Hier matin à Brossard. Pendant que tout le monde s'arrachait Nikita Scherbak, Jacob De La Rose et autres Charles Hudon qui étaient à quelques heures de fouler la patinoire du Centre Bell, c'était plus tranquille autour de Jake Dowell. Ce qu'il avait à raconter allait pourtant bien au-delà des histoires de camp d'entraînement.

Sur le strict plan du hockey, c'était un peu normal qu'il n'y ait pas foule autour de Dowell. Les chances de le voir endosser l'uniforme du Canadien cette saison sont minces. L'attaquant s'est joint à l'organisation du Canadien en juillet après avoir signé un contrat de la Ligue américaine seulement.

Capitaine des Stars de l'Iowa la saison dernière, l'athlète d'Eau Claire, au Wisconsin, pourrait faire partie des candidats susceptibles de succéder à Martin St-Pierre comme capitaine des Bulldogs de Hamilton. Dowell a d'ailleurs remporté le trophée Fred T. Hunt en 2013-2014, l'équivalent du Bill-Masterton dans la Ligue américaine.

On peut aussi tenter de lui soutirer quelques anecdotes sur des joueurs de l'édition actuelle du Canadien. Quand il portait les couleurs des Badgers de l'Université du Wisconsin, Dowell a été cochambreur de Rene Bourque pendant une saison, a habité avec Davis Drewiske et était voisin de Tom Gilbert.

Frappé par la tragédie

Mais c'est surtout sur le plan humain que Jake Dowell a des choses à raconter.

C'est que lui et sa famille vivent au quotidien avec un mal épouvantable: la maladie de Huntington. Au Canada, plus de 20 000 personnes en sont atteintes ou en traînent le gène.

«Mon père, John, en est mort en février l'année dernière. Et mon grand frère, Luke, est rendu à un stade assez avancé de la maladie», raconte-t-il, le regard triste.

La maladie de Huntington est une maladie neurodégénérative héréditaire incurable, qui provoque la destruction de cellules du cerveau. Ses victimes perdent peu à peu leurs capacités à contrôler leurs mouvements et leurs émotions.

Il y a quelques mois, le réseau ESPN avait consacré à Jake Dowell et à sa famille un reportage de 12 minutes. On y voit notamment son regretté père qui peine à bouger et à parler.

«Je ne donnerais pas cette maladie à mon pire ennemi», dit John Dowell devant la caméra. Il était si difficile à comprendre que sa phrase a été sous-titrée dans le reportage.

Comme une épée de Damoclès

Jake Dowell doit encore composer avec la maladie de son frère, et avec une terrifiante incertitude: il ignore s'il a lui aussi le gène de la maladie. Il a 50% des chances d'en avoir hérité de son père, mais ne montre toujours pas de symptômes de la maladie. Seul un test sanguin peut le confirmer, ce qu'il n'a pas encore fait. La maladie se développe généralement entre l'âge de 30 et de 50 ans. Il a 29 ans.

Comme bien des porteurs potentiels du gène, Dowell n'a toujours pas passé le test.

«Je ne crois pas avoir besoin de passer le test maintenant. Je le ferai plus tard dans ma vie. Maintenant, je préfère me concentrer sur ma carrière, ma famille, aider mon frère et prendre soin de ma mère. Tant que je ne me sens pas différent, je préfère ne pas le savoir.»

Emballé par le défi eau glacée

Jake Dowell n'est pas resté insensible au fameux défi du seau d'eau glacée au cours de l'été, qui visait à amasser des fonds pour lutter contre la sclérose latérale amyotrophique (SLA, ou maladie de Lou Gehrig). Il a lui-même relevé le défi, après avoir été mis au défi par plusieurs amis, dont Alex Goligoski, son ancien coéquipier des Stars de Dallas.

Mais surtout, il espère qu'une telle cause aide, par la bande, à faire avancer la recherche sur la maladie de Huntington.

«Comme pour la SLA, les gens doivent être sensibilisés à la maladie de Huntington, explique-t-il. Il y a un besoin de fonds pour la recherche. Et grâce à tout l'argent amassé pour la SLA, si un remède est trouvé, ça pourrait donner des pistes pour la maladie de Huntington. Ce sont des maladies qui se ressemblent.

«J'ai trouvé que le défi était une idée formidable. On ne peut pas négliger quoi que ce soit pour lutter contre ces maladies terribles. Ce serait vraiment bien qu'il y ait quelque chose du genre pour la maladie de Huntington, avec un concept différent. C'était bien de voir autant de gens se rassembler autour d'une bonne cause.»

En attendant une telle initiative, Jake Dowell invite les gens à faire un don aux principales fondations qui soutiennent cette cause.