Marc Bergevin a fait sourciller bien des gens la saison dernière en affirmant que Jonathan Drouin jouerait à l'aile «dans un monde idéal». Voilà une drôle de déclaration pour décrire un joueur pour qui l'équipe venait de payer le gros prix.

Le Canadien de l'an dernier était tout sauf un monde idéal, et il faut être drôlement optimiste pour croire que ce le sera cette saison, avec des rivaux de division très forts à Toronto, à Boston et aux deux extrémités de la Floride.

Mais ça fait maintenant trois jours de suite que Jonathan Drouin est à l'aile, et le Tricolore a visiblement l'intention de donner une vraie chance à Max Domi de se faire valoir au centre. On aura cette semaine une meilleure idée de ses perspectives à cette position, puisque le Tricolore disputera trois matchs préparatoires en quatre jours, aujourd'hui, mercredi et jeudi.

Ces matchs nous permettront donc de valider si ce que l'on a vu hier, dans le match intraéquipe au Centre Bell, peut tenir la route contre de «vrais» adversaires.

Qu'a-t-on vu, exactement? Un Drouin explosif, dynamique, créatif, la crinière au vent, qui a marqué deux fois. Un de ses buts a été marqué sur un tir de pénalité, l'autre au terme d'un joli échange avec Domi et Joel Armia, sur une séquence amorcée par une montée de Drouin en zone neutre.

Jusqu'ici, le changement de position semble lui plaire.

«Au centre, tu as moins d'occasions d'étirer le jeu, de faire patiner les défenseurs. J'ai toujours fait ça dans ma carrière, être proche du défenseur que je couvre dans notre zone, et quand on a la rondelle, sortir de la zone. Même si je n'ai pas la rondelle, ça crée de l'espace pour notre joueur qui la transporte, s'il veut rentrer de mon côté.»

Évidemment, la portée des observations jusqu'ici est limitée. Hier, le premier duo de défenseurs que Drouin devait affronter était formé de Karl Alzner et de David Schlemko, l'équivalent d'un troisième duo dans bien des équipes. S'il joue ce soir, ce sera contre une moitié des Devils du New Jersey (l'autre moitié de l'équipe jouera à domicile contre les Rangers de New York). Le portrait se clarifiera à mesure que le calendrier préparatoire progressera.

Mais Drouin a ciblé un élément-clé qui lui permettra de connaître du succès cette saison, peu importe sa position: la relance de l'attaque. À son avis, qu'il soit au centre ou à l'aile, la qualité des sorties de zone lui permettra de mettre à profit ses talents pour transporter la rondelle.

«L'an passé, c'était un problème, les sorties de zone et partir en groupe de cinq. Aujourd'hui, avec notre nouveau système, ça semble mieux, on étire plus le jeu, on garde la rondelle en zone neutre, donc ça permet aux centres et aux ailiers d'arriver en pleine vitesse avec le gars qui rentre avec la rondelle.»



Photo Robert Skinner, La Presse

Jonathan Drouin a déjoué le gardien Michael McNiven sur un tir de pénalité.

Plus léger

Drouin a terminé la dernière saison avec 46 points, dont 13 buts, en 77 matchs, des chiffres nettement inférieurs à ce que Bergevin entrevoyait en sacrifiant Mikhail Sergachev pour l'obtenir. Mais il y a un autre chiffre à retenir de la dernière saison: 203. C'était le poids officiel, en livres, de Drouin la saison dernière.

En fin de calendrier, le numéro 92 avait indiqué qu'il aurait peut-être eu avantage à jouer avec quelques livres en moins, afin de pouvoir mieux remplir ses obligations de joueur de centre, qui impliquent beaucoup de patin.

Cette fois, Drouin a fait osciller le pèse-personne à 193 lb. «L'an passé, c'était une adaptation de voir si j'étais capable de jouer à [203 lb]. J'étais capable, mais je pense que je peux être plus rapide, avoir plus de jump que l'an passé. Ce n'était pas une erreur, on visait un peu au-dessus de 200. Mais je pense qu'au centre ou à l'aile, je peux jouer à 190-195 lb.

«Je me sens plus explosif, je me sens comme à 18-19 ans, je me sens mieux dans mon corps comme ça.»

Et le comble? Il peut encore perdre du poids... «Quand je vais me couper les cheveux, je vais descendre à 185!», a-t-il lancé à la blague.

«J'aime ça, les cheveux longs, et comme j'ai dit à mes parents, à 40 ans, je n'en aurai plus!»

Photo Robert Skinner, La Presse

Jonathan Drouin (92) forme actuellement un trio avec Max Domi (13) et Joel Armia (40).