La grande famille du Canadien a perdu son doyen. Elmer Lach est mort, samedi matin à Montréal, à l'âge de 97 ans.

Le Canadien de Montréal a confirmé l'information sur son compte Twitter.

Lach a porté les couleurs du Tricolore pendant chacune de ses 14 saisons dans la Ligue nationale. Il a longtemps centré la Punch Line que complétaient Maurice «The Rocket» Richard et Hector «Toe» Blake. Les trois joueurs ont été réunis au cours d'un entraînement par Dick Irvin en 1942-1943 et les succès ont été instantanés.

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La «Punch Line» composée de Maurice Richard, Elmer Lach et Toe Blake avait établi un record de 105 buts au cours de la saison 1944-1945.      

«Nous formions un bon trio, a dit Lach à Dave Stubbs, de The Gazette, la veille de son 92e anniversaire de naissance. Individuellement, nous étions des joueurs ordinaires.»

Le très humble Lach a établi un record d'équipe en amassant six mentions d'aide en un match, le 6 février 1943, dans une victoire de 8-3 aux dépens des Bruins de Boston.

Il a remporté le titre des compteurs de la LNH en 1944-1945 grâce à 80 points, un sommet personnel. Cette année-là, ses 54 mentions d'aide ont aidé Richard à devenir le premier marqueur de 50 buts dans le circuit. Le trio a complété la saison avec 220 points, un record qui a perduré jusque dans les années 60.

Lach a ajouté un deuxième titre des pointeurs en 1947-1948, inscrivant 61 points, dont 30 buts, son meilleur total en carrière.

De ses 215 buts en saison régulière et 19 en séries éliminatoires, aucun n'a été plus important que celui inscrit au printemps 1953, contre les Bruins. Le Canadien a gagné la Coupe Stanley - la troisième et dernière de Lach - lorsque le joueur de centre a compté à 1:22 de la première période de prolongation. Richard lui a aussitôt sauté dans les bras. « Je n'ai jamais reçu une mise en échec plus dure que celle-là», a rappelé Lach, sarcastique, à Stubbs. Lach en a subi une fracture du nez !

Les blessures ont d'ailleurs empêché Lach d'obtenir des statistiques plus éloquentes. Il s'est fracturé un bras dès son premier match dans l'uniforme du Canadien, en 1941. Ont suivi fractures du crâne, d'une joue et d'un coude. Au total, il a raté 150 matchs. Il a aussi été coupé au visage, assis sur le banc des joueurs. « Un adversaire m'avait atteint de son bâton, s'est rappelé Lach. Était-ce accidentel ? On ne le saura jamais, mais je me suis toujours permis d'en douter. Je reconnais que j'étais un joueur agressif, salaud. Peut-être un peu trop. J'étais un joueur marqué. 

Lach a été intronisé au Temple de la renommée en 1966 et son numéro 16 a été retiré par le Canadien le 4 décembre 2009, en même temps que le 3 d'Émile Bouchard. Le 16 avait déjà été hissé dans les hauteurs du domicile du Canadien le 10 décembre 1975, en l'honneur d'Henri Richard.

«On sera ensemble, Elmer et moi, et ça ne me dérange pas du tout, a dit Henri Richard à François Gagnon, de La Presse. J'ai d'ailleurs toujours cru qu'on avait retiré son chandail et le mien en même temps.»

«Je dois ma place au Temple de la renommée au Rocket et c'est lui qui m'a aidé à grimper là-haut, a déclaré Lach en cette soirée du 100e anniversaire du CH. J'ai gagné des championnats des pointeurs, mais je n'y serais jamais arrivé si je n'avais pas eu un marqueur aussi prolifique à mes côtés.»



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Elmer Lach et Maurice Richard célèbrent la victoire du Canadien de Montréal contre les Bruins de Boston, en finale de la coupe Stanley, le 16 avril 1953. 

Le succès de la longévité

Maurice Richard est décédé le 27 mai 2000, précédé de Blake le 17 mai 1995.

Au plan personnel, Elmer Lach a été éploré par la mort de Kay, sa femme pendant 44 ans, en 1985 des suites du cancer. Il a ensuite épousé Lise Desjardins, une dame qu'il avait rencontrée sur les allés du club de golf Summerlea.

Lach a imputé sa longévité au soutien de ses amis et au souci de la forme physique qu'il a appris à Nokomis, un hameau de la Saskatchewan où il est né le 22 janvier 1918.

Actif, vous dites ? Même nonagénaire, Lach jouait au golf quelques fois par semaine ! À 90, puis à 91 ans, il «se donnait une chance de jouer son âge».

Il a surmonté une double fracture d'une cheville en 2005 et à une fracture d'une hanche en 2011.

Il continuait aussi à suivre les activités du Canadien, mais à un degré moindre qu'auparavant. «Il y a trop de changements, a-t-il invoqué. Il m'arrive d'aller au Centre Bell quelques fois par saison pour y rencontrer des amis.»

Des amis, M. Lach en laisse des milliers en deuil qui, comme lui, ont porté ou admiré le chandail tricolore.