Charles Hudon prouve, en ce début de saison chez les Bulldogs de Hamilton, qu'il n'était pas qu'un bon joueur de niveau junior.

La saison est jeune, mais après trois matchs, il est le meilleur compteur du club, avec quatre points. Il joue au sein du premier trio avec Sven Andrighetto - qui tarde à produire - et Daniel Carr ou Michaël Bournival quand ce dernier a joué avec les Bulldogs. «Quand tu accueilles un joueur aussi talentueux, tu veux le mettre en confiance, lui donner des chances de produire», a confié l'entraîneur Sylvain Lefebvre au bout du fil.

Modeste choix de cinquième ronde, 122e au total, en 2012, Hudon a commencé à faire saliver les dirigeants de l'équipe par ses performances étonnantes au camp de l'équipe canadienne junior dans les mois qui ont suivi le repêchage. Une blessure l'a cependant empêché de participer au Championnat mondial junior il y a deux ans. Il s'est repris l'an dernier, dans un rôle résolument offensif, malgré une blessure au dos qui n'en finissait plus de le ralentir.

Échangé le printemps dernier de Chicoutimi à Baie-Comeau, où il a retrouvé un entraîneur qu'il admirait, Éric Veilleux, il a terminé la saison en force avec 35 points en 21 matchs. Pour le Canadien, il restait à voir comment il s'adapterait aux rangs professionnels cet automne.

«J'avais un petit stress avant le premier match, mais ça s'est bien passé, a-t-il confié, hier. J'avais eu un avant-goût de la Ligue américaine il y a deux ans. Je suis plus mature aujourd'hui, plus fort et plus rapide. Je comprends l'importance de prendre le maximum d'information des vétérans, leur façon de jouer, leur préparation.»

Un mentor en Lebeau

Hudon a un bon mentor en Stéphan Lebeau, entraîneur adjoint avec les Bulldogs. Il est cependant trop jeune pour avoir vu jouer Lebeau, qui a obtenu une saison de 80 points avec le Canadien en 1992-1993, avant de remporter la Coupe Stanley. Hudon avait alors... un an! «Il m'a dit qu'on avait le même style de jeu. Il me parle beaucoup, me donne plusieurs conseils.»

Le jeune homme de 20 ans est de retour à l'aile après une brève expérience au centre lors du camp d'entraînement. «Ce n'est pas qu'on ne l'aime pas au centre, a dit Lefebvre, mais comme dans le cas de Jacob De La Rose, on préfère l'employer à l'aile sur un bon trio qu'au centre d'un quatrième.»

On n'entend certes pas transformer Hudon en joueur défensif, comme on l'a fait avec Michaël Bournival ou encore Ryan White, qui avaient pourtant produit au niveau junior. «On le prépare pour la LNH, répond Lefebvre en riant. Mais on sait que c'est un joueur offensif, il est très intelligent et possède une belle anticipation. Mais comme tous les joueurs offensifs qui arrivent des rangs juniors, on met l'emphase sur le jeu défensif pour faire d'eux des joueurs plus complets. Les joueurs unidimensionnels ont besoin d'être très bons, sinon ils ne "passent" pas. On l'utilise à la pointe en supériorité numérique, et j'aimerais éventuellement lui donner l'occasion de jouer en infériorité numérique pour lui donner de l'expérience à ce chapitre.»

Hudon, qui n'est pas le plus costaud à 5'10 et 175 lb, a même commencé à jouer de façon robuste. «C'est une ligue d'hommes et je dois apprendre à ne pas m'en laisser imposer, dit-il. Veilleux m'a beaucoup aidé à améliorer mon acharnement et ma constance. Il m'a fait comprendre que je ne réussirais pas si je ne travaillais pas à 100% à chaque présence.»

Hudon jure que ses maux de dos ont disparu et il ne veut laisser aucun doute à ce sujet. «Le dos va bien, et je ne veux plus me faire poser la question ou en entendre parler, c'est terminé», dit-il.

Malgré le bon départ de Hudon, les Bulldogs ont perdu leurs deux derniers matchs après avoir remporté le premier. Ça n'inquiète pas Lefebvre. «Sans dénigrer personne des autres années, nous avons beaucoup plus de talent et de profondeur. C'est une équipe très excitante. J'aime la chimie qui est en train de se créer.»

Les Bulldogs et Charles Hudon promettent d'être intéressants à suivre au cours de l'hiver.