom de Plekanec sera soumis au ballottage samedi à midi dans le but de résilier son contrat actuel.

Si certaines personnes ont douté du concept de commun accord, ces doutes ont sans doute disparu lorsque Plekanec s'est assis à la même table que le directeur général Marc Bergevin dans la salle de conférence du Complexe sportif Bell, sur le coup de 11h30.

Et on pouvait sentir que les deux hommes avaient le coeur gros en confirmant ce deuxième «divorce» entre Plekanec et le Tricolore en moins de neuf mois. Un divorce qui, cette fois-ci, est irrévocable.

«Comme vous le savez, l'organisation a pris une décision hockey en ce qui concerne l'avenir de "Pleky" ici à Montréal. Une décision, croyez-moi, qui a été très difficile. "Pleky" a toujours été un leader de l'organisation, un exemple de détermination et de loyauté. Il fera toujours partie de la grande famille du Canadien», a déclaré Bergevin.

«Je veux remercier Marc, Geoff (Molson) et l'organisation pour les magnifiques années que j'ai passées à Montréal. J'apprécie la manière dont Marc m'a approché au cours des derniers jours. C'est difficile, c'est certain, mais je comprends que c'est une décision pour l'organisation», a souligné Plekanec.

Au passage, le Tchèque âgé de 36 ans, choix de troisième tour du Canadien en 2001, a confirmé qu'il ne jouera plus dans la LNH et qu'il quittera le circuit à titre de membre du Canadien de Montréal. Il le fera après 15 saisons et 1001 matchs dont 984 avec le Tricolore, dont il gardera multitude de beaux souvenirs, trop pour en identifier un seul.

«J'ai souvent dit que je voulais prendre ma retraite dans l'uniforme du Canadien de Montréal, a-t-il déclaré. Les amateurs ont toujours été merveilleux à mon endroit et j'espère qu'ils se souviendront de moi comme d'un joueur qui a toujours donné 100%, qui a tout laissé pour l'équipe, pour le logo. Malheureusement, je n'ai pas eu la chance de jouer pour une Coupe Stanley, mais je suis quand même très fier des années que j'ai passées à Montréal. Je peux partir la tête haute.»

Lors de la conférence de presse, Plekanec a admis que sa rencontre avec ceux qui allaient devenir ses anciens coéquipiers pour leur faire part de la nouvelle, vendredi matin, avait été difficile.

«Ç'a été plus dur que je pensais. Je vais m'ennuyer des gars. Quand on vient ici chaque matin, on retrouve les membres d'une autre famille, on a chacun nos petites routines. Là, c'est terminé. C'est quelque chose qui va me manquer, c'est certain. Mais je vais regarder les gars et je vais les encourager.»

Cette saison, Plekanec n'a joué que dans trois parties, incluant la 1000e de sa carrière, le 15 octobre contre les Red Wings de Detroit au Centre Bell. Il a d'ailleurs marqué son seul but de la campagne lors de ce match. Il avait été laissé de côté lors des trois premières parties de l'équipe et s'est retrouvé au rancart pour une blessure après le match du 17 octobre contre les Blues de St. Louis.

Ce fut là son dernier match.

Progression des jeunes

Échangé aux Maple Leafs de Toronto le 25 février dernier en vue du sprint final du calendrier régulier, Plekanec est revenu à Montréal presque en courant, signant un contrat d'un an assorti de bonis, le 1er juillet.

«Quand on a pris la décision de ramener Tomas à Montréal, on avait Phillip Danault qui venait de finir la saison avec une commotion cérébrale et qui n'avait pas joué à la fin, on avait fait l'acquisition de Max Domi qui avait joué au centre à Phoenix, mais qu'on n'avait pas vu ici à Montréal, on n'avait aucune idée où serait "KK" (Jesperi Kotkaniemi), et on n'avait pas encore fait l'acquisition de (Matthew) Peca», a énuméré Bergevin.

Mais au-delà du pourquoi de la décision, le directeur général du Canadien était préoccupé par la façon de l'annoncer au principal intéressé et voulait le faire de façon respectueuse. Tout ça a eu lieu au cours des derniers jours, selon ce qu'a expliqué Bergevin.

«Avec la progression de nos joueurs de centre, la décision de l'équipe de se tourner vers la vitesse et la jeunesse, je devais ça comme explication à Tomas. C'est pour ça qu'on a eu une rencontre et, aujourd'hui, la décision de procéder à une séparation mutuelle. Mais encore là, c'est le respect à l'endroit de Tomas qui importe pour nous.»

Plekanec semble avoir très bien compris la situation et s'est exprimé à ce sujet avec lucidité et sérénité.

«Je viens d'avoir 36 ans, la ligue est rapide et se tourne vers des joueurs plus jeunes. Ici, à Montréal, il y a tellement de bons jeunes joueurs et c'est quelque chose que je pouvais voir arriver un jour.»