Tie Domi est un papa fier, mais un papa critique aussi.

Ce n'est pas parce qu'il fait partie de l'histoire des Maple Leafs de Toronto que l'ancien homme fort s'est empêché d'acquérir un chandail du Canadien, avec Domi écrit dans le dos.

«Oui, j'en ai, a dit le paternel, qui assistait à l'entraînement de son fils ce matin. Plusieurs en plus. Et je vais les porter.»

Non seulement adorait-il venir jouer à Montréal, mais il a grandi en idolâtrant Guy Lafleur. Un papa fier, on le disait. Un papa aussi qui est devenu très émotif quand il a vu les deux enfants de Tomas Plekanec, Matyas et Adam, rejoindre leur père au centre de la glace lors de la cérémonie soulignant l'exploit des 1000 matchs. Tie lui-même a atteint ce plateau impressionnant, au cours de sa dernière saison dans la LNH. À travers Plekanec, c'est un peu comme s'il avait revu Max, enfant, qui vivait la passion de son père. 

Devant les médias, Tie s'est rappelé la première fois où il a mis des patins à son fils.

«C'était au Maple Leaf Gardens. Il devait avoir un an et demi ou deux ans. Je lui ai mis un habit d'hiver, des patins. Il ne savait pas patiner. J'ai placé à peu près 100 rondelles autour de lui. J'ai une photo de lui prise à partir du haut de l'aréna. Il était seul, il était couché sur le ventre à faire glisser des rondelles vers le but.»

Avance rapide plus de 20 ans plus tard. Max Domi est aujourd'hui âgé de 23 ans, son père Tie est à la retraite depuis 2006. Mais l'âge n'a rien à voir avec le rôle de père. Mercredi par exemple, Tie explique qu'il est allé reconduire Max à son match. Il ne lui a pas dit grand-chose, seulement que les Blues étaient expérimentés, qu'ils avaient plusieurs bons joueurs de centre. Quelques heures plus tard, Max marquait, à sa première présence sur la glace, son premier but avec le Canadien.

«J'imagine que je devrai le conduire à chaque match», a lancé Tie à la blague.

Croisé dans le vestiaire, Max a tenu à mettre les choses au clair. Non, ce n'est pas vrai que son père est resté muet dans la voiture. Et ce n'est pas vrai non plus que son père est allé le porter au Centre Bell, c'est plutôt lui qui conduisait la voiture.

«Il me répétait de m'assurer de faire de courtes présences et de jouer avec intensité. Pour les cinq premières minutes, il n'a pas parlé beaucoup, mais pour les cinq dernières minutes du trajet, c'était la même cassette que j'entends depuis ma jeunesse. J'ai parfois le sentiment qu'il se prépare lui aussi pour le match. Ça lui rappelle des souvenirs. Il ne dit jamais des choses différentes des entraîneurs, il a toujours des messages positifs. Mais je l'entends depuis toujours!»

Plusieurs fois au cours de l'entrevue, Tie a souligné à quel point son fils était redevenu souriant depuis la transaction. Il a parlé du prestige de jouer pour le Canadien, de l'accueil qu'il avait reçu de l'organisation et des partisans, des médias même. Il est allé jusqu'à dire qu'il avait «revu le vieux Max, qui sourit et qui a du plaisir».



Papa critique

Ce qui est en lien direct avec l'autre côté de la médaille, le papa critique. Celui qui parle des Coyotes de l'Arizona avec un goût amer et qui croit que les journalistes ont nui plus qu'ils ont aidé le Canadien la saison dernière.

Des Coyotes, il parle de l'instabilité autour de l'équipe, la même qu'il avait vécu à son époque avec les Jets de Winnipeg. Au sujet du passage de son fils en Arizona, il ajoute ceci: «Tout le monde traverse les différentes étapes d'une carrière. Tu ne choisis pas qui te repêche, où tu es échangé. Il a vite appris que c'était une "business". En Arizona, il y avait Pronger, Datsuyk pour respecter le plancher salarial, mais il ne comprenait pas ça. C'était un enfant. Maintenant, il comprend comment ça fonctionne. Ici, il est avec une vraie équipe dans un vrai marché.»

Il fait ici référence au fait que les Coyotes ont pris l'habitude d'accepter des contrats onéreux de joueurs qui ne sont plus dans la LNH pour se conformer aux exigences minimales de la convention collective. Tie Domi a aussi révélé à quel point il avait été difficile pour son fils de se retrouver avec une équipe perdante après avoir participé trois fois à la Coupe Memorial dans l'uniforme des Knights de London.

Aujourd'hui avec le Canadien, Max Domi est une des révélations de ce début de saison. Il affiche aussi une grande aisance devant les médias. Son père n'est pas surpris, il a vu son fils grandir sous l'oeil des caméras dans l'entourage des Maple Leafs. 

Il croit toutefois que Max doit s'assurer de rester loin de toute négativité, celle des réseaux sociaux, et celle, justement, des médias. Il avait d'ailleurs ceci à dire du coup de poing sournois de son fils à Aaron Ekblad, pour lequel il a été suspendu cinq matchs présaison.

«C'est un sport émotif. Les choses arrivent, puis tu passes à autre chose. Je ne reste pas dans le passé, je suis un gars positif. Je sais que vous (les journalistes) étiez contents d'avoir quelque chose à vous mettre sous la dent quand l'équipe allait mal, maintenant c'est le moment d'être positif. Profitez-en. Quand l'équipe gagne et que c'est positif, vous devez l'être vous aussi.»

Photo André Pichette, La Presse

Aujourd'hui avec le Canadien, Max Domi est une des révélations de ce début de saison. Il affiche aussi une grande aisance devant les médias.