Le Canadien est la meilleure équipe de la LNH depuis le début de la saison au cercle de mises en jeu, son rendement global de 55,5% devançant de plusieurs années-lumière ses performances des dernières années.

Il va sans dire que l'arrivée de Manny Malhotra, un virtuose en la matière, contribue à améliorer la donne.

En revanche, les indicateurs de possession de rondelle continuent de ne pas sourire au Tricolore. À forces égales, son pourcentage Corsi (qui oppose ses tentatives de tir à celles de l'adversaire) le place à peine au 20e rang de la ligue.

De manière générale, il est difficile d'établir un lien concret entre le succès au cercle de mises en jeu et la possession de rondelle. Les deux statistiques concordaient plutôt bien l'an dernier, mais cette saison (comme en 2012-2013, d'ailleurs), les courbes ne se suivent pas.

Dans le cas du Tricolore, la question vaut quand même la peine d'être posée: comment se fait-il que la formation qui gagne le plus de mises en jeu est seulement 20e au chapitre de la possession de rondelle?

À quel moment le Canadien perd-il le disque?

«L'adversaire sait qu'en nous affrontant, il a plus de chances de perdre la mise en jeu et il joue en conséquence», observe Lars Eller, reconnaissant qu'il s'agit là d'une nouveauté.

«J'ai remarqué que les autres équipes trichent un peu et se compromettent rapidement sur nous parce qu'elles anticipent qu'on va gagner la mise en jeu. C'est l'une des raisons pour lesquelles on perd la possession de la rondelle après avoir remporté la mise en jeu.»

Selon Tomas Plekanec, la plus grande faiblesse du Tricolore au cercle de mises en jeu, c'est que même lorsqu'il gagne la mise, le disque finit quand même par se retrouver du côté adverse.

«Quand le centre remporte la mise en jeu et que la rondelle reste à l'intérieur du cercle, on a besoin de plus de gars qui s'amènent et qui viennent la récupérer», a-t-il souligné.

Aux yeux de David Desharnais, c'est davantage un problème de gestion de rondelle.

«Parfois, on gagne la mise en jeu simplement pour pouvoir sortir la rondelle de notre zone, mais on ne fait rien avec, déplore-t-il. On fait juste la domper. On pourrait avoir davantage la rondelle si on essayait plus de jeux avec, si on essayait d'entrer en possession...

«C'est très bien de domper la rondelle dans certaines situations, mais il ne faut pas devenir prévisible.»

L'influence de Malhotra



À l'heure actuelle, tous les joueurs de centre du Canadien ont un taux de succès supérieur à 50% aux mises en jeu. Même Alex Galchenyuk, qui convient avoir besoin de beaucoup s'exercer.

Se pourrait-il que la présence de Manny Malhotra crée un effet domino et qu'en se mesurant lui-même au spécialiste de l'autre équipe, il permette aux autres centres de l'équipe d'affronter une concurrence moindre?

Plekanec et Desharnais pensent que oui.

Ce qui est indéniable, c'est que Malhotra aide ses coéquipiers à force de s'exercer avec eux.

«C'est en prenant des mises en jeu contre un gars qui est meilleur que tu t'améliores», dit Desharnais.

«On prend beaucoup de mises en jeu l'un contre l'autre lors des entraînements matinaux et on échange de l'information sur les centres qu'on va affronter le soir même», ajoute Plekanec. Mais ça ne va pas jusqu'à adopter le style de Malhotra. Chacun a ses méthodes, sa technique, et reste fidèle à celles-ci.

«C'est sûr que la présence de Malhotra, dont le taux de succès est supérieur à 60%, aide beaucoup à gonfler la moyenne de l'équipe, convient Eller. Mais j'étais bien au-dessus de 50%, l'an passé, et je n'ai rien changé à mon style par rapport à l'an dernier.»

Améliorer la relance



Lorsqu'on a voulu établir avec lui un lien possible entre les mises en jeu et les problèmes de possession de rondelle, Michel Therrien a préféré écarter les deux enjeux.

«Ces temps-ci, a répondu l'entraîneur-chef, on travaille beaucoup sur notre jeu de transition. On voit beaucoup de positif, ces derniers temps, et [jeudi], à part une présence en particulier [où le trio de Malhotra a été embourbé dans sa zone pendant près de trois minutes], on a passé plus de temps en zone offensive.»

L'un des correctifs qu'essaie d'apporter le Tricolore à son système est d'améliorer ses sorties de zone. L'équipe s'est rendu compte que lorsqu'un ailier transportait la rondelle le long de la bande, il n'avait jamais de bonne option de passe vers le centre de la patinoire. Therrien veut encourager un défenseur à combler l'espace libre qui se crée au centre en patinant davantage pour se rendre disponible.