En septembre, lors du camp d'entraînement des Sabres à Buffalo, Brian Gionta avait fait comprendre à La Presse que son nouveau club n'était pas en reconstruction. Quelques mois plus tard, les Sabres ont pris le chemin que leur capitaine souhaitait éviter.

Car ces Sabres-là remplissent bien tous les critères propres aux clubs en reconstruction: une attaque anémique, une défense pleine de trous et des chiffres affreux qui disent tout ce qu'il y a à savoir sur la valeur du club.

Quelques exemples, choisis au hasard: les Sabres ont la pire fiche pour les buts accordés par match (30e de la LNH), les buts marqués (30e) et l'avantage numérique (30e).

Heureusement, les Sabres arrivent au 29e rang du circuit pour le jeu en infériorité numérique, ce qui pourrait être vu comme une forme d'amélioration. Peut-être.

«Notre mauvais début de saison nous a fait prendre du retard sur tout le monde, a expliqué Gionta, hier, au Centre Bell. Nous avons mieux joué par la suite, pour une quinzaine de matchs, mais ensuite, il y a eu les blessures et les défaites cruelles. Tout ça mis ensemble, ç'a fait boule de neige.»

Les Sabres sont maintenant confrontés à un scénario qui n'est pas facile à accepter: celui des accusations par ceux qui prétendent que les Sabres ne souhaitent pas trop forcer la note, histoire de s'assurer de mettre la main sur l'un des prodiges admissibles au prochain repêchage, Connor McDavid ou Jack Eichel.

Brian Gionta admet d'ailleurs que ces accusations finissent par tomber sur les nerfs.

«Bien sûr que c'est désagréable... C'est insultant. Il n'y a personne ici qui aime perdre. Il n'y a personne dans ce vestiaire qui parle du prochain repêchage. Il y a des gens qui spéculent sur notre fierté, et c'est pris hors contexte. [...] Les joueurs de cette équipe, nous voulons faire partie de la solution.»

Pour le moment, les Sabres tentent seulement de survivre, et d'éviter un record qui ne serait certes pas source de fierté. Le club qui jouera ce soir au Centre Bell contre le Canadien a perdu ses 14 derniers matchs. On l'aura compris, 14 défaites de suite, ce n'est plus si loin du record de 17 défaites de suite partagé par les Capitals de 1974-1975 et les Sharks de 1992-1993.

La dernière victoire des Sabres remonte au 27 décembre, un gain en tirs de barrage contre les Islanders de New York. La dernière victoire du club en temps réglementaire est survenue le 11 décembre, contre les Flames de Calgary.

«J'imagine un peu ce que ce serait si ça arrivait au Canadien, a répondu Gionta à la blague. Ce n'est pas plaisant, il n'y a pas d'autre façon de le dire. Il faut demeurer optimistes. Nous avons connu quelques bons moments, mais cela n'a pas été suffisant.»

Josh Gorges, débarqué comme Gionta chez les Sabres à l'été après plusieurs saisons à Montréal, ne semble pas trop s'amuser, lui non plus.

«Nous avions eu une saison difficile avec le Canadien [en 2011-2012], mais c'était différent, a fait remarquer le défenseur. Cette année-là avec le Canadien, les attentes étaient élevées, et nous avions eu à composer avec plusieurs blessures. Avec les Sabres, c'est plutôt une courbe d'apprentissage. Il faut apprendre à jouer de manière différente, ne plus jouer avec la peur de perdre. C'est une approche qui peut prendre du temps.»

Quant à la possibilité, bien réelle, d'arriver au chiffre «magique» de 17 défaites consécutives, Josh Gorges ne veut même pas en parler, et Brian Gionta ne veut pas y penser.

«Il faut juste trouver une façon de s'en sortir», a répondu le capitaine des Sabres.