«Le pire dans tout ça, c'est que je deviendrai probablement un meilleur entraîneur, mais je ne gagnerai plus jamais le Jack-Adams!»

C'est avec cette pointe d'ironie que Patrick Roy a déridé son auditoire, hier matin au Centre Bell, dans ce qui était possiblement l'entraînement matinal avec la plus grande couverture médiatique dans l'histoire des matchs préparatoires.

Car Patrick Roy à Montréal, c'est spécial, d'abord pour les évidentes raisons historiques. Mais aussi parce que c'est à titre de meilleur entraîneur de la saison dernière qu'il s'amène au Québec, pour une série de deux matchs, l'un à Montréal, l'autre à Québec, ce soir.

Cela dit, Roy le sait trop bien, son trophée Jack-Adams ne veut plus dire grand-chose cet automne. Tout est à recommencer, et l'expression est encore plus vraie quand vous jouez dans une division Centrale qui s'apparente à un groupe de la mort. Quand des équipes déjà puissantes ajoutent des joueurs tels que Jason Spezza, Brad Richards et Paul Stastny, le niveau de jeu ne peut que s'élever.

«On est dans une conférence qui nous permet facilement de rester humbles, car participer aux séries ne sera pas facile. Plusieurs facteurs peuvent jouer. L'an passé, on n'a pratiquement pas eu de blessures, sauf à la fin. Si on a un club en santé, peut-être qu'on n'aura pas 112 points (au classement], mais l'objectif sera le même, soit participer aux séries.»

Une défense à améliorer

L'Avalanche de l'an dernier, c'était une équipe dynamique, propulsée par possiblement le meilleur groupe de jeunes attaquants de la Ligue nationale, Nathan MacKinnon et Gabriel Landeskog en tête.

Mais c'était aussi une unité défensive méconnue, qui passait peut-être trop de temps dans son territoire. L'Avalanche présentait les pires statistiques de possession de rondelle parmi les équipes de l'Association de l'Ouest en séries éliminatoires et accordait en moyenne 32,7 tirs par match, le 25e total dans la LNH.

«L'arrivée de Brad Stuart va aider énormément, a estimé Roy. On adore [Erik] Johnson, [Tyson] Barrie, [Nick] Holden. Ces trois joueurs sont importants et sont bien entourés avec [Ryan] Wilson, [Nate] Guenin. On pense avoir amélioré notre défense. Mais maintenant, le hockey, ce n'est pas juste les défenseurs, c'est une unité de cinq et tout le monde doit apporter sa contribution, autant offensivement que défensivement.»

Avec 13 buts et 25 aides en 64 matchs, Barrie était la bougie d'allumage offensive de ce groupe d'arrières. Il ne s'attend toutefois pas à devoir sacrifier sa contribution offensive pour limiter les chances de marquer. L'Avalanche restera toujours l'Avalanche...

«La ligne est mince entre créer de l'attaque et ne pas courir de risques inutiles, explique le jeune défenseur. Si je peux continuer à limiter les chances et à appuyer l'attaque, je vais le faire. Je ne veux pas trop changer mon style, car c'est mon identité.»

«Patrick ne nous limitera jamais dans notre créativité, ajoute Barrie. Si tu fais une erreur, il va te pardonner. Peut-être qu'en tant qu'ancien gardien, il s'attend à ce que le gardien fasse l'arrêt si on fait une erreur!»

Besoin de vétérans

Stuart n'est pas l'unique vétéran à s'être greffé à l'équipe de Denver cet été. L'inépuisable Jarome Iginla de même qu'un certain Daniel Brière se sont aussi ajoutés à l'équipe. L'idée étant évidemment d'éviter le scénario de la saison dernière, soit une élimination dès le premier tour des séries.

C'est notamment ce besoin d'expérience qui a amené l'Avalanche à céder Pierre-Alexandre Parenteau au Canadien pour obtenir Brière. Et, du même coup, Roy s'évitait de composer avec un joueur malheureux.

«On voulait permettre à P.-A. de jouer dans les deux premiers trios, ce qu'il n'aurait pas pu faire chez nous. Il n'aurait pas été heureux dans ces conditions. Et on amenait un joueur à l'aise dans cette troisième unité, qui a de l'expérience. À part Iginla, on ne cherchait pas des joueurs pour les deux premiers trios, mais on cherchait des gars d'expérience.»