Il y a eu des menaces. Il y a eu des insultes. Il y a eu des soupirs. À l'issue d'une assemblée passionnée, mercredi soir en banlieue de Phoenix, la Ville de Glendale a décidé de mettre fin au contrat qui la lie aux Coyotes de l'Arizona. Il s'agit d'un nouveau chapitre de plus dans ce feuilleton qui ne veut pas mourir.

Depuis deux ans, la ville subventionne à coups de 15 millions par année l'équipe de hockey afin qu'elle demeure dans le désert. L'entente signée en 2013 est valable pour 15 ans. Mais mercredi, les conseillers ont voté à cinq contre deux une motion visant à mettre un terme à l'entente.

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«Les Coyotes sont les bienvenus pour la saison prochaine, et celle d'après, et celle d'après. Mais ce contrat ne fonctionne pas. Les Coyotes ont refusé à plusieurs reprises de renégocier le contrat, et c'est pour cela qu'on est ici ce soir», a déclaré le conseiller Bart Turner, qui a appuyé la motion, à l'instar du maire Jerry Weiers.

La décision de Glendale a mis la LNH en alerte. Déjà mercredi avant le vote, la Ligue disait dans un communiqué s'attendre à ce que «la Ville continue d'honorer ses obligations».

L'avocat des Coyotes a dû mettre un terme à ses vacances mardi lorsque l'équipe a appris la tenue de l'assemblée extraordinaire de mercredi. Nick Woods a menacé la ville d'une poursuite de plus de 200 millions, «sans compter les dommages».

«Vous n'avez pas de cause. Je ne sais pas quel avocat vous conseille, mais je vous recommande d'aller chercher une opinion différente avant de tenir ce vote, a lancé Woods aux élus, juste avant qu'ils ne se prononcent. Si vous prenez cette décision ce soir, le litige sera mis en branle. Les dommages subis par les Coyotes et la LNH seront irréparables. Vous allez perdre cette cause et les contribuables de Glendale vont perdre des millions de dollars.»

«Avec tout le respect que je vous dois, je vous avertis: cela pourrait être la pire erreur de votre vie de conseiller municipal», a ajouté l'avocat des Coyotes.

Le copropriétaire de l'équipe Anthony LeBlanc a aussi révélé qu'il s'efforçait d'attirer à Glendale le Championnat mondial junior de hockey 2018. Il estime que la décision de Glendale vient «mettre fin à tout espoir de réussir».

Une clause anticorruption

Les Coyotes se sont révélés un gouffre financier pour les citoyens de Glendale. L'entente de 15 millions par année devait être compensée par des revenus de stationnement et la tenue de spectacles à l'aréna. Or, il s'avère que la Ville a perdu plus d'argent que prévu depuis deux ans.

Les revenus tirés du stationnement et des spectacles n'ont pas été à la hauteur des attentes. On s'attendait par exemple à 23 concerts, l'année dernière à l'aréna. Il n'y en a eu que huit.

L'équipe, de son côté, a rapporté des pertes de 34,8 millions en 2013-2014.

C'est donc dans cette atmosphère extrêmement morose - où tous les acteurs soutiennent une équipe de hockey dans le désert à perte - que le conseil municipal a tenu le vote de mercredi.

Pour expliquer sa décision de mettre fin à l'entente, la Ville cite une clause de la loi de l'État d'Arizona selon laquelle un contrat peut être résilié jusqu'à trois ans après sa signature si l'un des négociateurs d'une entité publique était également rémunéré par l'autre partie. Il s'agit d'une clause anticorruption.

En novembre 2013, quelques mois après la signature de l'entente, un conseiller municipal a déposé une plainte liée à l'éthique. L'élu Phil Lieberman accusait un ancien avocat de la Ville, Craig Tindall, d'avoir démissionné pour entrer au sein de l'organisation des Coyotes alors qu'il touchait toujours une indemnité de départ versée par la Ville de Glendale. Les conseillers n'ont jamais nommé Tindall, mais c'est certainement de lui qu'il est question dans toute cette affaire.

«On paie plus de taxes que Scottsdale, on paie plus de taxes que Phoenix. Je suis fâchée, a dit au micro une citoyenne de Glendale. Notre ville est prisonnière de cette entente. On ne peut pas subventionner une équipe professionnelle. On n'est pas L.A., on n'est pas Toronto. On est une ville de taille moyenne.»