Un entraîneur qui ordonne à des jeunes de 11 et 12 ans de faire des centaines de push-ups après une défaite. Des enfants aux bras meurtris, dont un qui doit manquer un entraînement. L'entraîneur suspendu, un comité de discipline sur le cas, Hockey Québec aux abois...

L'article publié hier par La Presse soulève bien des questions sur ce qui est acceptable, en 2016, dans le hockey mineur. Plusieurs, sur différentes tribunes, semblaient en avoir long à dire sur les méthodes utilisées le soir du 18 septembre par l'entraîneur de l'équipe pee-wee AAA du Lac Saint-Louis Nord. Celui-ci, Louis Isabella, connaîtra la décision du comité de discipline des Lions du Lac Saint-Louis dans les prochains jours.

«On espère que ce sera une occasion de faire de l'éducation, pour ce coach et tous les autres. Il y a d'autres approches en 2016», a dit hier Jon Goyens, entraîneur des Lions dans le midget AAA, lors d'une entrevue à TSN Radio.

Goyens est un collègue de l'entraîneur suspendu, membre de la grande famille des Lions. Il a affirmé que les push-ups, entre 100 et 350 selon les versions, auraient été faits en équipement, selon le récit des enfants. «Deux enfants avaient tellement mal aux bras qu'ils ne pouvaient plus lever leur bâton de hockey», a ajouté Goyens.

«Le comité disciplinaire devra s'interroger sur la durée de la suspension. Est-ce qu'une suspension d'une semaine est suffisante? Est-ce que l'entraîneur a été rééduqué assez?», s'est-il demandé.

Tout comme Jon Goyens, Dany Dubé pense que cet incident va permettre à certains entraîneurs de se remettre en question. «Servons-nous de cet incident-là pour que d'autres entraîneurs apprennent et que ça n'arrive pas à nouveau», a-t-il dit en entrevue.

«Le coach ne voulait sûrement pas mal faire. Mais lui, c'est ce qu'il avait en tête. C'est pour ça qu'un coach doit être bien accompagné et même avoir un mentor, croit Dubé. Avant de prendre une décision comme ça, un entraîneur doit consulter quelqu'un.»

L'analyste de hockey et collaborateur de La Presse estime que les entraînements punitifs ne sont pas tout le temps à proscrire. «Mais il faut que ce soit fait avec un plan précis, dans un contexte précis selon l'âge des athlètes», dit-il.

«La société a évolué et les méthodes d'entraînement aussi. Il y a une époque où tu faisais ça pour envoyer un message, explique Dubé. Je trouve vraiment que c'est dépassé. Je ne suis pas sûr que le coach était mal intentionné, c'est juste un mauvais moyen.»

Constructif plutôt que punitif 

Dubé précise qu'il n'a pas vu le match du 18 septembre, lors duquel l'équipe d'Isabella s'est inclinée 7-2. Selon un parent à qui La Presse a parlé, «les enfants ne se sont pas présentés» lors de la partie. En d'autres mots, ils n'auraient pas fourni les efforts requis.

Dany Dubé a lui aussi déjà été confronté à des situations similaires. L'ancien entraîneur se souvient d'un épisode où ses joueurs se montraient passifs devant le filet. «Ils ne complétaient pas leurs jeux», dit-il.

«J'aurais aussi pu les faire patiner en disant qu'ils ne travaillent pas assez fort. Mais j'ai choisi de les orienter, explique Dubé. J'ai demandé aux joueurs, qui étaient un peu plus vieux que des pee-wee, d'aller toucher à la rondelle après leurs tirs à l'entraînement. Ça, c'est un propos plus constructif.»

Pour le docteur en psychologie du sport Sylvain Guimond, ce genre d'entraînement punitif est contre-productif. Selon lui, ces méthodes ont souvent pour conséquence d'installer un climat de peur dans l'équipe.

«Le régime de la peur peut fonctionner pendant un certain temps. Mais à un moment, les jeunes ne répondront plus à ça. Les jeunes répondent davantage quand ils se sentent encouragés et soutenus.»

«Des fois, quand ça va mal, c'est contagieux. Des joueurs commencent à douter et tout le monde commence à douter. Le processus de décision ralentit et tout le monde joue mal, illustre-t-il. C'est le travail de l'entraîneur de rassurer les jeunes, d'éteindre leur nervosité. Mais si les jeunes s'attendent à être punis, ça les rend encore plus nerveux. La peur l'emporte. Et on ne peut pas bien jouer sous la peur.»

Selon Sylvain Guimond, le renforcement positif est encore la meilleure option dans de telles situations. «Je pense qu'il y a d'autres façons de faire réaliser aux jeunes qu'ils doivent faire plus d'efforts: il faut récompenser l'effort.»